Forcément, lorsqu’on parle du Poitou, mes oreilles ses dressent. Je n’ai pas vécu sept ans là-bas pour rien, enfin si, pour presque pas grand-chose. Décrocher un diplôme à la fac de lettres de Poitiers qui ne m’a servi à rien, si ce n’est de passer mon temps à la cafète et en répète avec divers groupes formés à l’époque. Mais je garde un souvenir très tendre de cette époque 1990/1997, grâce aux amis que j’ai connus sur place, et puis, cette sensation de liberté qui me poussait à me croire invincible et indiscutable, alors même que je séchais les cours comme un sagouin.
Mais Poitou ne veut pas obligatoirement dire Poitiers, et c’est entre Parthenay et Nouaillé-Maupertuis que s’est formé ce trio d’iconoclastes il y a une vingtaine d’années. Trois musiciens d’abord influencés par le Punk, puis par la Fusion, le Jazz-Rock, le Metal équilibriste et le dadaïsme musical de PRIMUS et consorts. Un premier album voit le jour, des concerts s’ensuivent, et puis, plus rien.
Jusqu’à aujourd’hui.
Un court mail reçu m’informant de la disponibilité d’un nouveau chapitre, décliné en vinyle via une campagne participative, quelques blagues, mais surtout, l’envie de revenir sur le devant de la scène en ayant ajusté sa musique, pour y ajouter quelques trucs. Du chant par exemple. Les PITCHOUTCHOULEX - qui se partagent désormais entre Poitiers, Paris et l’Italie - ont donc choisi de rendre hommage à leur propre travail, en composant de nouveau, pour parfois partir d’un riff et broder autour. Mais quand on a un talent pareil, l’improvisation est une évidence, tout comme le slap, les syncopes, les riffs en pansement et ce chant qui n’a rien à envier à la verve des NOMEANSNO.
Puisqu’on en est à citer des noms, il faut évidemment mettre dans le chapeau ceux de CARNIVAL IN COAL, de KARNIVOOL, de 6:33, de Zappa, de la clique Progressive des années 70 et 80, de PEROPERO, et la liste pourrait être très longue avec ou sans imagination. Et ces trois lascars n’en manquent pas.
Matthias Rousselot (guitare/chant), Lucas Rousselot (basse/guitare/chant), Colin Russeil (batterie), deux frères et une pièce rapportée, pour un peu plus de vingt minutes de plaisir. Cette ouverture d’esprit que le groupe a toujours prônée est encore plus présente aujourd’hui, puisque ces six morceaux ne se ressemblent guère, si ce n’est par leur caractère frondeur et gentiment moqueur. Loin de la parodie et proche de l’école RIO, de l’éclectisme Fusion des années 90, et de cette mouvance évolutive française de la seconde partie des années 70, Old Friends est une réunion d’anciens élèves qui se barre en couille et qui assume totalement le chaos qu’elle provoque.
Mais un chaos fertile.
Aussi puissant et versatile qu’un grand orchestre de quatre-vingt membres, PITCHOUTCHOULEX fait une sorte de résumé de sa brillante carrière, en continuant d’aller de l’avant. Si les pièces du puzzle ont la même forme, leur motif diffère quelque peu. On passe d’un paysage ravagé à une pâture d’un joli vert/violet, avec un troupeau de vaches qui paissent en toute tranquillité, remuant la queue au rythme endiablé de « Terrine of Mouche ». Ces satanées mouches qui viennent gonfler les bovidés et les équidés et qui reviennent et reviennent dansent justement au son de cette guitare dévoyée et de cette section rythmique allumée. La rencontre improbable entre NOMEANSNO et MAGMA, avec quelques invités notables.
Mattias Ia Eklundh (solo sur « Screech »), Valentin Gilbert “Motch” (guitare sur « Over The Rules »), Pascale Berthomier (violoncelle sur « Terrine of Mouche », « Brain Pasta » et « Over The Rules »), Caroline Champy Tursun (chant sur « Over The Rules »), Thharm (violon sur « Over the Rules »), du beau monde donc pour une représentation unique sous chapiteau, avec en numéro de pointe des voltigeurs sans filet qui ont appris à travailler sur des démos et non plus se contenter d’improvisations libres.
Il y a évidemment beaucoup de technique sur cet exercice, au moins autant que sur le premier album solo de Steve Vaï, encore très influencé par son mentor Zappa. « Brain Pasta » en est un formidable exemple, avec son mélange de folie à la PRIMUS et sa rigueur rythmique héritée des frères Wright. Mais le titre le plus remarquable en termes de culot, reste le final « Over The Rules », qu’on croirait tout droit sorti d’une boîte à malice alternative des nineties, de celles qu’on jouait sur la scène du Lollapalooza avant qu’il ne devienne un peu trop mainstream.
Il y a du Blues là-dedans. Du Post-Grunge, du Rock débridé, et du Metal chromé. Mais surtout, cette folie douce qui caractérise les plus cinglés des omnipotents et doués, qui se permettent quelques œillades suaves (« Stain »), qui dégénèrent vite en fourre-tout vide-grenier entre un PANTERA soft et un Paul Personne dans son loft. En six morceaux seulement, le collectif donne une leçon en toute humilité à la scène Rock actuelle qui se regarde un peu trop le nombril. On peut sentir le plaisir que les trois musiciens ont partagé en studio, lorsque le tempo s’envole ou lorsque les prouesses sont folles (« Unfold »).
Ça gratouille, ça démange, on se gratte la jambe, mais on repart immédiatement gesticuler sur une scène de fortune avec quelques bières dans le cornet. PITCHOUTCHOULEX vient de sortir l’album capable de transformer un couvent en lupanar, avec trois marsouins courant sadiquement derrière un groupe de nonnes, qui finalement se laisseront rattraper pour mieux se faire trousser.
Merci les gras, cette manne tombe à pic pour oublier ce printemps maudit et trempé par les pluies. PITCHOUTCHOULEX, c’est la pitchoune qui à cinquante balais s’achète une Rolex, pour funkiser comme une vieille camée (« Screech », INFECTIOUS n’est pas loin, et pile en retard).
Wow.
Le Poitou, c’est fou.
Titres de l’album :
01. Terrine of Mouche
02. Brain Pasta
03. Stain
04. Unfold
05. Screech
06. Over The Rules
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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