Nouveau venu sur la scène extrême française, SOULSLICER propose directement son premier album sur Great Dane Records, le label de Lille qui défend bec et ongles les groupes brutaux, bestiaux, méchants et costauds. C’est donc par surprise que le quatuor breton nous prend, après deux singles, et Pandemic, de son titre d’actualité, nous écrase de sa puissance old-school comme un bulldozer dans une animalerie.
Sans avoir plus de renseignements, on peut imaginer que les créatifs ont composé ce répertoire durant le confinement, et qu’ils ont souhaité partager leur version des faits. En résulte un Death putride mais précis, sec mais claquant, classique mais savoureux. Et d’ailleurs, la maison de disques nordiste nous avertit de quelques ressemblances avec les légendes ASPHYX, BOLT THROWER et même le SLAYER des premières années, ce qui a le don de placer l’album sous une tutelle de poids. SOULSLICER a-t-il pour autant les épaules pour supporter ce genre de comparaison ? Pas encore, mais il ne saurait (sans doute) tarder.
Antoine Poisson (batterie), Kiato Luu (guitare), Jérôme Mahé (guitare/basse) et Samuel Girard (chant) nous offrent une partition très bien jouée, évidemment fortement influencée par les sacro-saintes nineties si chères au cœur des adorateurs de Death brutal et concis, mais jouissive, intense, et bien agencée. On retrouve évidemment tous les ingrédients utilisés par les manipulateurs old-school, ces riffs massifs, cette double grosse caisse insistante, ce chant raclé et sévère, et quelques soli polis, soit la base d’un cocktail mortel qu’on avale à grandes goulées.
Soulignons deux choses importantes : la production, claire et performante, et la concision de l’ensemble qui atteint à peine les trente-cinq minutes. Les deux éléments croisés permettent une écoute souple et agréable, et instaurent un climat gentiment morbide mais pas trop, entre SUFFOCATION, BOLT THROWER, AGRESSOR et un PESTILENCE grognon. Du sérieux dans la mise en place, une application remarquable, un collectif soudé pour un résultat probant, sinon original.
Travers habituel de toutes (ou presque) les sorties old-school, ce manque d’initiative pour s’extirper du statut de simple élève doué ou de copie propre. En se référant d’un peu trop près à des influences connues de tous, SOULSLICER subit le même sort que ses homologues internationaux, à savoir se fondre dans une masse informe qui empêche de distinguer toute individualité notable.
D’un autre côté, l’atout de cet album est justement son aspect généraliste, qui évite le parallèle trop direct. Si LIK par exemple abuse d’ENTOMBED ou de DISMEMBER, SOULSLICER évoque à la rigueur une version plus moderne de BENEDICTION, et suggère une bonne connaissance de la scène Death anglaise de l’orée des années 90. Nous restons donc dans le domaine du supportable, et un titre comme « Flesh Eternal » fait craquer les tympans grâce à quelques plans catchy, et même si le son de batterie en fait un peu trop dans la compression, quelques cassures plus aérées permettent de supporter cette grosse caisse en boîte à rythmes.
Les collectionneurs seront donc ravis d’apprendre que ce CD est recommandable, pour peu qu’on soit un vrai fan de Death rétrograde, mais il faut quand même attendre la fin de l’album pour que de plus franches ambitions se dessinent. Ainsi, « Radioactive Grave », lourd, emphatique et gras, bénéficie d’un traitement vocal idoine pour suggérer une mort solitaire et douloureuse, alors que le final « Archangels of Atomic Light » tente la performance finale en plaçant quelques plans plus Thrash que la moyenne, et en se laissant aller à un final hypnotique et concentrique.
La moyenne justement, est largement atteinte par les bretons, qui pour le moment placent encore leurs pions avant éventuellement d'attaquer plus sérieusement. SOULSLICER n’épluche pas encore l’âme mais endommage subtilement l’audition, et ce Pandemic, s’il n’évoque pas encore avec assez d’acuité ce sentiment de claustrophobie, n’en reste pas moins un loisir de confinement tout à fait valable.
Titres de l'album :
01. Forsaken Sanctuary
02. Soulslicer (Your Time, Your War)
03. Fake Resurrection
04. Flesh Eternal
05. Irradiate Your Soul
06. Armies
07. Radioactive Grave
08. Archangels of Atomic Light
J'ai cru un instant que c'était celui qui avait joué sur la compile metal militia... c'était SarcaZm, dommage.
29/03/2024, 08:37
C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.
28/03/2024, 16:07
Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)
27/03/2024, 00:16
Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...
26/03/2024, 13:16
Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)
25/03/2024, 20:05
C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...
25/03/2024, 09:21
Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.
24/03/2024, 19:53
J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)
24/03/2024, 13:34
"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules
22/03/2024, 09:04
A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.
20/03/2024, 12:18
Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)
19/03/2024, 14:50