Après un premier album en 2017 distribué par No Remorse Records, label grec, les justement grecs AMKEN passent au gros indépendant Massacre Records. En cinq ans, la notoriété du combo d’Athènes a donc bien gonflé, au point de lui permettre d’incarner la première ligne d’une armée rétro-Thrash pourtant déjà abondement servie en soldats.
AMKEN c’est un peu la symbolique de ces jeunes groupes aux dents longues, ayant écouté pendant des heures les classiques de leurs ainés, pour proposer leur propre version des faits, plus contemporaine. Theater of the Absurd tendait déjà vers la perfection dans le style, mais autant être franc, ce Passive Aggression est tout sauf une agression passive, et bien une bousculade concrète, les poings en avant et les riffs dans les dents. Il est donc beaucoup question de dents ici, et celles du groupe se plantent directement dans votre cœur pour aspirer votre énergie vitale et la redistribuer en mode centrifuge autour de lui.
Passive Aggression donne plus que le change nostalgique, il défie les cadors sur leur propre terrain. On sait que les icones d’autrefois ont souvent du mal à se maintenir hors de l’eau, en choisissant une approche trop générique et une production trop anonyme pour parvenir à garder les épaules droites. AMKEN a fait le choix d’un son énorme, parfaitement adapté à son optique, mais reste unique en son genre, entre Thrash classique et Néo-Death scandinave des années 90, et le mélange est détonant, de quoi donner à Clouzot l’envie de sortir de sa tombe pour offrir une suite au Salaire de la Peur.
Entre EXODUS et AT THE GATES, AMKEN ne choisit pas, et couvre un maximum de terrain. Et « The Underdogs », en ouverture, remplit parfaitement son rôle : faire chauffer les machines et échauffer les esprits, avec son rythme soutenu et ses licks velus.
Immédiatement, l’effet bœuf casse les cotes et lance le barbecue avec force charbon. On comprend que la locomotive a été lancée à toute allure, et qu’elle ne compte ralentir que pour éviter aux machines de surchauffer. Et bien que le voyage ait des airs traditionnels, l’arrivée n’en est pas moins éprouvante, comme une attraction de foire à sensations dont on est quand même heureux de s’extirper.
Lorsqu’on expérimente de genre de manège, le doute à un rôle important à jouer. « Et si ça lâchait ? », phrase qui hante les esprits pendant une ou deux minutes, s’applique ici aussi, tant on sent que le ressentiment des grecs peut exploser d’une seconde à l’autre. Et comme les quatre musiciens (Vanias A. - chant/guitare, Giannis K. - guitare/chant, Harris Zampoukos - batterie et Dionisis Kiamos - basse) se montrent à l’aise sur toutes les surfaces, il est évident que ce deuxième album a de quoi attirer les fans de puissance en équilibre, montant et descendant comme des chariots sur des roulettes.
Je ne le cache pas, AMKEN a eu un gros impact sur moi. Grace à ces nouveaux morceaux taillés dans le Metal le plus lourd (« Dead Man's Land », si avec ça votre petit déjeuner ne pèse pas plus sur votre estomac…), le quatuor s’impose dans les grandes largeurs alternant avec bonheur tous les tempi pour ne pas trahir l’objectif principal : jouer serré mais varié, pour ne pas lasser. Ceci dit, avec trente-cinq minutes de timing, il eut été dommage de foirer l’alternance.
Alors, d’aucuns me diront que tout ça est décidément très classique, et je ne m’inscrirai pas en faux contre cette affirmation. Oui, le Thrash des grecs peut paraître générique, et l’est d’une certaine façon, mais l’énergie, la puissance et la motivation dont il fait preuve compense largement son manque de culot et d’audace. Après tout, broder sur le « Human Insecticide » d’ANNIHILATOR tout en lisant une partition de GRIP INC n’est pas donné à tout le monde, et c’est pourtant ce que le groupe fait sur le lapidaire « The Li(f)e We Lead ».
Huit morceaux, rien à jeter ou à renier. Telle est la performance des athéniens qui s’atteignent ici, et qui atteignent un niveau de qualité enviable à Athènes. Tout au plus soulignera-t-on la facilité de quelques mélodies et plans trop traditionnels pour encore faire illusion, mais en bons roublards, les grecs agitent rapidement le bocal pour cavaler sur du 180/190 BPM (« Passive Aggression »).
On prendra plaisir à noter une montée dans les tours sur l’imparable « Bliss », une épaisseur conséquente sur le véloce « We Came From Nothing », et une belle assise sur le final lourd et oppressant « Somewhere Past The Burning Sun ». Largement de quoi motiver les troupes à suivre ce nouveau leader en puissance, et assurer à AMKEN une place enviable au banquet Thrash de cette année 2022.
Confirmation, explosion, définissez ça comme vous voulez. Seul le résultat compte.
Titres de l’album :
01. The Underdogs
02. I Am The One
03. Dead Man's Land
04. The Li(f)e We Lead
05. Passive Aggression
06. Bliss
07. We Came From Nothing
08. Somewhere Past The Burning Sun
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11