Après quasiment seize ans d’existence, une démo, trois EP’s et un live, il était temps pour les allemands de VICTIM de passer à la vitesse supérieure en enregistrant un full-lenght, chose faite depuis le mois de décembre dernier. Originaire de Weimar, ce power-trio (Glimmi - batterie, Hanny - chant/guitare et M.P - basse) a donc largement eu le temps de peaufiner son approche, il est donc tentant de croire que ce Planet of Graves ne souffre d’aucun défaut, ce qui est vrai d’une certaine manière.
Musicalement, le trio évolue dans une sorte d’entre deux, modérant son Thrash de nombreuses cassures Heavy, et accélérant son Heavy d’une poignée d’envolées Thrash, mais autant dire que la moyenne des titres préfère la sécurité d’une musicalité prédominante que le chaos d’une colère débridée.
Assez proche d’un habile compromis trouvé entre METALLICA, EXODUS et TESTAMENT, VICTIM n’en est pas une, et se montre assez costaud au moment de gonfler ses biceps pour le bras de fer. Evidemment coincé dans la mouvance old-school qui regroupe quatre-vingt-quinze pour cent des groupes actuels, Planet of Graves est d’une moyenne positive, mais profite d’une technique affutée et d’une production précise. C’est ce que l’on comprend dès l’écoute de « Die Alone », entrée en matière agressive parfaitement imposée par un frontman à la guitare assurée. Mixé et masterisé par Patrick W. Engel au Temple Of Disharmony, Planet of Graves aurait pu être baptisé Planet of Groove, tant ses syncopes et autres accroches insufflent un rythme très haché, parfois soutenu dans les moments les plus puissants, mais quand même loin d’un vulgaire Groove Metal des années 90/2000.
Non, la nostalgie des allemands va plus loin, et vise évidemment la transition entre le règne des eighties et la bataille permanente des nineties. A la manière d’un HEATHEN des grands jours, Planet of Graves ose des choses plus évolutives et progressives, notamment sur ses titres les plus longs, dont « Temple of Tikal » est l’exemple le plus probant. Longue entrée en matière, chant ferme, riffs variés, cohérence soulignée, pour une attaque finale et frontale laissant des traces sur les tympans.
Musiciens très capables, compositeurs honnêtes, les VICTIM assument leur statut de jeune outsider, non sans faire preuve d’une certaine fantaisie personnelle. Ainsi, Glimmi se permet un numéro de funambule percussif sur l’explosif « Cthulhu », l’un des meilleurs titres du lot. On passera sous silence l’utilisation systématique de riffs en mi, figure sacro-sainte du genre depuis le premier METALLICA, et on se concentrera sur cette puissance soufflante, et ce professionnalisme évident. Et l’honnêteté en matière de nostalgie est une qualité à ne pas négliger, la plupart des groupes du cru osant parfois clamer leur innocence quant à l’emprunt un peu trop évident de plans de grandes références.
J’oserai dire que sous la surface commune, se cachent des trésors d’arrangements et d’idées permettant de rebondir. Ainsi, « Die Alone » ose les arpèges magnifiques et cristallins avant de nous tabasser sévère, tandis que le title-track « Planet of Graves » martèle Heavy comme un damné, en s’appuyant encore une fois sur la complémentarité d’un guitariste/chanteur et d’un batteur qui se connaissent par cœur.
En description, cet album ne justifie pas d‘un vocabulaire particulier. En effet, ce premier LP reste entre des balises de sécurité, et préfère rassurer que se vautrer en essayant d’étonner. Ce qui peut frustrer, spécialement les passionnés qui en ont parfois marre des resucées, mais qui peut aussi contenter ceux n’attendant d’un album qu’une efficacité probante et une violence maîtrisée.
Alors, de temps à autres, le trio se fait plaisir en nous donnant un bon coup de coude, à l’occasion du lapidaire « Urge to Kill ». Quant à l’épilogue « Cut », il est une conclusion logique qui résume quarante et quelques minutes de Metal incendiaire, peut-être un peu trop poli, mais efficace comme une cure de vitamine C. On prend un réel plaisir à suivre ces aventures certes classiques, fondamentalement traditionalistes, et fières de l’être. Après tout, il n’y a aucun mal à réconcilier l’Amérique et l’Allemagne en un seul album, et à ce petit jeu, les VICTIM sortent grands vainqueurs des négociations.
Un disque carré, juste assez énervé, et tout à fait dans son époque.
Titres de l’album :
01. Die Alone
02. Planet of Graves
03. Soul Arise
04. Temple of Tikal
05. Cthulhu
06. Resurrection of Medusa
07. Urge to Kill
08. Cut
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52