Avec une pochette pareille en 1985, j’achetais l’album sans me poser de question. Ou alors, selon le label, je fantasmais sur les courbes de ces deux charmantes jeunes femmes en me demandant quelle musique pouvait bien souligner le galbe de leurs jambes. Il faut dire que les américains d’ETERNAL CHAMPION n’ont pas lésiné au moment de nous aguicher avec leur graphisme, et que l’œuvre flanquant la pochette de leur second LP est des plus attirantes. Mais on connaît le principe, on colle un joli dessin qui donne des crises de priapisme aux puceaux, et on balance un vieux Heavy Metal rance sous couvert d’attitude intègre, le principe est d’usage et le résultat souvent décevant. Sauf que dans le cas de ces cinq-là, les morceaux sont vraiment à la hauteur de cette peinture sexy en diable qui nous donne envie de nous constituer prisonnier sur le champ. Si je vous dis Moorcock et Heavy Metal légèrement fantastique et éthéré sur les bords, vous allez immédiatement penser aux héros lysergiques d’HAWKWIND, et pourtant, ça n’est pas dans les seventies qu’il faut aller chercher la réponse à cette énigme, mais bien dans les années 80 via leur traduction dans un langage 2K. Car ETERNAL CHAMPION n’est pas un exilé eighties oublié qui se paie une seconde jeunesse, mais bien un groupe de notre temps qui avoue sans détours sa passion pour la NWOBHM, et ce Doom Metal qui faisait les beaux jours de l’orée des eighties. Fondé en 2012 du côté d’Austin, Texas, ce groupe a d’abord installé son nom dans l’underground via une première démo (The Last King of Pictdom), avant de se lâcher sur un premier longue-durée qui a enflammé les consciences. Et nous découvrions à l’occasion de The Armor of Ire un groupe sûr de son fait, déjà largement préparé, à l’imagination musicale balisée, mais aux exigences fermes. Et quatre ans après cette profession de foi initiale, le quintet revient par la grande porte pour nous assurer de sa bravoure.
Soutenu par les passionnés grecs de No Remorse, Ravening Iron est l’archétype d’album revival qui toise de ses notes le reste de la production old-school. Pourtant, l’attitude des musiciens n’a rien de révolutionnaire, et leur approche reste aussi classique qu’un EP de HAUNT balancé à la sauvette. Pour rappel et pour situer un peu les débats, ETERNAL CHAMPION est un personnage tiré de l’œuvre de l’estimable Moorcock, est n’est rien de moins que la réincarnation d’un héros qui a vécu de multiples vies dans le multivers, et dont les actes font partie d’un dessein inter dimensionnel dans la lutte pour rétablir l’équilibre cosmique entre les forces du bien et du chaos. Dans le cas des texans, cette lutte entre le bien et le mal s’articule autour d’un Metal qui doit tout autant sa force à Ozzy Osbourne qu’à MANILLA ROAD. Leur label mentionne d’ailleurs ces derniers, et accompagne leur nom de ceux de MANOWAR, WARLORD, BATHORY et CIRITH UNGOL, ce qui est légèrement exagéré sur les bords en ce qui concerne BATHORY, mais qui reste très pertinent dans le cas de CIRITH UNGOL. Car le quintet (Brad Raub - basse, Arthur Rizk - batterie, Jason Tarpey - chant, Blake "Rossover" Ibanez & Nujon Powers - guitares) s’abreuve à la fontaine de la NWOBHM, buvant à grandes lapées pour retrouver l’esprit conquérant des premiers groupes anglais envahissant le monde de leurs sonorités nouvelles, renvoyant les sacro-saintes années 70 au rang des souvenirs. Alors, fondamentalement qu’est-ce qui différencie un groupe comme ETERNAL CHAMPION du reste de la meute affamée de nostalgiques en manque de crédibilité ? La qualité de leurs compositions en premier lieu, leur interprétation, et leur façon unique d’instaurer des ambiances étranges, à la fois guerrières et spatiales. On écoute ce second LP comme on se retrouve au cœur d’un combat entre les chevaliers et les dragons, en espérant que le bon camp gagne et que l’on puisse passer du bon temps avec ces deux charmantes amazones.
Rois du Metal tirant sur le Doom light, les texans s’y entendent comme personne pour construire des crescendos qui taillent l’épée dans le brouillard. On le sent particulièrement sur l’épique « Coward's Keep », qui rappelle les moments les plus mystiques de SATAN tout en usant de ces fameuses tierces anoblies par THIN LIZZY. Avec seulement huit morceaux pour moins de quarante minutes de musique, le groupe a choisi la voie de la concision, ce qui ne les empêche pas de se montrer sous des visages variés. Ainsi, ils ont choisi de montrer en entame un sourire ravageur toutes dents dehors, en nous lacérant d’un lapidaire « A Face in the Glare ». Up tempo galvanisant, riffs percutants, ambiance de guerre ancestrale, le climat est planté pour immerger l’auditeur, et si la voix de Jason Tarpey rappelle clairement les intonations un peu brumeuses d’Ozzy, la musique en arrière-plan sait mélanger la technique des groupes les plus rompus à l’exercice complexe du véritable Heavy Metal, et le flair des combos attirés par le vortex Doom. Mais si la musique des américains sait se montrer lente, éprouvante et oppressante, elle garde toujours cette légèreté héritée de l’orée des années 80, lorsque le Hard-Rock de papa se transformait en Heavy Metal. Ainsi, les duels de guitare évoquent évidemment MAIDEN, l’ambiance générale un mix entre ST VITUS et CIRITH UNGOL, mais le rendu est très personnel, et la qualité constante, spécialement lorsque la batterie s’affole un peu pour nous propulser vers les paradis Rock.
« Ravening Iron » de son titre éponyme est évidemment l’hymne que tout le monde attendait, un peu RIOT sur les bords, et belliqueux dans le fond, mais à vrai dire, ETERNAL CHAMPION frôle le sans-faute sur Ravening Iron, à tel point que chaque entrée mérite sa place au panthéon. Là où leurs adversaires les plus directs tombent souvent dans la complaisance de la citation trop poussée, les américains impriment leur patte à leur hommage, entre ces guitares tournoyantes sur fond de basse serpentine (« Worms of the Earth »), ces transitions qui laissent le brouillard cacher encore un peu la victoire finale (« The Godblade »), et cette lutte terminale pleine de feeling et de plans admirablement bien agencés (« Banners of Arhai »). Plus que du prêt-à-porter pour les nostalgiques au porte-monnaie peu rempli, Ravening Iron s’apparente à du sur-mesure populaire, qui permet à tous d’écouter une musique de luxe pour un prix modique. L’album est disponible en divers formats, mais je ne saurais que trop vous conseiller d’acquérir le vinyle, superbe, et qui vous permettra d’admirer les courbes de ces deux charmantes déesses sans mettre vos lunettes.
Titres de l’album:
01. A Face in the Glare
02. Ravening Iron
03. Skullseeker
04. War at the Edge of the End
05. Coward's Keep
06. Worms of the Earth
07. The Godblade
08. Banners of Arhai
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
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