Recidive

Saccage

30/06/2017

Prc Music

Que voulez-vous, j’aime les gros bourrins. Mais attention, pas n’importe lesquels, ceux qui savent faire du boucan en restant amusants. Et surtout, séduisants dans leur optique de déments. Parce que bourriner dans le vide, n’importe qui sait faire. Lâcher des riffs en bouillie sur fond de régurgitation vocale, même ma concierge en est capable.

Blaster comme un âne en plein soleil sur vingt secondes pendant que le gratteux feignasse balance le même riff dégueulasse, ça aussi c’est à la portée du premier abruti venu. Mais y aller franco et fortissimo en soignant ses attaques, moduler le rythme entre deux ouvertures de pack, et vociférer à coup de matraque, c’est un art consommé qu’il faut maîtriser, et à la perfection.

Alors, d’abord, choisissez votre AOC. Les fans d’extrême un peu râpeux opteront pour l’est, les fondus du presto borracho iront s’abriter en Amérique du Sud du côté de Mexico, tandis que les plus aventureux se sentiront l’âme nippone, observant goguenards les plus modérés camper sur des positions européennes centrées.

Mais le Canada dans tout ça ? Quoi, trop polis pour être malhonnêtes ? Mais détrompez-vous et débarrassez-vous de ces damnés clichés, et écoutez par curiosité Recidive, des rois de la maltraitance auditive SACCAGE. Vous verrez qu’entre deux sourires, nos cousins sont largement capables de nous en coller une dans un coin.

SACCAGE, et ce nom si bien choisi, c’est d’abord une carrière qui commence à dater. Formation en 2007, et donc dix ans de grandes foulées, pour une démo (La Dérape Tabarnak, 2008), un split avec ALCOHOLOCAUST en 2009, un premier long en 2012 (Death Crust Satanique), un EP (Vorace, 2014), une compile (Vorace MMXV, 2015), un autre split avec HELLACAUST en 2016, suivi d’un live la même année (Blasphème et Abus Collectif), pour finalement souffler les dix bougies sur le gâteau Recidive, qui lui aussi n’a pas été baptisé au hasard.

Alors de fait, Nath Botch (guitare, chœurs), Phat Labrosse (chant, basse), Dan Mécréant (chant) et Gauthier (batterie) n’ont pas changé d’un iota leur philosophie, et s’accrochent toujours à ce mélange hétéroclite de mouvements bruitistes, mélangeant le Death, le Thrash, le Black et le Crust pour concocter un breuvage pour les oreilles très relevé, fort en bouche, mais qui coule le long du canal comme un nectar qu’on ne rebouche qu’après un coma éthylique confirmé. Et croyez-moi, le quatuor de serveurs est doué pour vous enivrer en loucedé, sans vous laisser le temps de comprendre que votre foie va morfler.

Mais les habitués du zinc de la rive sud sauront comment avaler cette mixture, puisque les fidèles de l’échoppe comprendront vite que leurs tauliers préférés n’ont pas changé en dix ans de métier. Depuis leurs débuts, les SACCAGE ont bien pigé que l’ultraviolence n’est efficace que si elle est nuancée, et portée par des thèmes faciles à mémoriser. D’où une ambiance globale très festive, avec happy hour tous les quarts d’heure pour en arriver à une bonne soirée d’une demi-heure, avec pourboires à la clé et consommateurs satisfaits.

Certains appelleront ça du travail bien fait, mais ne pensez pas pour autant que les gus vont nettoyer les tables avant de vous les confier. Le tout est agencé de façon logique et travaillée, mais la folie n’est pas simulée, et le boucan dispensé par les haut-parleurs fatigués ne joue ni la tendresse, ni le Core trop carré.

D’ailleurs, la réflexion, l’attention, la précaution, les canadiens n’en ont rien à carrer.

Ça tombe bien, moi non plus.

Recidive justifie donc son titre tout du long, et reprend peu ou prou les mêmes astuces que Death Crust Satanique, en plus carton. Depuis 2012, les mecs ont pris du ballon et en ont aussi avalés sans se poser de question, ce qui rend leur album béton mais moelleux, pour une grosse calotte Thrash/Crust légèrement blackisée par un chant râpé et vociféré.

Et si les riffs sont maison, ils se répètent parfois mais restent dans la tête, pour une jolie symphonie en hommage au houblon corsé de tradition, dans une veine MOTORHEAD meets DARKTHRONE tout à fait abordable.

Mais encore une fois, la musique des SACCAGE est de celles qu’on déguste, mais dont on ne parle pas. Quel est en effet l’intérêt de digresser ou gloser sur un Hardcore thrashisé, sympathique et à peine osé, quand on peut se l’enfiler et comprendre les tenants et aboutissants en quelques minutes bien tassées ?

Aucun, je le concède, et autant rester vague dans l’analyse, en précisant quand même que les bougres bénéficient d’une excellente production, pas trop épaisse mais claire, qui fait tonner la grosse caisse et blesse les guitares, sans pour autant donner trop de place au chant.

Dès lors, le rythme est up, the only way, les accords résonnent et singent parfois les plans les plus directs de feu Lemmy & co, tandis que l’atmosphère générale se cale sur la ligne du parti Crust scandinave, avec cette petite touche de Thrash allemand tout à fait délicieuse.

Pas mal de délires dans les textes, et une certaine finesse dans les arrangements permettent aux morceaux de s’imposer vraiment (« 666 Grammes »), morceaux qui dérivent et oscillent entre Thrash festif aux chœurs incisifs (« Récidive »), Groovecore mastif (« Ta Dernière Gorgée », qui dégénère assez vite), ou grosse branlée médium qui vous assomme de son timbre véhément et de ses riffs bien méchants (« Orgasmaniaque », clin d’œil appuyé, mais assombrissement remarqué).

Et après une bonne grosse accélération à la SODOM (« Saute-Cadran », de quoi transpirer avant la fermeture des portes), on trinque tous une dernière fois à la santé d’un bon résumé de la soirée (« Pourceau (de Satan) », qui finit les verres et joue au frisbee avec les sous-bocks), avant de quitter la taverne l’air allumé et le regard un peu embué.

SACCAGE confirme, SACCAGE vous rend infirme, mais SACCAGE s’affirme avec ce second longue durée qui couronne une carrière riche de dix années vouées à la cause d’un gros Thrash/Crust qui sait bousculer, mais aussi se marrer. Un groupe et un album à écouter quand le moral n’y est pas, pour le sourire retrouver, et l’ulcère provoquer. Merci amis canadiens de nous payer un coup, d’autant plus que votre liquide coule direct dans le trou.

Celui des oreilles, évidemment. 


Titres de l'album:

  1. Introveineuse
  2. Récidive
  3. Déchet Humanitaire
  4. Ta Dernière Gorgée
  5. Orgasmaniaque
  6. La Fosse Circulaire
  7. On Est Pas Des Doux
  8. 666 Grammes
  9. Saute-Cadran
  10. Pourceau (de Satan)

Bandcamp officiel



par mortne2001 le 23/07/2017 à 14:27
75 %    1322

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Dom Delisle
@142.113.86.244
28/07/2017, 02:51:01
Malade......ça coche....

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20