Reign of the Odious

Musmahhu

11/01/2019

Iron Bonehead

Vais-je un jour prochain parvenir à m’éloigner des côtes scandinaves ou suis-je destiné à y jeter l’ancre pour de bon ? Je finis par me poser la question, puisque quel que soit le genre que j’aborde dans mes chroniques, tout me ramène en Suède, en Finlande, en Norvège, que je parle d’extrême ou de Hard Rock mélodique. Ces peuples auraient-ils l’intention d’étouffer la production mondiale en pressant les albums virtuels plus vite que la machine ?  En tout cas, leur rendement devient de plus en plus impressionnant, d’autant plus qu’il est toujours renforcé d’une qualité indiscutable. Et aujourd’hui, c’est à une bête hideuse à deux têtes que j’ai eu affaire, en l’incarnation d’une créature diabolique sortie des abysses de Nyköping, arborant un faciès assez disgracieux, et se présentant de façon tonitruante, sans prendre la peine de s’atermoyer en explications justificatrices. Ainsi piétine le monde avec une férocité inouïe le projet MUSMAHHU, qui visiblement ne s’embarrasse même pas d’une page officielle, et qui compte sur son label et son talent pour propager sa mauvaise parole à base de bordel ambiant à décoiffer un diablotin. Mais si les responsables d’Iron Bonehead nous ont souvent habitué à de la cacophonie déguisée en musique, autant dire que cette fois-ci ils ne s’y sont pas trompés, et ne se sont pas fourvoyés dans un concept rance à base de démence sonique et de violence stérile. Pourtant, dans les faits, ce premier LP des suédois est de ceux qui auraient pu sombrer dans le trop-plein et l’exagération, tant les options choisies ne tolèrent aucune mesure, et surtout pas la demie. Sauf que le monstre en question a des capacités étendues, et qu’il connait très bien son champ d’action qui n’est pas forcément son terrain de prédilection…

Fondé il y a quelques années, le projet somme toute peu connu MUSMAHHU cache pourtant des noms fameux de l’underground suédois. On retrouve au pilotage l’un des musiciens les plus prolifiques de la scène BM nationale, Swartadauþuz, actuellement actif au sein de ARS HMU, AZELISASSATH, BEKËTH NEXËHMÜ, DEMONOMANTIC, DIGERDÖDEN, GNIPAHÅLAN, MYSTIK, SUMMUM, TROLLDOM, et URKAOS, soit la crème des exactions Black scandinaves. L’homme se charge donc de presque tout pour ce nouveau concept, épaulé dans sa tâche par l’un de ses comparses réguliers, Likpredikaren (ARS HMU, DEMONOMANTIC, RINGAR, SUMMUM), qui s’est occupé du chant, et autant dire que la combinaison des deux hommes découle sur une force de frappe immense aux échos graves et lancinants. Si le background de Swartadauþuz marque évidemment de son sceau l’orientation de Reign of the Odious, il n’en bride pas pour autant son auteur, qui s’est fait plaisir en effectuant un léger glissement du BM vers le Death le plus bestial et impitoyable, qui a quand même gardé des stigmates des expériences de l’artiste au sein de son contexte d’origine. Faisant suite à un premier EP déjà publié par Iron Bonehead en 2018 (Formulas of Rotten Death, recommandable forcément), Reign of the Odious poursuit la formule en tentant de la rendre encore plus pernicieuse, et développe donc de beaux arguments écrasants pendant plus de quarante minutes pour nous persuader du bienfondé de sa démarche. Et si le label allemand ne tarit pas d’éloge sur cette nouvelle production, l’ancrant de fait dans une tradition à laquelle il appartient, et précisant que ces sept chansons sont autant de bulldozers rasant tout sur leur passage, dans un fracas sonore horrifique, son enthousiasme est parfaitement de mise au moment d’assurer la promotion d’un artiste de sa propre écurie. Assurons-donc au lecteur que la maison de disques n’exagère rien, et que le produit en question est bien une véritable symphonie de l’ignominie la plus absolue.

Et comme en sus, le dit LP est doté d’une gigantesque production susceptible de donner des sueurs froides au Devin Townsend de STRAPPING YOUNG LAD, le plaisir sadique est total, et la jouissance absolue. Se basant sur des préceptes qu’il a déjà abondamment utilisés au sein de ses groupes officiels et durables, Swartadauþuz brode des thèmes d’ultraviolence, qu’il enjolive de quelques arrangements synthétiques, histoire d’apporter une patine presque symphonique à son optique. Du Death donc, eut égard à ce chant si grave et rauque, mais aussi en relation directe avec des guitares froides très volubiles, mais du Black aussi, notamment lors des passages les plus rapides et intenses, prouvant de fait qu’on ne renie pas si facilement que ça sa nature. Et l’un dans l’autre, ce premier LP à de faux airs d’hommage rendu à la scène Blackened Death la plus puriste, et se pare même d’atours que l’EMPEROR de légende aurait pu arborer aux prémices de sa riche carrière. On retrouve donc ce sens de l’emphase, cette multiplicité des thèmes, et cette façon de bousculer les plans en les accumulant, sans pour autant risquer l’overdose d’informations. Certes, et en toute honnêteté, l’aspect massif de l’entreprise empêche parfois de vraiment distinguer les chapitres pour pouvoir en privilégier l’un ou l’autre, mais la détermination dont fait preuve le groupe/musicien est probante, et le résultat souvent hallucinant de cruauté musicale. Car aussi véhément soit l’instrumentation, il n’est pas question ici de Noise ou d’expérimentation, mais bien d’efficacité et de puissance, et l’équilibre trouvé entre pulsions morbides et aspirations techniques est absolument parfait, transformant de fait ce premier longue-durée d’une nouvelle entité en presque chef d’œuvre d’un genre qu’on aura du mal à définir avec acuité.

Pourtant, l’exercice était complexe, et la direction choisie multiple. Avec des titres ne passant qu’en une seule occasion sous la barre des six minutes, la redite représentait un écueil difficile à franchir. Mais en écoutant des sommets de violence comme « Apocalyptic Brigade of Forbidden » ou « Musmahhu, Rise! », on réalise vite que les années BM de Swartadauþuz lui ont permis de baliser son style, et de savoir exactement quoi faire et ne pas faire pour glisser sur la redondance. La vitesse d’exécution pourtant très élevée générait un quota d’erreurs d’appréciation non négligeable, mais en permettant à la mélodie de s’inviter aux agapes de l’outrance, Reign of the Odious  aère son propos, et nous propose même des intermèdes au parfum Death scandinave très prononcé, comme le démontre avec grandiloquence le final énorme de « Thirsting for Life's Terminus ». Sorte de porte de sortie vers un avenir difficilement prévisible, ce dernier morceau se pose en épilogue parfait d’un début de carrière, mais ne constitue pas la seule surprise d’un LP qui en recèle suffisamment pour que vous vous y intéressiez. Ainsi, le morceau éponyme, sous couvert de synthèse globale, ose les percussions martiales et la marche morbide, imposant sur sa première partie une lourdeur majestueuse et oppressante, avec des arrangements d’arrière-plan spectraux désincarnant l’ensemble et le transformant en litanie de mort qui fait froid dans le dos. Beaucoup de choses à dire donc au sujet d’un groupe qui étonne par sa facilité à jongler entre les genres sans les dénaturer, les déformer ou les édulcorer. Peu importe ensuite que MUSMAHHU ne puisse pas être complément affilié au Death Metal, puisque son approche volontairement brutale se passe très bien d’étiquettes restrictives.     


Titres de l’album :

                           1.Apocalyptic Brigade of Forbidden

                           2.Musmahhu, Rise!

                           3.Slaughter of the Seraphim

                           4.Burning Winds of Purgatory

                           5.Reign of the Odious

                           6.Spectral Congregation of Anguish

                           7.Thirsting for Life's Terminus


par mortne2001 le 08/03/2019 à 15:59
85 %    1211
Derniers articles

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Oliv

Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts 

15/06/2025, 08:42

Seb

Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!

13/06/2025, 00:29

Styx

Bonjour. L'album paraîtra ce vendredi 13 Juin 2025.

12/06/2025, 20:35

Moshimosher

je voulais dire vidéos plutôt que clips...

12/06/2025, 01:07

Moshimosher

En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)

12/06/2025, 01:04

RBD

Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.

11/06/2025, 12:53

michael scott

god no please no lol

11/06/2025, 11:37

Licks0re

Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon ! 

09/06/2025, 21:35

Jus de cadavre

Super report mec ! Le genre de fest qui me plairait de malade !

09/06/2025, 10:53

Salmigondis

  Cry for the fallen trouser ?

08/06/2025, 13:34

ALK putain de POTE

SIDA visuel et auditif

08/06/2025, 10:08

DCD

Le clip du premier single :https://www.youtube.com/watch?v=JSAlEVzLhDc

07/06/2025, 09:18

Arioch91

Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)

07/06/2025, 09:04

stench

J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.

07/06/2025, 08:32

Humungus

On en cause de la chemise trop petite qui laisse dépasser la panse ?

07/06/2025, 07:39

Drina Hex

On se retrouve en live

07/06/2025, 01:23

Moshimosher

Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant  que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)

06/06/2025, 18:05

Moshimosher

je vois pas, plutôt...

06/06/2025, 18:02

Moshimosher

Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...

06/06/2025, 18:02

Humungus

Miam miam !!!

06/06/2025, 11:44