Retransmission

W.e.t.

22/01/2021

Frontiers Records

W.E.T.

W (WORK OF ART), E (ECLIPSE), T (TALISMAN), soit l’association des trois plus grands talents du Hard Rock mélodique de ces vingt dernières années (et plus dans le cas de certains musiciens), Robert Säll, Erik Mårtensson et Jeff Scott Soto. Et comme une comète passant dans le ciel à quelques années d’intervalles, le groupe passe dans notre horizon de temps en temps pour nous rappeler que la perfection existe bel et bien, celle que les chrétiens réservent à leur Dieu sacré. De fait, et par syllogisme, Dieu a créé W.E.T, Dieu est perfection, donc W.E.T est perfection aussi, pardonnez-moi cette facilité rhétorique, mais au moment d’écouter le quatrième album de la bande, je n‘ai d’autre argument en tête pour en décrire les contours ronds et la profondeur de ton. Et douze ans après W.E.T, huit ans après Rise Up, et trois ans après Earthrage, le trio revient plus inspiré que jamais avec son quatrième survol Retransmission, qui a de faux-airs de best-of déguisé reprenant le meilleur des trois albums précédents, tout en poussant les choses encore plus loin. Certes, depuis la fin des années 2000, personne ne conteste le leadership de cette association internationale sur le monde du Hard n’Heavy mélodique, mais autant reconnaitre que ce retour est d’une flamboyance impressionnante, même au regard du parcours passé de ses intervenants.

Aujourd’hui secondés par Magnus Henriksson d’Eclipse à la guitare, Andreas Passmark à la basse et Robban Bäck, (ex-SABATON) aux baguettes, et une fois encore soutenus par les italiens de Frontiers, les trois fondateurs font plus que livrer un simple quatrième album pour relever les compteurs. Ils visent une fois de plus le haut des cimes, histoire de nous offrir un voyage bourré d’oxygène sur les hauteurs les plus inaccessibles de la musique. Héritiers légitimes des légendes de l’ascension BOSTON, JOURNEY, BRIGHTON ROCK, les W.E.T, sans avoir quoi que ce soit de neuf à dire parviennent une fois encore à recycler des méthodes d’usage pour ridiculiser la concurrence, que ce soit en termes de composition, d’arrangements ou de production. Celle-ci est évidemment énorme, moderne, tape-à-l’œil juste ce qu’il faut, histoire de bien mettre en relief les refrains surnaturels concoctés par le groupe. L’approche est formaliste, le résultat attendu, mais une fois encore, on ne peut que s’incliner face au professionnalisme des trois musiciens qui n’ont pas oublié le sens du mot « enthousiasme » avant d’entrer en studio. Car les onze morceaux de cette quatrième livraison sont autant d’hymnes potentiels qui ne supportent ni l’approximation, ni la complaisance.

Et plus les années avancent, plus le groupe gomme quelques petites erreurs, pour enfin totalement assumer son statut de leader de la scène mélodique hargneuse. Et un morceau comme « Beautiful Game » nous prouve avec panache que les trois compères ne sont pas uniquement obsédés par l’équilibre entre poivre et sucre, et qu’ils sont encore assez malins pour se laisser aller à l’agressivité d’un Hard Rock pur et dur. Certes, en découvrant les arcanes de ce Retransmission, vous découvrirez des stands proposant des barbes à papa, des sucreries alléchantes, et tout un achalandage de plaisirs coupables, mais comment résister à cette attraction pour grands enfants en manque de délices adolescents, surtout quand le groove est traité de façon aussi ludique et contagieuse (« How Far To Babylon ») ? C’est impossible je vous l’accorde, et dès l’entrée « Big Boys Don't Cry », le sourire est là, et les souvenirs remontent à la surface. Intro puissante, riff hautement redondant, agressivité de la guitare, chant velouté mais mordant, les ingrédients sont mieux dosés que jamais, et on pense évidemment à la quintessence de la génération mélodique du nouveau siècle ou de l’ancien, en citant les SUNSTORM, SHINING LINE, ECLIPSE, WORK OF ART, WIGELIUS, JEFF SCOTT SOTO, H.E.A.T., TALISMAN, TREAT pour rester dans le ton de la journée.

Sans sombrer dans l’excès de diabète des ballades à la saccharose, les trois malins osent quand même des moments d’émotion tangible, via la sublime ballade « What Are You Waiting For », moment de tendresse sur lequel la voix magnifique de Jeff fait admirablement bien le job. Comme un rêve éveillé, ce disque fonctionne à plusieurs niveaux d’onirisme tout en restant concret dans les faits. La qualité de l’instrumentation, évidemment au-dessus de tout soupçon n’empêche pas les musiciens de constamment chercher à se dépasser dans l’hommage au classicisme, et les hits s’enchaînent comme à la parade, avec de faux airs de climax Disney dans un parc bondé l’été.

Dosant admirablement bien leur effort, les musiciens tiennent donc la route du départ à l’arrivée, se répandant en puissance Heavy héritée des années 80, avec basse ronde en contrepoids et chœurs angéliques (« The Moment Of Truth »), et refrain taillé pour les stades (« The Call Of The Wild »). Impossible de résister à cette déferlante infernale de bonne humeur et de sourires radieux, et l’album nous bloque sur la fréquence d’une radio divine refusant les fillers faciles pour allécher le chaland conduisant nonchalamment. Ici, tout est calibré, mais sonne spontané sous la couche de vernis élaborée, et les hits s’accumulent, laissant parfois filtrer une guitare acoustique pour tamiser la lumière du soleil (« Got To Be About Love », le plus BON JOVI du lot).

Quoiqu’il en soit, des années après l’émergence du groupe, et après le hat trick de trois albums conséquents, les mots deviennent dérisoires, et les superlatifs répétitifs. Mais le groupe l’affirme lui-même avec plus de lucidité que d’orgueil, « You Better Believe It », et c’est tout ce qu’il nous reste à faire. Croire que ces mecs sont encore capables de nous transcender en nous servant plus ou moins les mêmes mets qu’autrefois, mais en les arrangeant de manière différente. Alors, on se laisse aller, les défenses tombent, et comme je le disais en intro de cette chronique, la perfection devient une donnée tangible, et non plus un concept flou réservé aux élites divines. Mais après tout, peut-être que les W.E.T descendent du paradis. Si tel est le cas, et que mon fantasme personnel est en fait une réalité, je signe tout de suite pour headbanger sur un nuage pour l’éternité.   

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Big Boys Don't Cry

02. The Moment Of Truth

03. The Call Of The Wild

04. Got To Be About Love

05. Beautiful Game

06. How Far To Babylon

07. Coming Home

08. What Are You Waiting For

09. You Better Believe It

10. How Do I Know

11. One Final Kiss


Facebook officiel


par mortne2001 le 20/02/2021 à 18:04
88 %    547

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past

SÉLECTION METALNEWS 2023 / Bonne année 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2024

Interview
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.

18/03/2024, 17:37

stench

J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)

18/03/2024, 13:13

Gargan

Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)

18/03/2024, 08:05

pierre-2

Pourquoi tout ce venin ???Y font ce qu'ils veulent non ?

17/03/2024, 14:26

Fran

J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse  leurs tubes.

17/03/2024, 14:07

Nounours dit grizzly le magnifique

J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)

16/03/2024, 11:55

Sphincter Desecrator

UHL: un groupe qui, quand il n'est pas là, manque.Désolé...

14/03/2024, 19:31

Humungus

Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.

13/03/2024, 07:24

Désanusseur de mère

groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR

13/03/2024, 06:17

jo666

ça a l'air bien ce truc, en plus ils passent en mai à Grrrrnd Zero (69)

12/03/2024, 14:33

Cupcake Vanille

Vraiment une bien triste nouvelle...  RIP Blake 

12/03/2024, 08:25

MV

Sympa la fowce <3 

11/03/2024, 18:24

LeMoustre

Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable 

11/03/2024, 15:32

LeMoustre

Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire

11/03/2024, 14:55

senior canardo

toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout  ...

11/03/2024, 07:39

LeMoustre

Miam

08/03/2024, 14:22

Seb

Titre ultra-classique, mais c'est bon !

08/03/2024, 11:23

Gargan

Plus de 400 bpm pur le deuxième extrait ? Pas hyper convaincu mais ça reste tout de même impressionnant par moments ! &nb(...)

08/03/2024, 06:03

Saddam Mustaine

Jay Weinberg remplace dans ce groupe le mec qui est parti dans un autre groupe remplacer le mec qui est parti pour le remplacer dans son ancien groupe.Clair.

07/03/2024, 18:37

Buck Dancer

Le mercato des batteurs

07/03/2024, 13:08