Runoff of Acid, Oil and Water

Cel Damage

04/09/2020

Autoproduction

Parfois, on regarde un film qui dure à peine quatre-vingt-dix minutes, et on a le sentiment d’avoir perdu le double de temps. Idem avec certains albums qui insistent pendant des plombes sans jamais relâcher notre ennui. A l’inverse, des EP très courts, donnent l’impression d’être encore plus courts, alors qu’on les aurait bien aimés beaucoup plus longs. C’est ce qui m’est arrivé en écoutant Runoff of Acid, Oil and Water des américains de CEL DAMAGE, qui proposent cinq morceaux pour à peine dix minutes de musique alors que le triple eut été plus judicieux. Nous en venant d’Apple Valley, Californie, ce trio joue sans complexes un Hardcore très chaotique, dans la veine d’un CONVERGE séduit par les premières et bruyantes exactions de BIG BLACK. Du fort en gueule, mais qui a les arguments de sa morgue, et un potentiel énorme, qui bien exploité, pourrait devenir l’une des valeurs sûres de demain. Pas grande info à se mettre sous les yeux en dehors de leurs pages Facebook et Bandcamp, mais une méchante impression de pas assez, ce qui est toujours bon signe dans le cas d’un EP. Arguant d’un leitmotiv basique et simple à comprendre (de la musique, faire des bêtises, les potes, le DIY et encore un peu de musique par-dessus), enterrant ses prétentions sous une bonne couche de second degré, les mecs de CEL DAMAGE ne dupent pourtant personne. Ils veulent peut être passer pour des dilettantes, mais ce sont des bosseurs, et des musiciens doués. En témoignent les cinq titres de ce format court, qui une fois assemblés, donnent une vision assez pessimiste de notre monde, vision accentuée par le petit laïus que les musiciens ont laissé sur leur Bandcamp. La situation pour l’art étant catastrophique dans le monde, ils vous demandent gentiment d’acheter leur musique ou au moins de partager leurs pages, ce qui est la moindre des choses. Et en agissant ainsi, vous vous ferez de nouveaux amis.

Cette musique est violente, très violente, comme le Hardcore le plus rude et le Post Hardcore le plus féroce. Les cris sont crus, les riffs dissonants, la rythmique heurtée, et le tout crée une puissance à décorner les UNSANE pourtant habitués aux vents les plus violents du métro new-yorkais. Et même avec une moyenne de deux minutes et quelque par intervention, les américains parviennent à se faire un trou dans le chaos ambiant, en développant les aspects les plus revêches de leur caractère musical. Tout commence d’ailleurs de façon très franche, avec des stridences, une batterie en roue libre qui multiplie les fills et les blasts, et un magma sonore qui étouffe comme des vapeurs de lave émanant d’un volcan. Ne le cachons pas, « Imitation of a Crow » n’imite pas du tout la corneille ou le corbeau, mais bien l’apocalypse que tout le monde attend depuis 2012, et lâche les watts sans se demander si la cacophonie ne va pas nous rendre sourds. En une minute et dix-neuf secondes, « Parallelogram » envoie la sauce, joue encore plus vilain que les NAILS et les PRIMITIVE MAN réunis pour un split, et on se demande même si les CEL DAMAGE ne veulent pas défier les FULL OF HELL sur leur propre terrain. Cassure en boite à musique sortant de nulle part, histoire de placer l’originalité sur le même plan que le bruit, avant que « The Sun, the Moon, the Stars and Mars » ne plombe encore plus l’ambiance en mode Post-Sludge vénéneux et super poisseux. A ce stade de l’opération, on pige que les mecs n’ont pas vraiment envie de jouer la séduction, ce qui devient plus qu’évident pendant l’interlude Ambient et Noisy « Should've Been a Cowboy, but I Didn't Like Riding Horses ».

Et en plus, comble de l’ironie, les zigues nous quittent en nous affirmant qu’ils sont contents qu’on ne soit pas morts. Sauf qu’après une charge pareille, on est étalé pour le compte, avec le thorax au niveau des oreilles. Je ne vous accorde qu’une seule circonstance atténuante pour la brièveté de cette chose messieurs. Que vous ayez souhaité tâter le terrain avant d’y aller carrément. Mais magnez-vous à sortir un album, je l’exige. Et vite, TRES vite.                     

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

                     01. Imitation of a Crow

                     02. Parallelogram

                     03. The Sun, the Moon, the Stars and Mars

                     04. Should've Been a Cowboy, but I Didn't Like Riding Horses

                     05. I'm Happy You're Not Dead


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par mortne2001 le 17/06/2021 à 19:01
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