Encore une entité diabolique nous provenant du plus profond des enfers, ou plus précisément d’Allemagne qui n’est pas très loin des Hadès, et qui prône des valeurs de bestialité comme l’underground les aime tant. De Neustadt an der Orla viennent donc les SANCTIFYING RITUAL, bien décidés à se voir intronisés musiciens les plus evil de la Ruhr. Autant dire tout de suite que la distinction a peu de chances de leur échapper, tant ce premier album empeste la méchanceté, la saleté, la pourriture et l’obscurantisme par tous les pores de riffs, sans distinction de genre, puisque la musique proposée bouffe un peu à tous les râteliers rouillés. Fondé en 2008, ce quatuor en tout point diabolique (Tyrant - basse/chant, Lord L - batterie, Venomessiah - guitare et Enforcer - basse) qui semble affectionner les photos promo photocopiées comme à la grande époque des fanzines, a commencé son parcours avec une première démo, très justement baptisé Sadistic Death, puis une seconde en 2012, Carved in Rotten Remains, avant d’enfin lâcher son premier EP, Storm of Devastation l’année suivante. Et si une compilation est venue nous rappeler à leur bon souvenir il y a cinq ans, nous étions sans nouvelles inédites de la bande depuis 2013, et c’est avec un plaisir masochiste que nous les retrouvons aujourd’hui, flanqués de l’arme la plus fatale, un premier longue-durée. Pas étonnant que les flingués notoires nationaux d’Iron Bonehead se soient intéressés à ce premier album : il incarne en quelque sorte la quintessence des valeurs qu’ils défendent. Entre Death Thrash et Blackened Death, entre putréfaction musicale et déliquescence brutale, Sanctifying Ritual et son approche éponyme résume parfaitement l’optique d’un groupe qui s’enterre dans l’underground comme une puce dans le sable, et qui refuse toute autre forme de promotion que sa misanthropie manifeste.
Ainsi, pas de Bandcamp, pas de page Facebook, encore moins de site officiel, peu de renseignements, mais un boucan à réveiller les morts. Pas vraiment inédit, mais poussé à son paroxysme, le bruit développé par les allemands semble émaner d’une vieille caverne oubliée dans une forêt maudite, et fréquenté par des ados en manque de sensations fortes la nuit. En appelant aux anciens dieux brésiliens de la brutalité la plus viscérale, les SANCTIFYING RITUAL ont la franchise de tout dire ou presque dès le premier titre « (Tales Of The) Sinister Appearance », qui en six minutes étale tous les vices, les qualités et les défauts. De ce point de départ découlent donc huit autres morceaux bâtis sur le même moule, offrant certes quelques variations, mais conservant jalousement cette philosophie basique et bestiale qui avait plus ou moins défini les limites du chaos dans les années 80 et 90. Tempo épileptique ou écrasant, guitare réduite à son mode d’expression le plus primal, basse enterrée dans une fosse commune du mixage, et chant évidemment blindé d’écho pour sonner encore plus maléfique. C’est donc une catharsis pour psychopathes qui nous est proposée ici, et « Into Obscure Abyss » d’évoquer avec pas mal d’acuité l’évasion de quatre démons d’un des hôpitaux psychiatriques du septième cercle de l’enfer, ridiculisant au passage celui de Dante qui prend des airs de joyeux camp de vacances. Ici, tout est sale, moisi, méchant, suintant, mais précis et professionnel. Aussi bourrins soient ces musiciens, ils savent manier leurs instruments, et ne nous déversent pas une bile dégoutante sur le visage. Les breaks sont nets, les couplets - si tant est qu’on puisse les appeler comme ça - discernables, mais c’est l’ambiance générique qui confère à ce premier album cette aura mystique et vénéneuse.
Refusant les techniques de production moderne, SANCTIFYING RITUAL joue le Metal de la mort tel qu’on le pratiquait il y a des décennies, sans négliger pour autant l’apport d’une bonne mélodie malsaine. Ainsi, « Obsessed By Gore », malgré son titre tout en finesse accepte quelques harmonies rachitiques, rendant son effet encore plus pervers sur les nerfs déjà bien amochés. Difficile de comparer les allemands à d’autres factions en vogue dans le monde. Leur Metal en est, non édulcoré, parfois plus classique dans l’approche et agrémenté de cris infernaux, mais ces salopards savent trousser des hymnes à la débauche, et se rapprocher de la philosophie originelle du Death à la sud-américaine (« Carved In Rotten Remains », catchy, pervers, mais jouissif). Certes, certains morceaux sont un peu longs, mais font montre d’une ambition qui en dit plus long qu’il n’y parait sur les capacités des musiciens, et, cueilli à froid par la délicatesse de l’intro de « Stained With Rotten Blood », on se prend à rêver d’un travail plus précis et moins brouillon. La chanson reprend même des tics inhérents au caractère fondateur de BATHORY, nous ramenant à l’époque bénie d’Under the Sign of the Black Mark, tout en louchant méchamment sur la première vague Death nordique. Assez malins pour conférer à chacun de leurs segments une personnalité propre, les allemands jouent donc la carte de la fausse bêtise et de la vraie intelligence d’agencement, utilisant la puissance des blasts et la froideur des riffs la plus cadavérique pour nous aplatir d’un « Throne Of Evil Atrocity » qui sent bon la violence gratuite, mais effective. De fait, l’album défile, mais enthousiasme, se montre juste assez jubilatoire pour excuser les nombreuses répétitions, et finalement, se hisse dans le peloton de tête des sorties bestiales du mois.
Un beau coup joué par Sanctifying Ritual, qui sous des atours de partouze entre petits lutins malfaisants cache un petit trésor de finesse sadique et grossière. Un album plus evil que les chaussettes de Glen Benton, mais plus fin qu’un vomi régurgité par Lucifer après un sacrifice trop bien arrosé.
Titres de l’album :
01. (Tales Of The) Sinister Appearance
02. Into Obscure Abyss
03. Curse Of Evil
04. Obsessed By Gore
05. Carved In Rotten Remains
06. Stained With Rotten Blood
07. Throne Of Evil Atrocity
08. Mankind Devastation
09. Abominable Death Rebels
Encore une putain de sortie signée Iron Bonehead...
Du Death de puriste. Les mecs sont restés bloqués dans une faille temporelle. Excellent.
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17
Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.
25/05/2023, 08:37
MARDUK a communiqué depuis en disant que ce n'était là que l'une des nombreuses fois où il est apparu totalement ivre sur scène (il aurait par exemple fait un streap tease sur scène...) et que c'était une condition de départ p(...)
25/05/2023, 08:35
Du calme les excités antitout, vous disiez pareil de slayer, jouer avec l'interdit c'est tout à fait l'esprit adolescent du metal
24/05/2023, 21:49
Le clip - aussi moche soit il - est déjà bien plus intéressant que 99% des clips métal réalisé en usine désaffecté avec ces sicos mode playback.
24/05/2023, 16:39
L'intelligence artificielle n'est pas - par définition - l'intelligence. Un bon monde d'assistés qui se prépare.Le clip n'est pas si mal malgré tout.
24/05/2023, 15:10
Juste au moment où je me mets à apprécier de nouveau pleinement Type-O après une parenthèse de presque vingt-cinq ans... Comme quoi il reste toujours un public pour les grands groupes même après leur disparition active.
24/05/2023, 13:44