Seven Bowls of Wrath

Soulskinner

11/11/2020

Xtreem Music

Vingt-trois ans de carrière pour les grecs de SOULSKINNER, dont trois sous pavillon TERRA TENEBRAE, c’est un beau parcours qui mérite tous les honneurs, d’autant que les musiciens n’ont jamais vraiment dévié de leur trajectoire brutale et mélodique. Durant ces longues années, de nombreux changements de line-up ont ralenti la progression du combo, qui ne compte plus aujourd’hui qu’un seul membre d’origine, le guitariste Bill Zobolas. Il est aujourd’hui entouré par Spyros Triantafyllou à la guitare depuis 2014, Kostas Analytis à la basse depuis 2015, Marios Lampouridis au chant depuis 2018 et George Canavaris à la batterie depuis 2019. Un line-up assez frais donc, avec deux nouveaux membres depuis le précédent LP Descent to Abaddon enregistré en 2017, et Seven Bowls of Wrath intronise donc Marios Lampouridis au micro, pour un nouvel effort qui se place dans une directe continuité. Pas de surprise, le quintet hellène pratique donc toujours ce Death Metal brutal mais hautement mélodique, assez proche de ce que la Suède prônait dans les années 90, soit un classique mélange de brutalité et de finesse qui fait la force de ce groupe au passé/passif remarquable sur la scène européenne. Hébergés par les espagnols d’X-Treem Music, les athéniens se sont donc senti en confiance, et nous ont concocté un panaché de leur longue carrière, avec quelques clins d’œil appuyés à leur passé, mais aussi une méchante envie d’aller de l’avant pour passer un stade supérieur. Enregistré et mixé par Bill Zobolas aux Red7 Studios, masterisé par Achilleas Kalantzis au Suncord Audiolab, à Ioannina, Seven Bowls of Wrath est donc une solide affaire de Metal extrême, empruntant au Heavy Metal, au Doom, au Death mélancolique, pour ne pas se contenter d’une charge unilatérale de quarante minutes.

Décoré d’un splendide artwork de Juanjo Castellano, ce cinquième chapitre sous le nom de SOULSKINNER est encore une fois une réussite flagrante, qui associe immédiateté du propos et grandiloquence de fond. Et c’est après une longue intro nous mettant dans le bain que nous plongeons dans le volcan en éruption, via le déluge de lave en blasts de « Night ». Cette nuit nous plonge dans les cauchemars d’un groupe qui ne conçoit que ses nuits noires, et le niveau hallucinant des musiciens permet aux compositions toutes les audaces, des accélérations brutales mais précises jusqu’à ces breaks dignes d’OPETH ou MY DYING BRIDE, majestueux, impériaux, mais aussi légèrement Doom. Mais avec des instrumentistes au background aussi chargé (la bande affiche des implications dans des groupes comme DYING RACE, NECRANTHEMON, REX INFERNUS, OBSECRATION, WOLFCRY, ABYSSUS, CARNAL GARDEN, CRYPTIC REALMS, NECROSIS, GRAVEBANE, NECRORGASM, KINETIC, ACEPTIC GOITRE, INCINERATION, MALLEDICTION, WASTEFALL, et VALET PARN), il était inutile de s’attendre à autre chose qu’un produit professionnel, ce que les premiers morceaux de l’album confirment assez rapidement. Sans changer quoi que ce soit à son optique, le groupe continue donc son chemin en se basant sur ses propres singularités, cette façon de plaquer des riffs lancinants sur des rythmes divers, souvent ultrarapides, mais aussi lents comme une fin de vie,  et ce mélange d’atmosphère confère à ce nouvel LP une aura particulière, comme une ode sanglante à une vie de combat.

Rien de bien novateur dans le fond et la forme, mais du sérieux, de l’application et une poésie morbide qui donne envie de se plonger dans un avenir brumeux et incertain. On visualise bien en écoutant cette musique une lande désolée, aux hautes herbes, et une vieille bâtisse en arrière-plan, comme un pan de l’histoire grecque transposée dans une Angleterre complice. « The Principles Of Truth » et ses six minutes nous aide grandement à fixer des images sur la musique, combinant avec flair les atouts les plus naturels de DISSECTION, d’OBITUARY et des premiers PARADISE LOST, ce qui nous offre donc une combinaison entre le Death le plus abordable et le gothique authentique, cocktail agréable en oreilles qui permet au chanteur une certaine théâtralité dans son approche de conteur au timbre grave. Tout n’est pas indispensable évidemment, certains plans datent un peu, mais lorsque le groupe se rapproche d’un Black Metal de tradition, la sensation est réaliste et prenante, et « Eternal » de brouiller les pistes entre les styles, grâce à une habile collaboration entre la rythmique et les guitares. Capable d’imposer le lyrisme aussi facilement que l’efficacité la plus directe, Seven Bowls of Wrath est donc une affaire de pluralité, avec des inserts rapides et brefs (« Regeneration Of The Soul »), et des chapitres plus développés comme ce majestueux et ample « Primitive Light » qui retrouve l’amertume de l’extrême anglais de l’orée des nineties.

Impeccablement produit, animé d’intentions diverses, ce nouvel épitre à la gloire d’un Death Metal qui ne se contente pas d’en être est une réussite, même si la voix monocorde de Marios Lampouridis gâche un peu le plaisir arrivé aux deux tiers du métrage. Un peu plus de modulation aurait permis aux titres les plus ambiancés de sonner plus ouverts, tandis que son timbre sied parfaitement aux attaques les plus féroces. Et avec quelques chœurs placés judicieusement, des agencements solides et des enchaînements fluides, ce nouveau travail des grecs de SOULSKINNER permet de rompre habilement avec les trois ans de silence imposés depuis Descent to Abaddon, et de reprendre contact avec une fanbase qui sera certainement très satisfaite du résultat. Une démarque parfois habile du MORBID ANGEL de tradition, retranscrit dans une poésie amère à l’européenne, mais des passages vraiment forts, un sens de l’à-propos quand il le faut, et une alternance de chansons qui ne jouent heureusement pas dans la même cour inutilement. Un album que je recommande aux amateurs de Death varié et noir comme une nuit sans lune, mais mélodique comme une dernière rose mourant à l’automne.

                                                                                                                     

Titres de l’album:

01. Tetraktys

02. Night

03. The Principles Of Truth

04. Eternal

05. Regeneration Of The Soul

06. Primitive Light

07. Seven Bowls Of Wrath

08. Angel Of Darkness

09. The Destroyer Of Worlds

10. The Death Seal


Facebook officiel


par mortne2001 le 03/05/2022 à 15:20
78 %    536

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52