Encore un groupe à la carrière assez étonnante, pas vraiment erratique, mais aux longues pauses et à la condition intimiste assez surprenante au vu de la qualité des efforts proposés. Nous en venant de Basingstoke dans le Hampshire, les INTENSE justifient plus leur baptême de leur densité électrique que de leur production soutenue, puisque depuis sa création à l’orée des années 90, le groupe n’a publié que trois LPs, et qu’il lui a fallu plus de dix ans pour accoucher de son premier long professionnel. Après avoir enfilé les démos comme les perles sur le collier de l’underground dans les nineties (cinq en huit ans), publié un premier EP assez prometteur (Dark Season en 1997), connu divers problèmes de line-up avec des membres pas vraiment concernés par les diverses directions prises, INTENSE a donc fini par se stabiliser en 2004, avec l’arrivée du dernier membre permanent Stephen Brine à la basse. Depuis plus de quinze ans le quintet n’a donc pas changé de configuration, restant en quintet avec en sus de Stephen les deux membres originaux Nick Palmer à la guitare et Sean Hetherington au chant (seul à n’avoir jamais quitté le navire), Dave Peak à la guitare et Neil Ablard à la batterie. Mais si le groupe a bien assis ses positions dans les années 2000, publiant « presque » coup sur coup trois albums (Second Sight en 2004, As Our Army Grows en 2007 et The Shape of Rage en 2011), il a finalement une fois encore disparu dans les limbes pendant neuf ans, les fans attendant désespérément une suite à cette aventure entamée il y a de nombreuses années et dont ils sont friands…C’est donc avec bonheur que ces fans ont découvert Songs of a Broken Future en mars dernier, publié par la firme allemande de puristes Pure Steel Records, label qui a dû se réjouir de ce Metal sans concession, à la limite du Progressif dans les ambitions, et à la lisière du Power Metal sans vraiment tremper sa guitare/épée dans la lave.
INTENSE est donc une sorte de croisement dans les faits, un croisement entre la première vague de NWOBHM populaire de l’orée des années 80, et celle de Power Metal de la fin de la même décennie. En connaissant leur parcours et en écoutant ce nouveau-né, on comprend vite que les influences des anglais sont en parties nationales, avec pas mal de MAIDEN dans l’équation, un poil de JUDAS PRIEST aussi, mais également des clins d’œil au-delà des frontières, à MANIGANCE chez nous, et à NEVERMORE aux Etats-Unis, sans oublier les PRIMAL FEAR en Allemagne. C’est donc à un voyage cosmopolite que les anglais nous convient avec en exergue une ligne de conduite qui ne dévie que très peu du schéma initial : un duo de guitares qui se complète à merveille façon Smith et Murray, un chanteur aux capacités sobres mais qui sait affirmer ses lignes vocales, des riffs qui empruntent au PRIEST sa fascination pour le Thrash de Painkiller, et des ambiances plus ou moins tamisées, symptomatiques du Power Metal le plus empreint de mysticisme. D’ailleurs, en plaçant « End Of Days » en réelle entame de son quatrième LP, les anglais ont pris soin de mettre leur énergie en avant, imitant à la perfection le meilleur HEATHEN sans risquer d’être pris pour un groupe de Speed, avec des claviers très présents et une rythmique entreprenante. Malheureusement, et c’est le reproche principal qu’on peut adresser au groupe, cette peur de jouer trop fort et trop vite qui confine les morceaux dans un carcan de mid-tempo qu’on aimerait voir décoller plus souvent. Certes, le refrain de ce premier véritable morceau est fédérateur comme du HELLOWEEN, mais on regrette que la cadence d’abattage n’ait pas été maintenue, malgré une densité de riffs assez conséquente.
Les atouts de la formation anglaise sont évidents dès les premières mesures. Une inspiration noble et classique transcendée par une mise en place moderne, des plans héroïques, des chœurs présents qui soulignent les parties vocales les plus harmoniques, un sens du crescendo assez patent, un léger dramatisme, et une connaissance encyclopédique des méthodes de composition des années 80. Mais aussi une propension à la nostalgie qui n’occulte pas l’époque actuelle, un son clair et profond, qui permet à la basse de claquer lorsqu’il le faut, et une osmose globale entre les musiciens palpable. Si le Heavy Metal classique est évidemment l’influence la plus marquante du quintet (« Head Above Water »), le Speed façon Power est aussi une bonne recette maison, et avouons que les musiciens se débrouillent plus que bien dans ce créneau. Ainsi, lorsque Neil Ablard garde la cadence élevée, on pense à SCANNER, au STRATOVARIUS des débuts, mais aussi à HELLOWEEN, PRIMAL FEAR, NEVERMORE, et tous les groupes flirtant avec les frontières pour imposer la puissance (« The Jesters Smile »). Très portés sur les longs morceaux à ambiance (plus de quatre au-delà des six minutes), les membres d’INTENSE savent aussi résumer et concentrer leur propos, et proposer des titres plus aérés et compacts, à l’image du très catchy « The Tragedy Of Life ». Le tout est donc très équilibré, et n’hésite pas à durcir le ton quand il le faut, avec des inserts plus intenses - sans aller jusqu’à évoquer un Thrash léger mais presque - et « Stand Or Fall » de provoquer un headbanging immédiat de ses saccades efficaces. D’un autre côté, les chapitres les plus développés et alambiqués ne manquent pas de piquant, et sans aller jusqu’à provoquer IRON MAIDEN sur son propre terrain, les anglais savent lui piquer ses astuces les plus emphatiques (« Songs Of A Broken Future »).
Des mots positifs, un bilan qui se veut penché du bon côté de la balance, un sens de l’à-propos qui leur permet de proposer des approches plus modulées et douces sans perdre de leur puissance (« Until The Memories Fade »), mais aussi…des défauts qu’il m’est impossible d’occulter. Premièrement, des titres qui l’un après l’autre finissent par se ressembler, avec une heure de musique qui aurait sans doute gagné à être rognée, et deuxièmement, un chanteur au timbre un peu trop soft et monocorde qui finit par lasser. Loin des hululements de Kiske, Dickinson ou Halford, Sean Hetherington se contente de médiums qui lui vont très bien, mais qui manquent d’ampleur et d’émotion. Parfois, le soufflé retombe à plat, et alors qu’on se croit en droit d’attendre des envolées lyriques poignantes, le vocaliste reste sur la même portée, condamnant l’instrumental à une linéarité pas forcément méritée. Mais en gardant la raison, en occultant quelques morceaux dispensables, et en se concentrant sur les mélodies et les rythmiques, Songs of a Broken Future reste un album largement au-dessus de la moyenne, qui sonne parfois daté à cause de ce chant trop en avant et de quelques thèmes un peu usés. Pas de quoi fouetter un chat, mais pas de quoi non plus rameuter les foules.
Titres de l’album :
01. The Oncoming Storm
02. End Of Days
03. Head Above Water
04. Final Cry
05. I Agonise
06. Songs Of A Broken Future
07. The Social Elite
08. The Jesters Smile
09. The Tragedy Of Life
10. Until The Memories Fade
11. Stand Or Fall
12. Children Of Tomorrow
Une vidéo de poseur : Mes vinyles les plus underground... / David Martin
Jus de cadavre 13/12/2020
Jle trouve vraiment cool ce morceau.Ca fait un bout de temps que j'avais entendu un morceau aussi bon de leur part !
15/01/2021, 18:24
Bon, ben, là, ça me fait carrément envie !!! A défaut de la fève, je veux bien la couronne !
15/01/2021, 17:18
J'attendais de voir ce nom passer. Totalement adhéré à l'ambiance qui s'en dégage (belles lignes de basse qui plus est), achat direct. kling !
15/01/2021, 08:23
100% d'accord avec la chro et Jus de cadavre ! Dans mon top 5 de l'année 2020. Du death metal qui se veut transgressif et repoussant, comme à la grande époque. Et moi, ça me mets en joie...
15/01/2021, 00:16
C'est bien qu'il y ai de temps en temps des albums qui rappellent aux gens ce que c'est le Black Metal. Comment c'est sensé sonner. Sans compromis, nihiliste, violent, sombre et dérangeant.Une autre tuerie de 2020 (oubliée dans mon top tiens !). Et (...)
14/01/2021, 20:33
Une des baffes de 2020. Y a pas à chier la scène Death Metal nord-américaine a su se renouveler et nous propose des trucs de plus en plus sauvages et violents tout en gardant les pieds dans la tradition. Et ça moi ça me plait !Excellent.
14/01/2021, 20:21
Peter Tagtgren pour le remplacer j'avais pensé, ça serait un delire c'est sur.
14/01/2021, 18:58
Clairement, on oublie presque qu'il est arrivé qu'en 2001 apres 3 albums de Nightwish, il était encré dans le groupe.
14/01/2021, 18:57
@jus : hmm...je suis à la fois d'accord et pas d'accord avec toi. D'accord parce que oui, là son message, ça sent clairement le mec qui va pas bien. Je pense aussi que lorsque les choses se seront tassées il reviendra. Mais de toute faç(...)
13/01/2021, 23:42
"Je suis le seul à n'avoir pas tout compris à son message ? J'ai relu l'original en anglais et c'est pareil, on dirait un remake de Kamoulox..."Oui le message d'origine en anglais est chelou, c'est pour ça que je pense q(...)
13/01/2021, 18:41
Show business.5% show.95 % business.Les groupes nous apportent passion, art, divertissement... mais il ne faut pas se voiler la face, autour d'eux gravite un business et une industrie qui souhaitent se gaver, comme autour de n'importe quelle activité humaine.(...)
13/01/2021, 18:11
Je viens de voir que le mec avait gagné l'édition finlandaise de Masked singer. Quand t'en arrives là tu as quand même un léger déficit d'amour propre...
13/01/2021, 17:26
Il était plus que temps d'arrêter la blague... Nightwish ça aurait pu être un truc rafraichissant sur 1 ou 2 albums du temps de Tarja, là ça fait longtemps que la date de péremption est passée.
13/01/2021, 17:16
Le documentaire d'ANVIL montrait bien les choses justement, sur ce point là.
13/01/2021, 16:26
La situation actuelle accentue les mauvais côté du music business car les musiciens cherchent des sources de revenus qui leur reviennent justement. Je suis assez d'accord sur le gavage de mecs peu scrupuleux et surtout chez les tourneurs. Combien de groupes ont reçu une p(...)
13/01/2021, 15:57