Spettri

Deceit Machine

04/03/2022

Autoproduction

Entre Alternatif nerveux, Metalcore décomplexé et Metal moderne mal dans son époque, DECEIT MACHINE exprime ses émotions les plus sincères et sa rage la plus décuplée sur ce deuxième album, intervenant six ans après leur émergence via Resilience en 2016. Alors, en six ans, on a largement le temps d’agencer sa pensée et de structurer son discours, et Spettri se devait d’être largement supérieur à son aîné, ce qu’il est à tout point de vue. Un petit second débordant de haine et de gravité, de hurlements et de protestations contre un avenir trop bien tracé, pour une musique compacte, forte, percutante, qui laisse des séquelles irréversibles, et qui se fraie un chemin sur les étagères des œuvres furieuses mais pertinentes.

Michela Di Mauro (chant), Gabriele Ghezzi (guitare), Matteo Busnelli (basse) et Pietro Battanta (batterie), quatuor aux rangs resserrés, pour une explosion de colère qui fait froid dans le dos. Et si les amateurs de Metal moderne seront aux anges après avoir découvert le contenu de ce second chapitre, les allergiques trouveront le tout très digeste et puissant, et digne d’intérêt. On peut donc dire sans trop exagérer que les milanais ont tapé le centre de la cible en fédérant tous les publics possibles, et dès lors, il convient de leur laisser la parole pour expliquer le quand/comment/pourquoi de ce Spettri, qui est certainement l’un des albums les plus marquants de sa génération :

Cet album s’est fait dans le sang. Pas avec du fric, ni ces emmerdes que nous subissons jour après jour depuis des années. Notre seule devise est l’entêtement, sans vraiment savoir pourquoi. Nous vivons une époque de plus en plus folle, et nous espérons que cet album vous offrira ce qu’il nous a offert : la paranoïa, l’arrogance, le mépris, l’indifférence, le désir de revanche, la solitude, l’échec, le rejet et la colère. Cet album est un nouveau départ pour nous, comme chaque nouveau jour l’est je suppose, pour tout le monde. 

La paranoïa, l’arrogance, le mépris, l’indifférence, le désir de revanche, la solitude, l’échec, le rejet et la colère.      

Notez bien cette énumération, car elle résume à merveille les intentions de Spettri qui va fouiner dans les poubelles de l’espoir de quoi alimenter sa chaudière du ressentiment. Construit autour de structures simples laissant la place parfois à une délicieuse arythmie, sur des riffs puissants et sobres, et des arrangements gonflés aux graves laissant place à des soli tout à fait capables, Spettri montre un groupe maîtrisant parfaitement son vocabulaire, et nous hurlant sa rage à la gueule. Le résultat est donc simple et facilement constatable : les italiens contournent tous les problèmes inhérents au Metal alternatif moderne en ne jouant PAS de Metal alternatif moderne. 

Rappelant parfois une rencontre fugace dans les couloirs du temps entre ROLO TOMASSI et MY RUIN, DECEIT MACHINE nous offre de véritables chansons, originales, décoiffantes, ébouriffantes mais aussi terrifiantes. On se dit que le résultat de cette saine ire mise en musique dépasse tout ce que la concurrence peut produire de plus vilain, même si de temps à autre la calme parvient à trouver une place au milieu du chaos. Le mètre étalon de ce disque est sans conteste son milieu, avec un « Maelstrom » développé à outrance, et qui fait honneur à son titre d’une évolution progressive pour un final harmonieux joué acoustique. Petite merveille de synthèse, ce morceau mérite l’attention, et reste symptomatique de la démarche des italiens. Violents certes, sombres évidement, mais intelligents, et en mode oracle de temps de ténèbres à venir.

Ces ténèbres, le quatuor les accepte, ce qui ne l’empêche guère de nous éclairer une autre route, plus plaisante, mais bien cachée derrière la forêt de l’outrance. Ainsi, « Mirage » nous plonge dans une oasis de mélodies superbes, et admirablement bien mises en valeur par le timbre de Michela Di Mauro. Chanteuse en dualité de tonalités, entre hurlements stridents et vibrato naturel, Michela Di Mauro sert la cause et ne se met pas en avant, pour ne pas rompre l’équilibre du quatuor.

Un quatuor qui connaît les bons riffs et qui sait placer des décalages intéressants dans sa rythmique. On ne s’en rend pas compte dès « Trail », entame classique mais efficace, mais plus l’album avance, plus les intentions de DECEIT MACHINE sont claires : éviter les redites et évidences du Metalcore, ne pas se lancer dans un discours alternatif rebattu, mais constater les travers et ignominies de l’époque avec une belle lucidité Metal. Lucidité qui ose l’Ambient et l’électronique (« Rejection »), l’occupation de tout l’espace sonore pour se rapprocher d’un SENSER expurgé de ses tics Hip-Hop (« Program Failed »), et un combat dans la boue pour se salir sans se compromettre DEFTONES (« Mud »).

Un album solide, un groupe crédible. Je n’ajouterai rien de plus, Spettri parle de lui-même.

         


Titres de l’album :

01. Trail

02. Killer Machine

03. Mud

04. Indifference

05. Maelstrom

06. Mirage

07. Program Failed

08. Rejection

09. Sacrifice


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 13/04/2023 à 17:53
80 %    297

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Pas de groupes irlandais alors ! 

16/04/2024, 11:24

Gargan

Faudrait descendre un peu et faire la prochaine édition au stade rochelais   

16/04/2024, 08:30

Tourista

Au delà du commerce qui brûle, ce qui est ÉVIDEMMENT regrettable pour l'entrepreneur et la clientèle, il est difficile de ne pas voir le côté comique de l'événement... Au pays des clochers qui ont servi si souvent de barbecues.  (...)

15/04/2024, 18:21

Simony

Oh ça va on rigole ! Pour une musique qui se dit en désaccord avec le concept de religion, je trouve que l'on sacralise et idolâtre un peu trop de choses dans cette scène.C'est dommage c'est sur mais c'est que du matériel, ça va !

15/04/2024, 16:14

Labbé

je plussoie ! cet album est effectivement fort fort bon... mention spéciale pour Howl of Gleaming Swords. Merci pour la découverte ! 

15/04/2024, 15:01

LeMoustre

Le niveau des commentaires ici ça fait peur

15/04/2024, 14:25

LeMoustre

Oh purée !!! Merde !Moi qui ai eu la chance de pouvoir y trainer une demi journée entière (il les fallait) a la recherche de perles d'époque, émerveillé par ce magasin-musée, c'est bien fâcheux cette news.U(...)

15/04/2024, 13:47

Humungus

Y'a des gens ici qui sont trop "Trve".

15/04/2024, 06:54

Satan

Y a des gens ici qui n'ont aucun sens de l'Histoire et un sens de l'humour franchement bas-de-plafond.

14/04/2024, 23:29

azerty666

Résidu de Slayer, mouhahahahahaaaa ^^

14/04/2024, 20:10

Tourista

Un beau black friday.

14/04/2024, 15:48

Benstard

Putain ça me fait mal comme c'est en bois.

14/04/2024, 08:21

Humungus

Ah mais ouais !!!Il m'a fallu 24h pour comprendre... ... ...

14/04/2024, 06:55

Tourista

J'ai mis du temps à capter !! 

14/04/2024, 05:40

Tourista

14/04/2024, 05:39

Saul D

Jinx, j'y ai pensé, mais ils chantent en anglais je crois.... ( "stand up for rock'n'roll power", si je ne me trompe pas...)...je pensais sinon à un groupe entre Trust et Satan Jokers ( pour le son), Attentat Rock, c'est plus rock'n'roll que h(...)

13/04/2024, 16:44

Tourista

Fan service. La voix me fait chier d'une force, par contre... Clairement ce ne sera pas un album pour mézigue. Je comprends mieux pourquoi je n'ai jamais accroché à Death Angel, et c'est pas faute d'avoir essayé depuis 35 piges.

13/04/2024, 10:31

Rudy Voleur

13/04/2024, 06:59

Arioch91

on veut du sonOu pas   

11/04/2024, 20:01

Moshimosher

Cool ! Une avant-première du prochain Burzum ! Maintenant qu'on a la pochette, on veut du son !!!

11/04/2024, 18:49