Where Graves Abound

Organic

22/10/2021

Testimony Records

Imaginons quelques instants que votre seule obsession soit de savoir comment aurait pu sonner le troisième album d’ENTOMBED si le groupe suédois n’avait pas pris ce virage N’Roll, et imaginons que j’ai la réponse à votre question. Une réponse qui dure près de quarante minutes, et qui nous est communiquée par des enfants de la ville de Brunico, dans la région du Trentin-Haut-Adige.

Les locaux d’ORGANIC n’en sont pas à leur coup d’essai, et les puristes de la cause connaissent déjà leur premier méfait, Carved in Flesh, éructé et bombardé il y a trois ans. La réputation old-school du quatuor n’est donc plus à faire, mais histoire d’insister sur leur crédibilité, ces italiens sans foi ni loi appuient donc encore sur la plaie purulente de la passion en découvrant neuf nouveaux morceaux tous aussi incorruptibles et sous influence les uns que les autres. Fondé en 2013, le combo a pris son temps et a d’abord préparé le terrain stérile via un EP maladif (Death Batallion), avant de le fouler à grosses bottes façon guerre éclair. Le blitzkrieg est donc encore valable aujourd’hui, et la zone de bombardement très ciblée. Car si le Death old-school aime à piocher dans les ruines des écoles suédoise ou américaine, celui d’ORGANIC fouine consciencieusement du côté de Stockholm pour en ramener des artefacts de valeur.

Enregistré au Sound Control Studio par Lukas Flarer, mixé et masterisé par Obey Mastering en Suède (tiens donc…), Where Graves Abound n’est rien de moins qu’un gigantesque charnier à ciel ouvert où les cadavres s’empilent façon mille-feuilles de la mort. Son mimétisme laisse évidemment transparaitre des influences évidentes, de ce son HM-2 plus vrai que nature au timbre de voix très Lars Goran Petrov de Maxi Careri, mais la sensation éprouvée, loin d‘un ersatz plus ou moins habile est saisissante, hypnotique, et pas seulement parce que les plans proposés auraient tous pu se dénicher chez un antiquaire au rayon Left Hand Path.

Mais les italiens, habiles faiseurs et hâbleurs comme jamais ont aussi reporté leur affection sur les autres barbares scandinaves ou nordiques de l’époque, les DISMEMBER, UNLEASHED, GRAVE et autres fossoyeurs de joie de vivre et d’espoirs déchus. Where Graves Abound abonde donc dans le sens de la nostalgie, mais le fait avec un panache certain, et entre ces riffs qui tournoient comme des vautours et cette patine groovy insufflée par la rythmique, l’ambiance est crédible, rigide, putride, violente, mais d’une efficacité incroyable.

Markus Walder (basse) et Benni Leiter (guitare), les deux survivants d‘origine, soutenus outre par Maxi Careri (depuis 2016) mais aussi par le dernier arrivé Julian Niederkofler (batterie, 2020) nous offrent donc une suite tout à fait à la hauteur du premier chapitre de la saga, et l’un des albums les plus puissants et implacables du marché de la défense anti-aérienne italienne. Je reconnais évidemment qu’il faut faire abstraction des analogies pour apprécier ce disque à sa juste valeur, mais une fois les principes rangés dans la poche de la complaisance méritée, les titres s’apprécient sans effort, et développent tous des trésors d’imagination classique pour nous écraser les esgourdes.

Plus rapide et violent qu’ENTOMBED, plus maîtrisé et moins sanglant et sadique que DISMEMBER, moins froid et caverneux que GRAVE, ORGANIC est une machine de brutalité à voyager dans le temps et l’espace, comme le démontre le très peu empathique « Ropedragger ». Intro étrange et opératique en trompe-l’œil grégorien, riff qui prend à la gorge comme un rhume carabiné, blasts qui dévale le long de l’organisme pour infecter les poumons, l’illusion est réelle et l’hiver corsé.

Dans un registre éprouvé mais toujours aussi efficace, les italiens prennent un malin plaisir à recréer des conditions drastiques, et imposent un dogme 95 au Death nostalgique de papa. Ici, on reprend à la lettre les arguments d’époque, en passant par ces soli approximatifs et lapidaires qui avaient le mérite de rendre les chansons encore plus létales et inquiétantes. Et entre une rythmique inépuisable, une science du ralentissement éprouvée, et des ambitions clairement affichées dans la lourdeur évolutive (« Schizophrenic Execution »), Where Graves Abound frappe fort, manie la pelle avec dextérité, et creuse les tombes à une vitesse digne de Stakhanov.

On appréciera évidemment ces moments moins évidents, durant lesquels l’inspiration vient tâter de la mélodie biaisée (« Where Graves Abound », cérémonie funèbre romantique qui dégénère en body-count savoureux), ou au contraire ces crises de folie soudaines qui nous plantent la pioche dans le thorax pour nous débarrasser de nos poumons et autres organes inutiles (« Die Schwanzdirn »).

Evidemment, rien de neuf sous le soleil noir de la haine clinique, mais une efficacité redoutable, et une puissance à défaire les suédois de leur couronne. Quelque chose d’ORGANIC, sans pitié, qui laisse les os brisés et le quasi cadavre pourrissant au soleil de l’Italie. Que c’est chouette Brunico au temps des amères morts.

 

 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Ropedragger

02. Waste Monolith

03. Schizophrenic Execution

04. Caged In A Tomb

05. Fall, Rot

06. Where Graves Abound

07. Die Schwanzdirn

08. The Howling

09. Knives


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par mortne2001 le 02/06/2022 à 18:28
80 %    737

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
03/06/2022, 00:49:07

Une boucherie tout simplement. Ultra classique certes, mais terriblement efficace et jouissif ! Du pur Swedish Death made in Italie... la mondialisation a du bon !  

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