Un format, deux groupes, un style, deux visions. Tel est le programme proposé par ce split partagé par deux groupes qui se connaissent et qui s’apprécient mutuellement. Un programme riche malgré le tracklisting réduit à la portion congrue, et vingt-cinq minutes de musique à part, entre mélancolie, résignation, bande-originale, Doom, Post Rock, Post Hardcore, et un seul point commun : l’absence de chant. Difficile à vendre à des foules plus adeptes de chant hurlé ou guttural, et encore plus à un public qui n’a cure des longues digressions planantes et/ou agressives, un public peu sensible à ces divagations oniriques, et qui cherche désespérément un gimmick facile auquel se raccrocher.
Mais en accouplant en tout bien tout honneur deux groupes comme SaaR et MAUDITS, il ne fallait pas s’attendre à une engeance bien polie et silencieuse. Le bébé accouché est un petit monstre très costaud, qui semble avoir déjà vécu cent vies, et qui s’impose sur un parcours jusqu’à présent impeccable. Allait-il se montrer à la hauteur des attentes suscitées par l’association de ces deux noms ?
Evidemment.
SaaR voulait travailler avec MAUDITS, MAUDITS respecte SaaR, la politesse n’en finit plus, comme les deux longues pistes de cet EP. D’un côté, SaaR, qui a joué la sécurité en enregistrant sa partition sous la houlette de l’incontournable Francis Caste (HANGMAN’S CHAIR, REGARDE LES HOMMES TOMBER) au studio Sainte Marthe, Caste s’occupant en outre du mix et du mastering. De l’autre, MAUDITS, qui a fait appel à Frédéric Gervais pour le mix et le mastering au studio Henosis (MISANTHROPE, PENSEES NOCTURNES). L’entre-deux ? Une musique évanescente, parfois très lourde et agressive, contemplatrice, évocatrice, et sujette à des interprétations très personnelles du fait de son absence de textes.
Absence de texte, mais pas de textures. Chacun de leur côté, les deux groupes sont restés fidèles à leur démarche, et nous offrent un titre chacun empreint de beauté, de violence, et d’ambitions. Et pour parvenir à ce résultat sans tâche, chacun a appliqué une méthode différente.
MAUDITS a choisi d’enregistrer la batterie seule, dans sa partie intégrale, avant de se greffer dessus. Un beat comme un autre a été choisi, avant que le groupe ne suive des directions multiples. Doom/Sludge/Post, musique de film, liberté de ton, on trouve de tout sur ce fascinant « Breken Pt.1-2-3 », long de plus de quinze minutes. Ce voyage au long cours est une véritable expérience sensorielle qui s’inscrit admirablement bien dans l’œuvre globale du groupe depuis ses débuts. Toujours aller plus loin, aller plus long, pour déstabiliser l’auditeur et l’obliger à voir la réalité différemment. Une pièce conséquente donc, la plus longue que le groupe a jamais gravée, pour se dépasser, et atteindre les sommets d’un Post Metal loin des clichés les plus élitistes. Belle démonstration, belles humeurs, belles couleurs et monochromes, pour un dessin en desseins animés, animation des sens et essence même d’une beauté picturale traduite en musique.
SaaR, sans prendre le contrepied, a joué la sécurité d’un titre sous la barre des dix minutes. Ce qui n’a pas empêché le groupe d’y caser un maximum d’idées, parfois violentes, parfois douces et enivrantes, pour lâcher un « Loved », que l’on aimera effectivement à la folie. Et la folie qui dirige le groupe dans ses cauchemars et rêves les plus fous se matérialise par des percussions hypnotiques à la NEUROSIS, d’énormes riffs lancinants à la ISIS, et un découpage pastoral à la MONO.
SaaR exploite donc son plein potentiel, et nous offre un morceau à plusieurs dimensions, qu’il convient d’écouter et d’écouter encore pour en appréhender toute la beauté dans la simplicité.
Beaucoup penseraient que sans chant, un split n’a pas le potentiel pour s’imposer. Ces faces partagées par SaaR et MAUDITS sont l’exact contre-argument, et redonnent ses lettres de noblesse à l’exercice Ô combien difficile du split, sorte de fausse compilation sur laquelle plusieurs groupes tirent la couverture à eux.
Ici, la couverture est tirée vers vous. Une sorte de respect, de politesse créative. Pour rester au chaud d’une musique émouvante.
Titres de l’album :
01. SAAR - Loved
02. MAUDITS - Breken Pt.1-2-3
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13
Groupe Polack + thrash ! On pense immanquablement a Turbo. Et ici ce n'est pas complétement faux avec un son abrasif et des vocaux bien criards. Pas mal du tout cette affaire
21/05/2025, 07:33
Euh... si cet uploading particulier ne date que de 2 semaines, le morceau a, quant à lui, été dévoilé le 30 janvier dernier ! (Bon morceau au passage !)
20/05/2025, 22:13
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12