Sturmpanzer

Septic Tank

12/10/2018

Dissonance Productions

Les choix découlent souvent de coïncidences, mais on se demande si l’instinct du destin n’aurait pas quelque chose à voir dans ces décisions pas si arbitraires que ça…Car après m’être penché sur le cas de VENOM, me voici traitant de celui de TANK, qui à plus d’un égard partagent des points communs inaliénables. D’une, leur émergence remonte plus ou moins à la même époque, cette fameuse orée des années 80 et sa déclinaison britannique de la NWOBHM, dont ils incarnaient chacun un versant différent, mais complémentaire au regard de leurs influences. Inutile de cacher que les deux combos vouaient une admiration sans borne à Lemmy et son MOTORHEAD, et une simple écoute aux premiers LP de TANK suffit à comprendre que la rythmique Kilmister/Taylor servait de modèle absolu, tout comme les riffs purement Rock de Clarke. Et si en 2018, ni VENOM ni TANK n’incarnent encore les références qu’ils furent en leur temps de gloire, ils n’en restent pas moins des souvenirs que personne n’a envie d’oublier, et qui se manifestent à intervalles réguliers. D’autre part, et puisque les parallèles sont décidément aussi nombreux que les dissemblances, les deux groupes partagent le même goût pour les trajectoires parallèles, puisqu’à l’instar de VENOM et VENOM INC, TANK s’est aussi scindé en deux il y a quelques années, laissant ses membres se déchirer pour incarner l’esprit originel. Car depuis la fin des années 2000, ce sont donc deux TANK qui piétinent les platebandes mondiales, avec d’un côté, le duo Mick Tucker/Cliff Evans qui en huit ans a publié trois longue-durée, et de l’autre Algy Ward seul, qui entre 2013 et aujourd’hui à pris son temps pour imposer son leadership « légal » eut égard au patronyme. Alors, le vrai TANK, lequel est-ce ? A vrai dire, et après écoute de ce Sturmpanzer, on espère sincèrement que le flambeau est toujours porté par la paire Mick Tucker/Cliff Evans, tant ce second LP sous la bannière Algy Ward’s TANK est une catastrophe presque annoncée, et certainement l’un des pires albums qu’il m’ait été donné d’écouter depuis très longtemps…

Quelles en sont les raisons puisqu’il faut bien expliquer ce fiasco intégral ? D’abord, et principalement, la production. Qu’est-ce qui est passé par la tête de ce pauvre Algy pour oser nous refourguer un truc pareil qui sonne comme un concert capté sur un vieux Tascam fatigué dont les piles sont arrivées en fin de vie ? Aucune dynamique, des guitares qui tombent à plat, une rythmique qu’on discerne avec peine en tendant bien l’oreille, et des lignes de chant aux abonnés absents, enterré dans un mix approximatif…Sur les morceaux les plus nuancés, la douleur est déjà palpable et tangible, mais sur les chansons les plus volontiers puissantes, le carnage est total, un peu comme un blitzkrieg foiré avec des avions en papier, qui provoquent d’un largage de bombe à peine plus de bruit qu’une douzaine de pétards mouillés planqués dans une bouse de vache trop humide. C’est symptomatique sur le terrifiant « First They Killed Her Father », à peine plus convaincant qu’une démo des ATOMKRAFT produite par le petit fils de Van Gogh, et qui s’obstine à recréer l’univers du TANK originel, la tête coincée sous des dizaines d’oreillers. Il est certain que le fait qu’Algy ait décidé de s’occuper de tout n’a pas dû porter le projet dans le bon sens, et autant dire que le tempétueux bassiste-chanteur n’est pas plus crédible à la guitare ou à la batterie, et que la grande majorité des compositions souffre de ces approximations pénibles à peine digne d’un adolescent un peu gauche découvrant avec candeur le Heavy Metal pour la première fois de sa vie. D’autant plus que le frontman ne s’est pas embarrassé de principes et a joué la montre, puisque Sturmpanzer flirte avec l’heure de jeu, ce qui rend les choses encore plus pénibles. Mais la production calamiteuse n’est pas la seule à porter sur ses frêles épaules la catastrophe que représente ce second LP sous le nom de Ward, puisque les compositions en elles-mêmes sont la plupart du temps d’une platitude sans nom, recyclant des clichés qu’on pensait enterrés depuis 1985, ce que l’éprouvant et déroutant « Sturmpanzer (Parts 1 & 2) » s’obstine à démontrer pendant six longues minutes. Riffs en clichés d’une lourdeur éprouvée, chant qui geint plus qu’il ne convainc, plans qui s’éternisent sans chercher à rebondir sur une idée porteuse, pour un bilan qui s’enfonce dans les abysses du ridicule, achevant de ternir le nom de TANK qui n’en avait pas vraiment besoin.

Alors on cherche, on tourne, on fouine, et on essaie désespérément de trouver un petit quelque chose à quoi se raccrocher, ce qui tient de la mission impossible. Et lorsqu’on parvient à trouver un petit espoir tapi dans les ténèbres, l’homme s’ingénie à ruiner notre peu d’optimisme, en noyant son inspiration dans des lignes de chant à la fausseté tragique (« Lianne's Crying », qui rappelle un peu l’album éponyme de 1987), et en plombant son allant d’un son parfaitement immonde. Et on atteint parfois des sommets de non-sens, se demandant si on ne s’est pas perdu sur les chemins d’un BM lo-fi, lorsque l’instrumentation se mélange comme de la mélasse bon marché, et « March » de claquer une basse sursaturée sur une rythmique incompréhensible, que de pauvres riffs Punky noient encore plus de leurs hésitations en carte postale d’une NWOBHM de pacotille. C’est simple, on se dit que le pauvre Ward a perdu tout sens commun, à l’image d’un Chris Holmes incapable de comprendre qu’il faisait absolument n’importe quoi sur son triste CHP, et qu’il s’est contenté d’enregistrer tout ce qui lui passait par la tête sans aucun souci de construction et de logique, uniquement pour prouver qu’il est encore vivant. Et comme en sus, il n’a pas hésité à combler les trous avec encore plus de vide, il nous sert des morceaux faussement progressifs qui usent notre patience sur plus de sept minutes, singeant un Heavy de base en ne conservant que ses aspects les plus cliniques et stériles, et ses parties de guitare les plus convenues (« The Last Soldier », ça, DIO et RUNNING WILD en duo n’auraient même pas osé…). Et comme si ça n’était pas suffisant, Ward se permet même de massacrer ses contemporains en souillant la mémoire de THIN LIZZY, via une cover sidérante de ridicule de « Little Darlin’ », victime d’un viol artistique triste de violence.

J’en conviens, le ton particulièrement amer de cette chronique pourra choquer ceux dont les fragiles oreilles ne se seront pas encore posées sur l’objet en question. Mais un conseil, évacuez de votre mémoire le TANK de Filth Hounds Of Hades, This Means War ou Honour And Blood. Ce qui, après avoir encaissé la pantalonnade au ridicule achevé de « Which Part of Fuck Off Don't You Understand? » ne sera pas vraiment difficile, tant Algy a vraiment tout fait pour qu’on se foute de sa gueule et qu’on brûle son portrait en place publique. Le pire est qu’il a vraiment cherché la petite bête pour se faire défoncer, puisque Sturmpanzer s’achève sur un “bonus-track”, complètement à côté de la plaque, « Field Recording of the Field », qui n’a d’autre intérêt que de nous rappeler le bruit d’un cadran de téléphone tournant à vide. Et s’il n’y avait eu le presque accrocheur « Two Thousand Miles » en intro et en trompe l’œil, je crois que je me serais laissé aller à lui décerner la palme de l’album le plus ridicule de 2018, le gratifiant du premier 0% de ma carrière de chroniqueur. Triste, très triste. Mais après avoir traîné pendant trois ans pour enregistrer ce truc, c’eut été plus que mérité.

     

Titres de l’album :

                           1.Two Thousand Miles

                           2.March

                           3.No More War

                           4.First They Killed Her Father

                           5.Sturmpanzer (Parts 1 & 2)

                           6.Lianne's Crying

                           7.Living in Fear of God

                           8.Für Reich und Fatherland

                           9.The Last Soldier

                           10.Which Part of Fuck Off Don't You Understand?

                           11.Little Darling (Thin Lizzy cover)

                           12.Revenge of the Filth Hounds (Parts 1 & 2)

                           13.Field Recording of the Field (Bonus Track)

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par mortne2001 le 20/01/2019 à 17:34
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