Sur les Terres Oubliées

Arides

08/06/2019

Asgard Hass

ARIDES, ou l’archétype même du groupe qu’il faut connaître. Et ce, pour plusieurs raisons, reliées mais individuelles à la fois. D’abord, parce que ce groupe de Chalon-sur-Saône est excellent musicalement parlant, mais aussi, et c’est plus rare, parce qu’il ne se contente pas de prôner des valeurs anciennes bêtement et benoitement, mais parce qu’il apporte quelque chose à la cause, en l’occurrence, celle exigeante du Black Metal. Il est su et reconnu que le BM français est devenu une référence à l’international depuis l’émergence des Légions Noires dans les années 90, mais loin de s’asseoir sur leurs lauriers, les musiciens du cru ont continué d’explorer différentes pistes, de progresser, et de transcender leurs influences minimalistes pour parvenir à un stade de révérence que le monde nous envie. Et il est suffisamment rare qu’une de nos scènes nationales serve de mètre-étalon pour que l’on souligne la chose, et qu’on en arrive à cette conclusion inéluctable et introductive ; ARIDES, ou l’archétype même du groupe qu’il faut connaître. Un nom qui ne laisse aucune place au doute, un logo qui se déforme selon la plus pure tradition du nihilisme graphique, des compositions qui s’étirent en longueur mais ne font jamais bailler ou regarder sa montre, et un sens de la composition riche et dense, qui permet à des plans fantastiques de s’imposer et de rapprocher nos instrumentistes d’un BM progressif terriblement séduisant. Sans renoncer à leur côté le plus abrasif, les bourguignons insufflent à leurs morceaux épiques un souffle mélodique omniprésent, qui toutefois n’atténue pas leur personnalité crue. En mixant des références diverses, entre atmosphérique inspiré, Folk par touches fugaces, Black classique et Heavy presque traditionnel, Sur les Terres Oubliées se veut plus pièce musicale conséquente que simple album de BM à ajouter à une trop longue liste.

C’est donc à une forme très poussée d’esthétisme brutal que ce quatuor nous convie (H.V - guitare/chant, E.B - batterie, F.R - guitare et T.M - basse), et il est assez impressionnant de constater que ce premier jet n’en est qu’un, et non le résultat d’un cheminement logique ayant pris des années à se mettre en place. Car tout ici est professionnel, mais garde cette patine underground indispensable à toute réalisation crue. Sans abuser des poncifs, et sans édulcorer son propos, ARIDES est à même de séduire tous les amateurs de musique extrême qui n’ont cure des étiquettes, et ce constat est notable dès le premier titre, « Sur les Terres Oubliées ». On pense, inconsciemment, à l’écurie des Acteurs de l’Ombre, sans que nos amis du jour ne s’aventurent trop sur la terre Post, mais aussi à un mélange entre le BM canadien des jours de gloire, et celui tout aussi francophone des NIGHT, de PESTE NOIRE (en moins rebutant), et de cette scène française qui n’a de cesse de nous surprendre et de nous enthousiasmer de son allant et de sa créativité. Sur les Terres Oubliées, ce sont six morceaux dont une intro, et une moyenne de huit minutes par titre, ce qui au prime abord pourra déconcerter, mais qui finalement est un bienfait tant les idées développées rendent fascinantes ces explorations harmoniques. En combinant la fougue d’un BM tirant sur le Heavy (école IMMORTAL des années progressives, en moins pompeux), les alliances mélodiques incessantes, et les breaks multiples mais heureux, ARIDES parvient à dégager un consensus entre Black épique, atmosphérique et progressif, sans jamais se montrer vaniteux ni fat de vacuité. Difficile d’ailleurs de placer en avant un titre plutôt qu’un autre, puisqu’ils sont tous différents et complémentaires, même si « Paysage Solitaire » du haut de ses dix minutes fait un peu figure de modèle parfait.

Evitant l’évidence de riffs frontaux éculés jusqu’à la corde de mi, H.V. triture son instrument pour lui faire adopter des courbures en contrejour, tandis que sa voix, plus formellement ancrée dans la tradition se fixe sur un raclage de gorge typique, mais maîtrisé. D’ailleurs, les longs passages instrumentaux soulignent le caractère d’accompagnement de sa voix, plutôt que de celui de narrateur, et on se rappelle avec plaisir des moments les plus fertiles de la carrière de DISSECTION, spécialement lorsque la machine ralentit ou au contraire s’emballe, rapprochant Sur les Terres Oubliées de Storm of the Light’s Bane ou The Somberlain. Et si cette chronique s’apparente à un dithyrambe légèrement excessif, les louanges sont pourtant mérités, le genre étant plus qu’encombré par des travaux hautement dispensables…Mais en se basant sur les théories les plus évolutionnistes du créneau, les français nous donnent une leçon d’efficacité et de majesté, ne reculant devant aucun pont étiré pour imposer son point de vue, et taquinant de temps à autre le spectre du Post-Metal lorsque les guitares évoluent en circonvolutions mélodiques. Dans ces moments-là, la violence des lignes de chant et les harmonies instrumentales, loin de rentrer en conflit, créent un climat oppressant, délicat, suffocant, et dessinent des images de lande désolée, sous une pluie à verse, qui colle parfaitement à l’esthétique voulue. On retrouve alors le lien avec la pochette de l’album, et ses tons bleutés de nuit perdue, particulièrement lorsque résonnent les premières notes du final emphatique « Désolation ».

Car en plus de chapitres distincts et variés, Sur les Terres Oubliées semble respecter une logique de progression en descente aux enfers, nous entraînant vers le bas en nous tirant vers le haut. La dépression n’est pas loin, mais les harmonies amères évitent l’écueil du glauque gratuit et des étouffements Doom dispensables, même lorsque le tempo se veut économe sur les BPM. Un peu de PARADISE LOST des débuts en version plus sombre, un peu MY DYNING BRIDE pour cette mélancolie de fond, mais totalement ARIDES en définitive, ce premier LP vient donc sanctionner quatre années d’une carrière qui ont été mises à profit pour accoucher d’une œuvre pleine, qui se révèlera à vous au fur et à mesure des écoutes. Ce qui confirme donc en forme de boucle mon postulat de départ, à savoir qu’ARIDES est l’archétype même du groupe qu’il faut connaître.  

   

Titres de l’album :

                             1.  Sur les Terres Oubliées

                             2.  Traversée

                             3.  Forteresse Noire

                             4.  La Nostalgie de l'Être

                             5.  Paysage Solitaire

                             6.  Désolation

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par mortne2001 le 23/08/2019 à 18:11
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@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)

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Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)

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Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose.  En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante

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@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.

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