Vous trouvez parfois votre Metal un peu tristounet, autocentré, trop porté sur la nostalgie pour satisfaire son époque. Je vous comprends. Loin d’un caprice ou d’un reproche non mérité, ce constat est factuel et repose sur la teneur artistique d’une bonne partie de la production actuelle qui ne trouve rien de mieux à faire que de loucher sur le passé pour ne pas avoir à se gratter la tête. Heureusement pour nous, de temps à autres, un groupe vient ou revient sur le devant de la scène avec des arguments plus contemporains et solides. C’est donc avec un plaisir non feint que nous célébrons le cinquième album des suisses de SILVER DUST, qui de leur poussière argentée soufflent un vent de magie sur l’actualité musicale.
Quatre albums, des tournées, des scènes partagées avec MASS HYSTERIA, ELUVEITIE, les DEFTONES, CRUCIFIED BARBARA, KYO ou THE OFFSPRING, et donc une sacrée expérience acquise à la force du poignet depuis la sortie en 2013 de Lost in Time. Plus d’une décennie, largement de quoi justifier un bilan intermédiaire, alors même que le quatuor repose son comeback sur deux arguments massifs.
Le premier concerne des ambitions renouvelées. Si Symphony Of Chaos semble s’échiner à mériter son titre à chaque morceau, il incarne aussi une sorte de renouveau, dans la grandiloquence et la puissance. On retrouve cette rythmique énorme qui fait trembler les murs, ce chant ouvertement théâtral et cette guitare qui lamine des riffs simples, mais d’une amplitude gigantesque.
Le second est plus personnel, mais a déjà ravi les fans. Le retour derrière le kit de Mr.Killjoy, présent entre 2014 et 2018, et revenu à la maison pour de bon. Il convenait donc de fêter l’évènement avec un album ad hoc, évidemment excessif, ouvertement suggestif, et ponctué de riffs aussi aiguisés qu’un couteau de lanceur de cirque. Les suisses ont donc vu les choses en grand, et proposent un disque intense, dense, hypnotique et exacerbé. Exactement ce qu’on attend d’eux, et qui trouve ici un pinacle auquel il est difficile de résister.
Pour résumer les choses aux néophytes pas encore acquis à la cause, disons que les SILVER DUST louvoient entre les genres pour créer le leur. Un entre-deux KORN/ALICE IN CHAINS avec ce sens du baroque qu’on retrouvait chez KING DIAMOND ou DIABLO SWING ORCHESTRA, chœurs évanescents en avant, et violence maîtrisée. Une représentation à guichets fermés pour un parterre trié sur le volet, et une énergie de tous les diables pour convaincre la plèbe du retour des ténèbres sur le monde.
Symphony Of Chaos ne répond de rien, mais assume tout. Lord Campbell domine évidemment les débats de sa guitare et de sa voix caverneuse et sentencieuse, et le leader au look très étudié est toujours ce maître loyal de la pénombre dont on ne distingue que les yeux plaqués de lentilles de contact à la MANSON. A ses côtés, le reste du line-up donne de sa personne, pour transformer l’estrade en scène de festival itinérant. Kurghan à la basse, Neiros à la guitare, et ce percussionniste revenu d’entre les morts et déjà évoqué plus haut, l’équipe est fine, et sûre de son coup. Un coup pas du tout pendable, et des canines plantées dans le cou, pour un trip atmosphérique qui rappelle bien des stigmates nineties, lorsque Devin Townsend commençait méchamment à loucher sur le Cyberpunk et toutes ses déviances électronico-grandiloquentes.
Nonobstant toutes ces remarques positives, il convient de placer un garde-fou pour ne pas perdre les visiteurs occasionnels. Si le Metal proposé par les suisses est évidemment éclectique et ouvert, il n’en est pas moins régi par des règles fixes qui peuvent donner l’impression d’un statisme un peu forcé. Les riffs, basés sur un principe de syncopes classiques se ressemblent souvent, mais heureusement, le groupe a aménagé des espaces moins confinés, s’en remettant à la nostalgie amère pour ne pas étouffer (« Goodbye », qui sonne comme une fausse ballade d’Ozzy Osbourne).
D’ailleurs, comme souvent, la deuxième partie de l’album est plus diversifiée, ce qui permet de garder son attention intacte. « Lucifer's Maze » et son petit côté MANSON alternatif et post-Grunge, « Devil's Dance », dansant comme du KMFDM chez les frères vampires, et « The Masters Of Fright » thrashy en diable apportent du sang neuf dans les veines, et valident les idées formulées en intégralité.
Symphony Of Chaos est donc construit comme une œuvre globale, et se présente sous un jour très séduisant. On imagine sans peine la portée de ce nouveau répertoire live, et son impact sur les âmes torturées et les psychés vicieuses et dépravées.
Entre gothique, Nu Metal, Metalcore et Shock Rock à la Alice Cooper, avec ce petit plus circassien qui permet quelques arrangements qui sentent bon la sciure, SILVER DUST reste fidèle à sa mise en scène très personnelle, et propose une pièce en douze actes qui se termine sur un « Le Squelette Crâneur » évaporé et écrasant à la fois. De bonnes surprises, des déguisements toujours aussi alléchants, une attitude bravache, et la satisfaction du travail bien fait, entre illusion de masse et tour de passe-passe d’une lucidité qui trépasse.
Les monstres sortent de leur tanière, la nuit promet d’être fière, et les petits démons parcourent les parcs à la recherche de cœurs perdus. Attention aux flèches et aux dents trop pointues. Le théâtre de la vie est parfois cruel avec les romantiques.
Titres de l’album:
01. Fire!
02. Salve Regina
03. I'm Flying
04. Symphony Of Chaos
05. I Saw Your Light
06. Down
07. Goodbye
08. Lucifer's Maze
09. Devil's Dance
10. The Masters Of Fright
11. No Matter How Far Away
12. Le Squelette Crâneur (Bonus Track)
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
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Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19