Il faut quand même avoir une certaine dose de culot pour oser sortir en 2017 un album de Techno-Thrash faisant directement référence aux plus grandes influences du genre. Si la vague rétro a donné lieu à des copier/coller Heavy, Death, Thrash, de tous horizons, autant dire que le Techno-Thrash n’a pas vraiment bénéficié d’un relifting particulier, représentant sans doute un style beaucoup trop hermétique et respecté pour être trituré. Les esthètes le savent, les tables de lois ont depuis longtemps été gravées par des groupes comme CORONER, VOÏVOD (quoique dans le cas de ces derniers, le terme ne soit pas des plus appropriés), WATCHTOWER, SIEGES EVEN, HEXENHAUS et MEKONG DELTA, et une relecture de ces dernières est un jeu très dangereux, tout du moins une entreprise de confiance totale en ses propres moyens, tout comme une attente certaine de compréhension de la part d’un public qui n’est pas forcément réputé pour sa tolérance. Mais la problématique est concrète, et le lecteur/auditeur de se demander très légitimement quelle folie peut pousser des musiciens à vouloir passer après des œuvres majeures telles que Control And Resistance, No More Color, Dimension Hatross, Lifecycles ou The Music Of Erich Zann, au risque de se vautrer lamentablement créativement et techniquement parlant, ou de sombrer dans la paraphrase la plus redondante et ridicule. Mais le ridicule ne tuant pas et rendant même plus fort parfois, les canadiens de DROID ont tenté ce coup de poker ultime l’année dernière, en publiant leur premier longue-durée, aujourd’hui promis à une seconde jeunesse. Publié à l’origine en format CD par le label Nightbreaker Records, Terrestrial Mutations connaîtra donc dès le mois d’août une seconde jeunesse en vinyle via Shadow Kingdom, dont les responsables ont été suffisamment impressionnés pour le rééditer en rondelle, et nous l’offrir sur un plateau. Et si l’œuvre en question ne tient pas forcément la comparaison avec les incunables, elle n’en présente pas moins d’indéniables qualités, et une sacré dose de ce culot que j’évoquais en préambule.
Fondé en 2012 du côté de Brampton/Mississauga, Ontario, DROID se présente sous la forme d’un trio (Jacob Montgomery - guitare/chant, Chris Riley - basse et Sebastian Alcamo - batterie), et a choisi de rester dans un créneau assez généraliste de Metal, sans plus de précisions. Déjà responsables de deux démos (Malfunction en 2013 et Promo 2014 la même année), et d’un introductif EP (Disconnected en 2015), les trois amis du froid ont donc franchi le pas du LP en 2017, via cet impénétrable Terrestrial Mutations aux sinuosités assez fascinantes. Evoluant plus dans un secteur de Thrash progressif que de Techno-Thrash à proprement parler, ce premier longue-durée fait la part belle aux ambiances, et n’appuie pas trop sur la technique pour ne pas rebuter, mais autant dire que les trois musiciens possèdent tous un bagage certain, qu’ils mettent au service d’une musique intriguante, légèrement psychédélique sur les bords, mais surtout, violemment évolutive. Ne négligeant pas l’apport d’un riff redondant et d’une rythmique stable, les DROID refusent donc de tomber dans le piège de la démonstration pure, et se rapprochent donc plus de la période de transition de VOÏVOD que des délires Techno-Jazz d’Alan Tecchio and co. D’ailleurs, leurs influences revendiquées couvrent un spectre assez large et éclectique, puisque les citations vont de MEGADETH, MOTORHEAD, CELTIC FROST et BULLDOZER à QUEENSRYCHE, FATES WARNING, ANNIHILATOR, HOLY MOSES, TOXIK et bien évidemment, VOIVOD et CORONER. Une juste moyenne trouvée entre la violence du propos et la finesse du staccato ? C’est un peu sous cet aspect-là qu’il convient de voir les choses, puisque cet album se veut plus attaque cohérente que catalogue de prouesses instrumentales superfétatoires…
Il est d’ailleurs tout à fait possible d’y voir une union pas si contre nature que ça entre la fausse simplicité d’apparence des RUSH et les imbrications en céphalées carabinées d’HEXENHAUS, le tout traité au prisme délirant et fantasmagorique des VOÏVOD. De nombreux titres semblent par leur longueur et leur développement s’évertuer à synthétiser toutes les tendances déviantes en vogue dans les années 80, adoptant la posture sombre des HELLHAMMER/CELTIC FROST, les heurts rythmiques de CORONER, et la fluidité mélodique des FATES WARNING, tout en gardant sous le coude la liberté d’expérimentation de Snake, Piggy, Blacky et Away (« Terrestrial Mutation »). Le mélange est donc assez étonnant, et surtout, très éloigné du résultat escompté des m’as-tu-vu qui confondent souvent densité et stérilité. Bien évidemment, tout n’est pas parfait, et certains plans un peu longs ont tendance à plomber un peu le rythme de l’avancée, spécialement lorsque le chrono continue de tourner sur les morceaux les plus développés. Il faut dire que les trois musiciens n’ont pas hésité à se lâcher, puisque trois chapitres excèdent les huit, neuf et dix minutes, sans vraiment combler les trous de plans qui se répercutent avec logique et malice. Heureusement pour nous, quelques intermèdes sont judicieusement placés, à l’instar de ce sauvage et percutant « Cosmic Debt » évoquant le meilleur des TANK et de WARFARE, ou cette entame intelligente « Amorphous Forms (Shapeless Shadows) », qui nous aiguille sur la piste heurtée des ATHEIST et autres TARGET.
Et si la voix très étouffée et presque Hardcore de Jacob peut parfois faire penser au versant le plus brutal du Crossover (D.B.C ou les CRUMBSUCKERS par exemple), si les riffs ne jouent pas vraiment la franchise du Metal le plus limpide (« Temptations of Terminal Progress », les enseignements du regretté Piggy ne sont pas tous tombés dans des oreilles sourdes), le tout se montre suffisamment intéressant pour captiver l’attention des plus nostalgiques d’entre nous, surtout lorsque l’ambiance se trouble et que le propos se densifie (« Excommunicated », presque Death dans le fond, mais terriblement ambivalent dans la forme). Le principal reproche à formuler à l’encontre d’un premier album assez provocant pour mériter votre passion réside donc dans ces vides que le groupe peine parfois à combler, et qui se retrouve encombrés de passages un peu répétitifs et ondulatoires qui auraient gagné à être expurgés. Mais les idées semblent parfois abonder, comme en témoigne le final ambitieux « Mission Drift », qui de ses dix minutes et quelques parvient à instaurer un climat vraiment étrange et délétère, et qui nous ramène à l’orée des années 90, lorsque le Thrash commençait à adopter une forme moins rigide et à accepter des références extérieures (MORDRED et MIND OVER FOUR en étant les meilleurs exemples). Du coup, le petit jeu des comparaisons avec les chefs d’œuvre de déraison ne joue pas forcément en défaveur des canadiens, qui tirent leur épingle du jeu et leur double croche de la partition. On souhaitera quand même à l’avenir une plus grande aération de l’inspiration, et surtout, une complaisance mieux gérée qui évitera ces longueurs déplacées. Mais Terrestrial Mutations n’en reste pas moins un album qui méritait une nouvelle exposition, et gageons que sa version vinyle connaîtra un beau succès auprès des amateurs éclairés.
Titres de l'album:
1. Amorphous Forms (Shapeless Shadows)
2. Suspended Animation
3. Abandoned Celestial State
4. Terrestrial Mutation
5. Pain Of Reincarnation
6. Temptations Of Terminal Progress
7. Cosmic Debt
8. Excommunicated
9. Mission Drift
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