Ne vous fiez surtout pas à leurs têtes de poupons, ces gars-là savent thrasher. Ils l’ont d’ailleurs prouvé sur un premier album paru il y a trois ans, Death by Fire. Alors, après le feu, quoi ? Les cendres ? L’odeur de plastique, de chair humaine, la disparition complète du cadavre ? Peut-être, mais avant tout, l’internement pour maladie mentale grave. Et là encore, ne vous laissez pas abuser par cette pochette rigolarde dessinée au mortier, avec des personnages mal dégrossis et cette figure centrale cauchemardesque. Le Thrash des américains est tout ce qu’il y a de plus sérieux, étayé, solide et renforcé.
SELF INFLICTED revient donc en 2025 avec les armes affutées, et le regard appuyé. Les quatre résidents de Mercer, Pennsylvania ont acquis de l’expérience, et la mettent au profit d’une musique lourde, rapide, agressive et sans concession, dans la plus droite lignée des nostalgiques OS des années 80. Old-school par passion, rétrograde par conviction, Terrors of a Demented Mind est un ajout de poids au dossier rétro, qui de semaine en semaine ressemble de plus en plus au bottin de Los Angeles.
On se souvient de la jeunesse extrême des DEATH ANGEL au moment d’enregistrer leur première démo, et les SELF INFLICTED nous rappellent justement que l’âge n’a aucun lien avec les capacités et les convictions. En se basant sur un principe simple d’accumulation de riffs, le quatuor (Jonathan Wilson - guitare/chant, Jake Bell - guitare/chant, Tyler Gaydek - basse/chœurs et Logan Gaydek - batterie) propose des pistes intéressantes, et surtout, agrémentées de fantaisies techniques ne nuisant aucunement à la bestialité modérée de l’ensemble. Ainsi, l’excellent et mid tempo « Brain Wash » évoque justement le DEATH ANGEL de The Ultraviolence, tout en prenant des cours chez les australiens de MORTAL SIN.
Proche de l’underground le plus précieux des Etats-Unis, ce second long est une mine d’informations. Loin du Crossover le plus facile et assimilable, Terrors of a Demented Mind reste purement Thrash et donc Metal, bien que la basse de Tyler Gaydek claque parfois comme celle d’un NUCLEAR ASSAULT en pleine manifestation. Le chant, rauque et enterré est lui aussi un sacré atout, qui nous fait réaliser qu’entre le tongue in cheek et les déglutitions graves il existe un no man’s land un peu Hardcore, et surtout, d’une fermeté exemplaire. « Rat Race » est justement l’occasion rêvée de tenter l’aventure sur ce lopin de terre aride, avec une fluidité incroyable dans l’enchaînement des idées.
Avec une moyenne de cinq minutes par morceau, la bande a vu large, et déroule un spectre musical assez conséquent. Bondissant et trépidant, ce Thrash alerte et épais est une bouée de sauvetage dans l’océan des sorties prévisibles comme un discours présidentiel, en appliquant une recette simple : ne conserver que les idées les plus porteuses, et laisser s’exprimer la finesse au moment le plus adapté.
Presque Progressif, mais en tout cas sacrément évolutif, Terrors of a Demented Mind résume avec panache l’underground Thrash des eighties, lorsque le vocable était connu et donc sujet à changement et modulation. On retrouve toutes les composantes de ce style qui nous a tant fait vibrer, cette façon de saccader un riff à outrance, cette ambition rythmique niant le statisme, et surtout, la fougue juvénile de musiciens bien décidés à extérioriser leur rage intérieure pour mieux la formaliser. Cet exutoire trouve son parangon sur le contagieux « Killing Spree », méchant comme un pitbull affamé, et accrocheur comme un uppercut en plein dans le nez.
Et c’est justement cette alternance qui rend cet album si passionnant. On ne sait jamais vraiment à quelle sauce on va être croqué, et « Terrors of a Demented Mind » de porter à ébullition la marmite pour présenter un plat bouillant et savoureux. Quelque part entre le DEATHROW mature et le VIO-LENCE le plus sûr, SELF INFLICTED est un coup de cutter bien placé, pour graver dans la chair tous les péchés d’une scène salement énervée.
Intelligent, viscéral et ludique, ce deuxième long est une véritable leçon donnée à tous les suiveurs un peu trop ordonnés. Les instincts mélodiques de METALLICA et TESTAMENT sont même tangibles sur le parfait « Anathematize », qui interrompt brusquement les débats pour oser une plage plus paisible et harmonieuse.
N’accélérant le tempo que lorsque la compo le réclame, cassant l’avancée pour se mettre en accord avec les thématiques Techno-Thrash, Terrors of a Demented Mind est une folie à quatre que l’on partage avec un plaisir non feint. Quelques assombrissements pour des sifflantes ad hoc, un mid tempo qui vous secoue le froc, des shorts laissés au placard pour que le sérieux ne vire pas ringard, et un panache indéniable pour trousser des hymnes complexes mais terriblement percutants (« Tetanus Slam »).
Il est vraiment plaisant de constater que la nouvelle génération old-school commence à se les remuer pour ne pas sombrer dans le pastiche programmé. Doués au moment de laisser l’instrumental s’exprimer, inspirés lorsque le chant débite ses arguments avec une belle fermeté, capables d’emballer la machine pour mieux débiter (« Truth of Existence »), ou au contraire d’éviter la surchauffe pour que la chaleur se répande de manière homogène (« Shadow of the Night », final évolutif en diable et point d’orgue d’une méthode efficace), les jeunes américains en remontrent à leurs homologues plus âgés, persuadés qu’ils incarnent toujours la quintessence d’une nostalgie pérennisée.
SELF INFLICTED, des bouilles à bisous pour une musique qui rend fou. On n’évitera peut-être pas l’asile, mais on y sera en bonne compagnie.
Titres de l’album:
01. Lost in the Dark
02. Brain Wash
03. Rat Race
04. Killing Spree
05. Terrors of a Demented Mind
06. Anathematize
07. Tetanus Slam
08. Truth of Existence
09. Shadow of the Night
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36