Mettons de côté tout esprit critique (ce qui est antinomique avec la mission qui nous a été confiée), et apprécions un album pour ses qualités en faisant abstraction de ses défauts. C’est pratiquement devenu une obligation pour traiter avec un minimum de condescendance les représentants de la vague revival Thrash qui depuis dix ans nous inondent de sorties, sous peine de tirer à boulets rouges sur des groupes compétents, mais pas forcément regardants en termes d’originalité. Et parfois, ce manque d’ambition qui le confine parfois à la citation à la virgule près semble pencher du côté du ravin du plagiat, tant les soli, les riffs, les rythmiques et les lignes vocales se plaisent à reproduire in extenso des plans déjà éprouvés par des figures de légende, à tel point qu’en étant un peu étourdi, on finit par se demander qui a crié et créé quoi. Et une fois de temps en temps, le mimétisme est à ce point parfait qu’on ne peut que tomber en pamoison face au travail de reproduction, les cas d’école devenant légion, et connus de vous si vous lisez ces lignes. Entre les admirateurs de l’EXODUS de 84/85, les fanatiques du MEGADETH de 87/88, les accros au METALLICA de 89 et les furieux du SUICIDAL TENDENCIES époque skate et fusion à Venice, on y perd son latin californien en route, et on en vient même à laver son short en jean, pourtant remisé depuis la première coupe de mulet de James Hetfield. Et dans la catégorie « pourquoi chercher plus loin ce que des maîtres ont déjà enseigné avec brio », la palme revient ce mois-ci aux américains de SUBTYPE ZERO, qui pendant une petite demi-heure, s’ingénient à singer les tics d’un des quatre du Big4 avec une malice et un talent indéniables, mais aussi un cruel manque de recul qui les condamne à se placer dans l’ombre de cet illustre modèle.
Pas vraiment des nouveaux-venus sur la scène, puisque leur formation remonte à 2013 sous le nom de CRINGE, qui leur servira de baptême pendant cinq ans, histoire de publier deux ou trois trucs, dont des splits, qu’on retrouvera sous forme de compilation en 2018. Les SUBTYPE ZERO redémarrent donc presque de zéro, et nous ont offert en fin d’été dernier leur premier longue-durée, ce The Astral Awakening, qui comme son nom l’indique, à de faux airs de voyage astral vers le passé, pour réintégrer un corps cryogénisé depuis 1988, attendant patiemment d’être réveillé pour continuer sa route et atteindre son but coûte que coûte. Et pour ne pas cacher plus longtemps des affinités qui vous crèveront les tympans dès les premières minutes de ce LP, ce quintette affamé (Hector Rivera, Steve Buhl, Alex Podmore, Dalton Edwards, Lance Buckley) n’a en effet pas son lexique de SLAYER dans sa poche, et semble à même de prétendre au titre de clone le plus appliqué, mais aussi l’un des plus talentueux. Car tout y passe, des accélérations subites à la Lombardo aux soli déraillés de la paire Hanneman/King, en passant par ces syncopes de riffs électriques qui nous ramènent droit à la période de transition d’Araya & co, citant même des albums comme Divine Intervention et Diabolus In Musica dans le texte. Et en extrapolant un peu, il serait même possible de voir en cette première réalisation une transposition des fantasmes Hardcore de SLAYER, ceux-là même que le quatuor avait tenté de formaliser sur Undisputed Attitude en reprenant quelques standards du cru, puisque les SUBTYPE ZERO agrémentent leur formalisme Thrash et leurs obsessions de quelques teintes Crossover de bon ton, histoire d’enrichir leur bréviaire de quelques citations D.R.I, tout en gardant sous le coude les assombrissements du plus grand combo Thrash de tous les temps.
Adoptant un chant proche d’un Tom Araya en rupture d’aigus hystériques, et se faisant un malin plaisir de reproduire à la croche près des thèmes utilisés sur les albums du gang californien, cette bande de passionnés sans vergogne nous bluffe donc d’un premier LP à la lisière du Thrash le plus féroce et du Hardcore le plus véloce, et n’évite donc pas les accusations de plagiat dont ils ne manqueront pas de faire l’objet une fois leur premier jet avalé. S’il est certain que les clins d’œil sont plus qu’appuyés (parfois les soli semblent exhumés d’une portion inédite de Seasons In The Abyss ou de Reign In Blood), et que l’ambiance globale est largement calquée, les originaires de l’Ohio n’en sont pas moins de très habiles faiseurs, et de grands séducteurs, puisqu’ils parviennent à se faire pardonner d’une folie et d’une intensité qui font plaisir à écouter, et ce, sans discontinuer. Avec moins de trente minutes au compteur (vous avez dit Reign In Blood ? Mauvaise langue…), The Astral Awakening ne nous laisse donc pas le temps de souffler, même si parfois les comparaisons et autres métaphores sont tout de même un peu exagérées (« Inhumane », on n’avait pas vu une telle ressemblance depuis les premiers méfaits d’EXUMER…). Mais en variant le propos, et en densifiant quelque peu la dose Core sur le feu, le quintette parvient parfois à s’extirper de sa condition de copie carbone, pour acquérir une vraie personnalité et nous surprendre d’un Crossover assez bien troussé (« Cerebral Cage »). Mais les plans singés sur leurs illustres modèles constituant la globalité de l’ossature de ce premier LP, il est donc difficile de faire preuve d’objectivité à moins justement de remiser tous nos principes d’éthique pour se baser sur l’efficacité. Et celle-ci est patente, et assez affolante, et autant dire qu’une fois les doutes dissipés et la clémence activée, on s’éclate vraiment à l’écoute de ces douze morceaux à la puissance dévastatrice, qui nous catapultent trente ans en arrière et transforment les SUBTYPE ZERO en prototype de combo purement 80’s exilé dans le temps.
Production nickel qui a quand même tendance à noyer la basse dans le mix pour la laisser respirer à la D.D. Verni une fois de temps en temps, son de guitare qui paie son tribut aux hululements de Jeff et Kerry, breaks coupés pile comme il faut et au biseau, le résultat est donc parfait, et surtout, d’une percussion diabolique. Il est en effet difficile malgré les analogies flagrantes de ne pas headbanguer sa mère à l’écoute de « Blinded by Light » ou « Twisted Obsession », et même si les morceaux se ressemblent beaucoup, ils n’en gardent pas moins ce je-ne-sais-quoi d’atomique qui les rend juste assez fous pour être assimilés d’un coup. Alors, j’en conviens, il faut parfois ranger sa mémoire SLAYER dans un coin pour apprécier l’ouvrage, mais pour peu que le plumage vous intéresse plus que le ramage, ce The Astral Awakening vous séduira pour ses ravages et ses dommages, et après tout, inutile d’en faire un fromage. Voyez-y plutôt une sorte de caprice des Dieux.
Titres de l'album :
1. Blinded by Light
2. Shrouded Mestasis
3. Become Insane
4. Unprecedented Salvation
5. Twisted Obsession
6. Flesh Famine
7. The astral Awakening
8. Sin of the Innocent
9. Relentless Cleansing
10. F.T.C.
11. Inhumane
12. Cerebral Cage
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
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