Un single ? Oui, la pertinence de la démarche peut frapper, d’autant plus qu’une simple notule suffirait à signaler la parution de ce 7’’ dans nos colonnes. Sauf que ce simple n’est pas n’importe quel simple…Il est le fruit d’une longue réflexion, et surtout, d’une résurrection, celle d’un groupe que l’on n’attendait plus, mais qui nous a tant donné de son vécu…Il est utile pour cela de faire un saut dans le passé, histoire de redéfinir le parcours d’un des combos suisses les plus essentiels des années 1990/2000, les NOSTROMO, de Genève, qui en leur temps furent (et son toujours) considérés comme les fers de lance du renouveau Hardcore métallique à tendance précis et aux accointances légèrement Grind sur les bords. Combinant sur trois albums (Argue en 1998, Ecce Lex en 2002 et le chapitre final Hysteron-Proteron en 2004) la rigueur rythmique d’un MESHUGGAH et la violence générique de NAPALM DEATH et autres foutraques de la violence, le quatuor incarnait une sorte d’acmé de brutalité, qui ne s’est jamais démentie malgré les années de hiatus passées dans l’ombre. Et alors qu’on pensait le concept rangé sur l’étagère des souvenirs du patrimoine, voilà que la réalité a rattrapé le fantasme, et que les musiciens ont discrètement décidé de revenir sous les feux de l’actualité pour foutre un peu le bordel dans la morosité ambiante…Et en reprenant contact de la façon la plus humble mais bruyante qui soit, les NOSTROMO (du nom du célèbre vaisseau de fret d’Alien, histoire de prendre pour référence une image évoquant la distance, les ténèbres et la tragédie) ont fait le bon choix, puisque malgré sa brièveté affiché, cet Uraeus (considéré comme un EP, mais d’une durée plus proche d’un single) se montre d’une importance cruciale, en replaçant les débats sur le terrain de l’éthique brutale et de l’esthétisme fatal. Rien de moins.
Au menu, deux morceaux donc, les premiers depuis treize ans, ce qui mérite largement d’être souligné activement. Une compo, mais aussi une reprise, celle du légendaire « Corrosion » des séminaux NASUM, histoire de rendre un hommage mérité au maître Mieszko, avec qui NOSTROMO avait tourné et enregistré son dernier album studio Ecce Lex. Cette cover, loin d’être anecdotique, fait directement référence au passé illustre du groupe, mais aussi aux amitiés qu’il a pu nouer dans le business, mais le tourne aussi vers l’avenir en signant son nouveau grand soir. Fraichement reformé depuis 2016, le quatuor (Javier - chant, Jérôme - guitare, Lad - basse et Maik - batterie) y montre les dents, et démontre qu’il n’a absolument rien perdu de sa puissance dévastatrice et de ses références castratrices. Plus qu’une révérence polie, cette appropriation est quasiment une déclaration d’amour à postériori à un membre estimé de la famille, qui fut compagnon de route et mentor, et parvient même à surpasser l’original en termes d’intensité et de brutalité. Mais on le sait, les suisses ont une relation particulière avec la violence, qu’ils aiment agencée et carrée, et de fait, l’introductif « Uraeus », qui tout en restant dans la lignée de leur production historique, ouvre de nouvelles perspectives, toujours aussi agressives et précises. On y sent un combo franchement remonté, et bien décidé à reprendre sa place prépondérante sur la scène suisse, tout comme son importance cruciale sur la scène mondiale. Et avec un morceau pareil dans les bagages, nul doute que NOSTROMO va marquer les esprits et les tympans au fer rouge, tant ce morceau évoque avec brio le manque d’empathie et le génie rythmique de MESHUGGAH, et les bourrasques sans pitié de la vague des KNUT (dont ils furent très proches aussi).
Il n’est pas difficile de comprendre à l’écoute de ce nouvel EP pourquoi les genevois furent à l’époque choisis par les légendes SLAYER, MOTORHEAD, MASTODON, ou CONVERGE comme ouverture, tant « Uraeus » est aussi clair que terriblement personnel. On y retrouve ces riffs à mi-chemin entre Thrash et Hardcore, cette rythmique en pulsations, placée sous l’égide des Lombardo, Haake et autre Ted Parsons, et ce chant si caractéristiquement haineux, exhortant le public à réagir en masse pour offrir un spectacle digne d’un Armageddon humain en concert. Dense comme un coup fourré arythmique, combinant les battements réguliers, les syncopes et les blasts, fin comme la caresse du fouet d’une basse grondante sur l’échine, complexe comme une crise de schizophrénie, mais franc comme un vice impuni, ce morceau ressuscite l’esprit d’un groupe qu’on croyait perdu dans les limbes du passé, et prouve qu’il a encore beaucoup de choses à donner. Acuité instrumentale, rage primale, pour un choc frontal, avant que cette fameuse reprise de NASUM ne nous colle au sol pour nous laisser K.O, et la messe est dite en six minutes précises pour ne pas ruiner l’effet de surprise. Et cette surprise est aussi énorme que bonne, puisqu’on retrouve un quatuor au sommet de sa forme, dont on espère sincèrement un album dans un court laps de temps. Que les amateurs de Hardcore métallisé à l’extrême se réjouissent, l’un de leur héros a terminé sa glisse, et remonte la pente, se hissant une fois encore au firmament. Une identité propre qui ne s’est jamais démentie, et qui démontre que patience et brièveté de temps font autant de dégâts que force et rage à présent.
La suite, vite !
Titres de l'album:
Oh mais je ne sais que trop bien que les premiers DIMMU sont typés "vrai"...(Une fois de plus, mon intervention précédente n'était en réalité que boutade chers amis)Mais même à l'époque de leurs sortie(...)
21/04/2021, 10:07
Putain...Après la box "Paranoid" et "Vol 4", encore une qu'il va me falloir acheter...Font chier à en sortir autant bordel ! J'suis pas Crésus moi merde !PS : Par contre, j'comprends pas trop leur façon(...)
21/04/2021, 10:02
Je ne comprendrai jamais l'intérêt pour ce groupe. Pour moi tout l'apport de Fear Factory tient en deux ou trois morceaux sur Demanufacture plutôt sympathiques en dépit d'une durée de vie très faible (vraiment le genre dont je me désin(...)
21/04/2021, 08:29
Bien plus convainquant sur album que sur l'EP partagé avec Vektor.Ca donne envie de s'y pencher !Merci pour la chro :)
21/04/2021, 08:25
Le black n'est certainement pas mort car il y a énormément de gens qui y sont extrêmement attachés et continuent à le faire vivre, et j'ai énormément de respect pour eux. Par contre pour quelqu'un comme moi dont les goûts dans l(...)
21/04/2021, 08:23
L'album que j'aime le moins des 7 premiers Sabbath: c'est vraiment pas fait pour moi!
21/04/2021, 08:15
Y sont sacrément bons ces gars là ! Et ils ont le don de faire dans la surprise ! Nu Black sous le papier cadeau cette fois ! Je passe mon tour sur ce coup mais je serai là au prochain tirage !
20/04/2021, 20:06
Les premiers albums de Dimmu sont du "true black".Comme Behemoth si l'on veut, j'aurais du aller plus loin.Le Black type année 80 mi-90 quoi (meme si Dimmu est arrivé plus tard mais les premiers sonnes dans le genre).
20/04/2021, 19:47
En tout point d'accord avec cette (belle) chronique ! Cet album fut une vraie belle surprise de l'année passée.
19/04/2021, 21:28
J'ai jamais vraiment accroché a Pestilence, mais ce morceau est loin d'être degueu. Comme dit Simony, bien meilleur que les précédentes sorties récentes du groupe.
19/04/2021, 10:49
+1Je n'ai pas aimé Resurrection Macabre, à tel point que je n'ai pas posé une oreille sur Doctrine et Obsideo.Hadeon, je l'ai écouté uniquement parce qu'une interview de Mamelick disait qu'il revenait sur le passé d(...)
19/04/2021, 10:24
Ca me semble quand même bien plus intéressant que ce qu'ils ont produit depuis leur retour aux affaires.
19/04/2021, 09:59
Oups ! J'étais totalement passé à côté de cette chronique ! Merci @mortne2001 pour l'avoir rédigée !
19/04/2021, 08:48
OK, on reprend les bonnes vieilles recettes visibles sur Hadeon : on prend Testimony, on mélange avec Spheres et ça donne Hadeon et semble-t-il Exitivm.A voir.
19/04/2021, 08:44
Une sacrée bonne surprise de l énergie de l innovation le futur quoi ..Dommage que la tournée de juin soit annulée
18/04/2021, 19:48
Je réagis plutôt comme Buck Dancer. Mes attentes envers FF sont basses depuis longtemps. Je n'espère plus de grands titres comparables à ceux qui remontent aux années 90 (formulé comme ça, c'est encore plus dur). Si tout est à l&apo(...)
18/04/2021, 12:39