Uraeus

Nostromo

09/03/2018

L.o. Communication

Un single ? Oui, la pertinence de la démarche peut frapper, d’autant plus qu’une simple notule suffirait à signaler la parution de ce 7’’ dans nos colonnes. Sauf que ce simple n’est pas n’importe quel simple…Il est le fruit d’une longue réflexion, et surtout, d’une résurrection, celle d’un groupe que l’on n’attendait plus, mais qui nous a tant donné de son vécu…Il est utile pour cela de faire un saut dans le passé, histoire de redéfinir le parcours d’un des combos suisses les plus essentiels des années 1990/2000, les NOSTROMO, de Genève, qui en leur temps furent (et son toujours) considérés comme les fers de lance du renouveau Hardcore métallique à tendance précis et aux accointances légèrement Grind sur les bords. Combinant sur trois albums (Argue en 1998, Ecce Lex en 2002 et le chapitre final Hysteron-Proteron en 2004) la rigueur rythmique d’un MESHUGGAH et la violence générique de NAPALM DEATH et autres foutraques de la violence, le quatuor incarnait une sorte d’acmé de brutalité, qui ne s’est jamais démentie malgré les années de hiatus passées dans l’ombre. Et alors qu’on pensait le concept rangé sur l’étagère des souvenirs du patrimoine, voilà que la réalité a rattrapé le fantasme, et que les musiciens ont discrètement décidé de revenir sous les feux de l’actualité pour foutre un peu le bordel dans la morosité ambiante…Et en reprenant contact de la façon la plus humble mais bruyante qui soit, les NOSTROMO (du nom du célèbre vaisseau de fret d’Alien, histoire de prendre pour référence une image évoquant la distance, les ténèbres et la tragédie) ont fait le bon choix, puisque malgré sa brièveté affiché, cet Uraeus (considéré comme un EP, mais d’une durée plus proche d’un single) se montre d’une importance cruciale, en replaçant les débats sur le terrain de l’éthique brutale et de l’esthétisme fatal. Rien de moins.

Au menu, deux morceaux donc, les premiers depuis treize ans, ce qui mérite largement d’être souligné activement. Une compo, mais aussi une reprise, celle du légendaire « Corrosion » des séminaux NASUM, histoire de rendre un hommage mérité au maître Mieszko, avec qui NOSTROMO avait tourné et enregistré son dernier album studio Ecce Lex. Cette cover, loin d’être anecdotique, fait directement référence au passé illustre du groupe, mais aussi aux amitiés qu’il a pu nouer dans le business, mais le tourne aussi vers l’avenir en signant son nouveau grand soir. Fraichement reformé depuis 2016, le quatuor (Javier - chant, Jérôme - guitare, Lad - basse et Maik - batterie) y montre les dents, et démontre qu’il n’a absolument rien perdu de sa puissance dévastatrice et de ses références castratrices. Plus qu’une révérence polie, cette appropriation est quasiment une déclaration d’amour à postériori à un membre estimé de la famille, qui fut compagnon de route et mentor, et parvient même à surpasser l’original en termes d’intensité et de brutalité. Mais on le sait, les suisses ont une relation particulière avec la violence, qu’ils aiment agencée et carrée, et de fait, l’introductif « Uraeus », qui tout en restant dans la lignée de leur production historique, ouvre de nouvelles perspectives, toujours aussi agressives et précises. On y sent un combo franchement remonté, et bien décidé à reprendre sa place prépondérante sur la scène suisse, tout comme son importance cruciale sur la scène mondiale. Et avec un morceau pareil dans les bagages, nul doute que NOSTROMO va marquer les esprits et les tympans au fer rouge, tant ce morceau évoque avec brio le manque d’empathie et le génie rythmique de MESHUGGAH, et les bourrasques sans pitié de la vague des KNUT (dont ils furent très proches aussi).

Il n’est pas difficile de comprendre à l’écoute de ce nouvel EP pourquoi les genevois furent à l’époque choisis par les légendes SLAYER, MOTORHEAD, MASTODON, ou CONVERGE comme ouverture, tant « Uraeus » est aussi clair que terriblement personnel. On y retrouve ces riffs à mi-chemin entre Thrash et Hardcore, cette rythmique en pulsations, placée sous l’égide des Lombardo, Haake et autre Ted Parsons, et ce chant si caractéristiquement haineux, exhortant le public à réagir en masse pour offrir un spectacle digne d’un Armageddon humain en concert. Dense comme un coup fourré arythmique, combinant les battements réguliers, les syncopes et les blasts, fin comme la caresse du fouet d’une basse grondante sur l’échine, complexe comme une crise de schizophrénie, mais franc comme un vice impuni, ce morceau ressuscite l’esprit d’un groupe qu’on croyait perdu dans les limbes du passé, et prouve qu’il a encore beaucoup de choses à donner. Acuité instrumentale, rage primale, pour un choc frontal, avant que cette fameuse reprise de NASUM ne nous colle au sol pour nous laisser K.O, et la messe est dite en six minutes précises pour ne pas ruiner l’effet de surprise. Et cette surprise est aussi énorme que bonne, puisqu’on retrouve un quatuor au sommet de sa forme, dont on espère sincèrement un album dans un court laps de temps. Que les amateurs de Hardcore métallisé à l’extrême se réjouissent, l’un de leur héros a terminé sa glisse, et remonte la pente, se hissant une fois encore au firmament. Une identité propre qui ne s’est jamais démentie, et qui démontre que patience et brièveté de temps font autant de dégâts que force et rage à présent.

La suite, vite !


Titres de l'album:

  1. Uraeus
  2. Corrosion (NASUM cover)

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par mortne2001 le 20/03/2018 à 14:56
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