Urban Night

Cyntia

14/12/2016

Village Again Association

Il est de notoriété publique que depuis quelques années, le marché asiatique est friand de ces groupes de Rock féminins qui unissent en un même élan le Rock alternatif, le Hard Rock typique et le Power Metal épique, et les exemples deviennent si nombreux qu’il va bientôt falloir les recenser dans une encyclopédie pour viser l’exhaustivité.

Mais souvent, ces groupes aux looks similaires se perdent dans des considérations de J-Rock un peu trop sucré, et tiennent plus de la stratégie marketing que de véritables gangs prêts à mettre le monde à feu et à sang.

Ou au moins, leur pays natal…

Un autre exemple nous en est donné ce matin avec la sortie du cinquième LP des Japonaises de CYNTIA, qui une fois de plus associent look glamour et sexy et musique puissante tirant quand même méchamment vers une Pop très locale.

Mais les CYNTIA, contrairement à nombre de leurs homologues n’ont pas la productivité dans la poche, et malgré une formation récente (2012), ont empilé les sorties au point de fêter en ce mois de décembre leur cinquième longue durée, ce qui reconnaissons-le est une jolie performance.

Performance numérique certes, mais qu’en est-il de leur musique ?

Rien de très surprenant encore, puisque leurs chansons très accrocheuses respectent à la lettre les idéogrammes du cahier des charges, bien loin de la puissance Métal Manga des BABYMETAL, et plus proche d’autres références, comme ALDIOUS, DESTROSE ou MARY’S BLOOD, dans une optique beaucoup plus commerciale et adoucie.

Mais ne faisons pas la fine bouche, puisque tout ça est joué d’une belle énergie juvénile, et que leurs morceaux sentent le hit à plein nez, pour peu que le J-Rock soit votre bol de saké favori.

Premier single en 2012, puis une signature importante avec le label Victor Entertainment, des tournées homériques, des passages en première partie assez marquants, dont un concert face à cinquante mille personnes, tout ça a de quoi donner le tournis, mais l’industrie locale étant ce qu’elle est, le phénomène est à la hauteur de la démesure asiatique.

Nonobstant ces préjugés qui ont la vie dure, les CYNTIA proposent avec Urban Night un album qui pourrait servir de mètre étalon du genre, bourré à craquer de mélodies irrésistibles et énergiques, joué avec beaucoup de conviction, à défaut d’une quelconque originalité.

Des guitares distordues bien propres, un chant délicieusement adolescent, des rythmiques qui rebondissent tout en soutenant l’instrumental assez solidement, et surtout, un maximum de refrains à reprendre entre copines pendant une soirée pyjama.

On pourrait dans un accès de facilité tout résumer à cette pochette aux tons pastel très prononcés, qui évoquent une nuit de musique très chamarrée. Et si tout ça paraît très superficiel vu de l’extérieur, il serait injuste de réduire ces quatre musiciennes au simple rôle de marionnettes de maison de disques, puisque leur approche est quand même suffisamment aguicheuse mais crédible pour vous séduire, pendant au moins une petite quarantaine de minutes.

Urban Night, c’est une ballade dans les rues de Tokyo en mode nocturne festif, déambulant dans des rues sures la mine fière et le look travaillé, sans risquer de se faire agresser par des voyous Rock un peu trop tendus. C’est propre, carré, parfois à la limite ou les deux pieds dans la Pop la plus radiophonique (« Life Goes On »), comme l’union d’un JOURNEY du soleil levant et d’une MARY’S BLOOD alanguie dans un demi sommeil rassurant (« Universe », le tube nippon par excellence »), mais ça peut aussi parfois limer ses ongles et montrer ses dents (« If », à l’up tempo entêtant et insistant), sans jamais risquer de vous blesser, même si ça fait bien semblant.

Production très clean qui a pris le temps de tout polir, interprétation qui n’en fait pas trop, et emprunts multiples au Power Rock Japonais qui aimerait bien singer les standards US, tel est le menu de cette nuit urbaine que vous propose ce séduisant quatuor.

Des musiciennes très capables, qui se contentent de jouer une musique efficace, qui toutefois n’évite aucun poncif du style, même si l’habituelle ballade lacrymale est avantageusement remplacée par une emphase dramatique finale un peu plus convaincante que la moyenne (« Call Me », rien à voir avec BLONDIE, mais quand même suffisamment gonflée pour ne pas…gonfler).

Le problème de ce genre d’album, c’est qu’aussi agréable soit sa musique, on a rarement grand-chose à en dire. Pas de reproche majeur à formuler, puisque tout est formaté pour plaire à un certain public qui se réjouira de ces huit morceaux plus une intro (assez bien troussée d’ailleurs).

Les amateurs de Rock un peu décalé passeront leur chemin, puisque les CYNTIA ne s’adressent pas à eux, mais plutôt à un public de jeunes adolescentes admiratives de ces musiciennes aux jolis minois qui bougent bien et jouent tout autant.

Alors autant apprécier le produit pour ce qu’il est vraiment, une sorte de panachage de Rock délicatement alternatif mais pas trop, de Hard Rock clean et ensoleillé, avec toutefois quelques soli bien emballés (« Urban Night », le hit AOR Japonais par excellence), et de Power sous contrôle, subtilement synthétique (« 不眠症シンデレラ »)  

Pas de quoi vous relever la nuit pour headbanger, mais de quoi passer une bonne soirée en bonne compagnie, dans les rues les plus saines d’un Tokyo de carte postale.

 Mais qu’on aime ou qu’on déteste, on ne peut nier que c’est très bien fait, quoiqu’un peu aseptisé, un peu comme si les MADINA LAKE de début de carrière s’étaient aventurés en terre nippone pour devenir un cas d’école chez les jeunes filles un peu frivoles.


Titres de l'album:

  1. Introduction
  2. Urban Night
  3. ハピネス
  4. Bless of the Fire
  5. Life Goes On
  6. Un!verse
  7. 不眠症シンデレラ
  8. If
  9. Call Me

Site officiel


par mortne2001 le 21/12/2016 à 18:56
70 %    1086

Commentaires (3) | Ajouter un commentaire


Humungus
membre enregistré
24/12/2016, 05:42:58
Une question me vint :
POURQUOI ??? ??? ???

mortne2001
membre enregistré
24/12/2016, 10:45:08
Je pense que la meilleure réponse reste "Parce que". ;)

Off the hot
@78.249.161.181
22/01/2017, 01:10:32
Dommage, c'était un super groupe de power metal à ses débuts :/

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.

28/03/2024, 16:07

Tourista

L'album de Pâques !  

27/03/2024, 19:56

MorbidOM

Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)

27/03/2024, 00:16

Saul D

Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...

26/03/2024, 13:16

Bulbe

Enorme !

26/03/2024, 08:06

Vivement le prochain Ep. Ça envoie du lourd

Putain c'est vachement bien 

26/03/2024, 00:15

Gargan

Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)

25/03/2024, 20:05

Humungus

C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...

25/03/2024, 09:21

RBD

Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.

24/03/2024, 19:53

Buck Dancer

J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)

24/03/2024, 13:34

Humungus

Je plussoie à mort ta bande son d'after hé hé hé...

23/03/2024, 11:02

Antidebilos suce mon zob

@antidebilos : t'es vexé, sac à foutre.

22/03/2024, 15:49

Oliv

Et le plan r fest ! 

22/03/2024, 15:21

antidebilos

"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules

22/03/2024, 09:04

Ivan Grozny

Tournée vue à Paris, merci pour le report.

21/03/2024, 21:01

Orphan

Tres bonne news des le matin. 

21/03/2024, 08:08

LeMoustre

A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.

20/03/2024, 12:18

Gargan

Ce son de toms n’existe plus depuis schizophrenia

19/03/2024, 22:06

LeMoustre

Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)

19/03/2024, 14:50

LeMoustre

Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)

19/03/2024, 12:13