Vela

Blasted Heath

12/08/2022

Wise Blood Records

Là, j’avoue que je me suis bien fait feinter. Alors que je m’attendais à du clou au kilo et à des pseudos jolis, je me suis retrouvé face à des musiciens ayant gardé leur véritable nom et portant des t-shirts sobres. Rien d’anormal me direz-vous, sauf que BLASTED HEATH est présenté comme un combo de Black-Thrash, genre peu porté sur la sobriété et la normalité. Généralement, ceux décidant de s’immerger dans le style en adoptent tout le décorum, et s’affublent de noms chantant, sans parler d’un look devant tout au HELLHAMMER des années 83/84. Mais après tout, l’habit ne faisant pas le moine et l’absence de cartouchière ne faisant pas le fan d’Indie Pop, il convenait d’aborder le sujet avec circonspection et lucidité.

Et cette attitude m’a permis de constater que ces originaires d’Indianapolis, Indiana, n’avaient rien à envier aux bêtes les plus lubriques de la société secrète du grand cornu.

Fondé en 2020, BLASTED HEATH n’avait pour le moment rien hurlé sur les toits. C’est dire si ce premier longue-durée tombe comme une perruque dans le consommé, et qu’il nous prend à revers de sa méchanceté. Car la simplicité du groupe n’est pas son seul atout, loin de là. En effet, il se targue de jouer un Cosmic Black/Thrash, ce qui n’est pas chose courante, et surtout assez difficile à imaginer. Mais une fois les premiers sillons digérés, on comprend tout le sens de cette expression.

Ainsi, Joe Clark (basse), Conrad Cotterman (batterie), Billy DeRocker (guitare) et Kyle Shumaker (guitare/chant) osent une sorte de crossover géant, entre POSSESSED, NOCTURNUS, et HAWKWIND, le tout enrobé d’arrangements psyché. Un genre de proto Black/Thrash de l’espace, dans lequel tout le monde peut vous entendre crier, et qui repose sur une intelligence de composition assez troublante. Loin des facilités les plus éculées du style, BLASTED HEATH cherche toujours une approche inédite et ose des riffs stellaires, loin du recyclage de formules à la VENOM/SARCOFAGO/SODOM. Et comme les gus n’hésitent pas à infuser quelques mélodies saines dans leur barouf interstellaire, on se laisse séduire par cette réverb’ persistante, par cet écho et ce delay typiquement seventies, et on s’assoit dans la navette sur un gros fauteuil orange, made in seventies.

Comme un combo des années 70 découvrant les joies de la brutalité basique, Vela est une expérience inédite, imaginant le comportement d’un Jeff Becerra perdu entre Mars et Venus, et cherchant à communiquer avec une civilisation extraterrestre.

A ce titre, le morceau « Neutron Star » est un petit miracle en soi, et une tentative d’échange entre l’espace et la terre. Blindé d’effets tous plus atypiques les uns que les autres, il nous emmène très loin dans la galaxie, pour tester les liens nouant le Thrash et le Black, contre une harmonie spectrale venue du fond des temps psychédéliques des sacro-saintes sixties. Comme vous le constatez, nous sommes loin du produit bêtement bestial uniquement destiné à faire la promo de la repompe, et autant dire que tomber sur un disque pareil fait un bien fou au moral. D’autant que la surprise initiale est agrémentée d’autres surprises plus éparses.

Ainsi, « The Wind in Vela », débutant comme une simple transition parlée, s’achève dans un entremêlement de mélodies pures et de samples bien placés, comme la bande son d’un film sci-fi un peu fauché projeté sur des écrans de drive-in fatigués. 

Aussi unique qu’il n’est accrocheur, ce premier album mérite sincèrement toute l’attention que vous pourrez lui porter. Témoignage d’une ambition très concrète, il refuse les convenances et autres facilités d’usage, pour oser une musique différente, brutale, mais abordable. Le concept ne fait donc pas long feu et ne se résume pas à un simple gimmick, et lorsque « Strange Matter » clôture le voyage sur une dernière étape longue et développée, le constat est inévitable : Vela est une incongruité géniale qui transcende la nostalgie, refusant de la traduire mot pour mot.

Difficile pourtant de confronter le Black/Thrash le plus cru au Progressif spatial le plus éthéré. La prouesse n’en est que plus remarquable, et le plaisir ressenti décuplé. Et pour un premier album et une introduction sur le marché, BLASTED HEATH frappe très fort, et nous donne déjà des envies de concept album double-durée. Le talent n’est donc pas lié aux pseudos fleuris et aux looks mal dégrossis, mais bien à l’imagination, qui se passe de tout artifice embarrassant.

Découverte du mois, pour le moins.

              

         

Titres de l’album :

01. Big Chill

02. Ape

03. Europa

04. Dark Energy

05. Neutron Star

06. The Wind in Vela

07. Strange Matter


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 12/12/2022 à 15:45
85 %    460

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


arioch91
@92.174.137.75
13/12/2022, 11:57:28

La chronique donne envie !

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
LeMoustre

Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?

11/07/2025, 13:36

LeMoustre

Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.

11/07/2025, 13:34

LeMoustre

@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison 

11/07/2025, 13:32

MorbidOM

Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal. 

11/07/2025, 13:28

LeMoustre

Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)

11/07/2025, 12:42

Humungus

Je pense que là, tout est dit... ... ...

11/07/2025, 10:01

DPD

Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?

10/07/2025, 21:43

DPD

T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..

10/07/2025, 21:36

DPD

Désoler si j'en ai rien à foutre du dernier groupe Brésiliens de war metal.

10/07/2025, 21:29

Alain Akbar

@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.

10/07/2025, 21:20

DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17

DPD

L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)

10/07/2025, 15:09

Ivan Grozny

Oui très bon groupe, je recommande également !

10/07/2025, 14:36

Ivan Grozny

C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)

10/07/2025, 14:34

DPD

Sinon j'aime beaucoup Chat Pile comme groupe récent.

10/07/2025, 14:27

DPD

@GPTQBCOVJe suis  horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)

10/07/2025, 14:16

DPD

Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)

10/07/2025, 13:47

Humungus

Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".

10/07/2025, 13:22

RBD

Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)

10/07/2025, 12:23

DPD

Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)

10/07/2025, 12:04