Fraichement mouché du gratin séché, le quatuor autrichien INNER ENEMY vient nous parler de son ennemi intérieur sur fond de Heavy Metal traditionnel et médium. Originaire du Tyrol, fondé en 2014, INNER ENEMY a patiemment attendu une décennie entière pour accoucher d’un premier album plein de santé. Soutenu par vladPRomotion, Victims of Insanity se propose donc de nous faire lecture d’un Metal traditionnel, hargneux mais mélodique, soigneux mais à la puissance électrique. Que dire donc d’un produit très conventionnel qui ne s’écarte que très peu des sentiers (re)battus ? Du bien, puisque la souplesse de son instrumental permet de se replonger dans l’histoire de labels comme Mausoleum ou Ebony.
Sascha Walder (basse/chœurs), Philipp Herrnegger (batterie/chœurs), Markus Gander (guitare), et Manuel Lukasser (guitare/chant) peuvent donc être fiers de ce parcours qui les a menés jusqu’en 2024. Victims of Insanity n’est certes pas la bombe de cette année, mais il reste un disque facile d’accès, gorgé de petits gimmicks et de chœurs à l’allemande. On s’éclate donc en toute sécurité, et si des noms viennent à l’esprit assez rapidement, l’ambiance globale permet de s’éloigner quelque peu de cette patte allemande qui colle aux basques.
Il est toutefois difficile de ne pas voir en cet orchestre sympathique le fruit de l’accouplement fugace entre un U.D.O badin et un KILLER malin, et ce, dès les premières mesures du premier morceau. En jouant la carte de la simplicité, le quatuor se pave une voie royale, et si les titres font montre d’un brio incontestable en termes de thèmes populaires, ils restent assez traditionnels pour séduire les nostalgiques des scènes belge et allemande. On retrouve la rigueur de la Ruhr, et le confort de Bruxelles, et « Animals » de porter cette formule à ébullition sans attendre. Le sourire aux lèvres, INNER ENEMY affiche la satisfaction de ceux qui détestent les coups fourrés, et qui jouent franc jeu. Ce qui permet d’apprécier une progression logique qui de temps à autres joue les mouches du coche en adoptant des syncopes assez surprenantes.
C’est donc « Pain » qui joue le proverbial chien dans le jeu de quilles, avec son tempo syncopé et son riff bien tranché. Ce titre prouve donc que les autrichiens ont plus d’un tour dans leur sac, et qu’ils sont ouverts à d’autres possibilités plus contemporaines. En restant constamment sur la frontière séparant le Hard-Rock classique du Heavy critique, les musiciens jouent un jeu intéressant, sinon innovant. On se laisse donc porter par leur inspiration, qui aborde parfois la gravité d’un Post gothique ou d’un proto-HIM lorsque les accents plus sombres de « The Last Ones for Eternity » tamisent la lumière artificielle.
Un peu de tout donc, comme un résumé de capacités pas si évidentes. Inattaquable sur le fond, INNER ENEMY est un peu plus sujet à caution sur la forme, eu égard au timbre assez hésitant de Manuel Lukasser, qui tremblote un peu et qui a du mal à trouver la profondeur adéquate durant les moments les plus méchants. En dehors de ce reproche (presque) mineur, le reste est intéressant, fait preuve d’une recherche évidente pour éviter la simple copie, la production assurant à l’ensemble une patine relativement smooth. Du rétro dans les règles de l’art, pour un groupe qui hésite à rentrer dans le lard de peur de provoquer des blessures inutiles.
Des chœurs un peu trop systématiques accentuent toutefois cette volonté populiste de plaire au plus grand nombre, volonté heureusement nuancée d’impulsions plus corsés, « 1-2-3 » adoptant une rigueur militaire et évitant la cour martiale d’un comportement héroïque face à l’ennemi Hard Pop. Le diptyque « Not for Eternity » glisse quand même sur la pente de la compromission, mais a l’honnêteté de le faire avec conviction. Dans un style que ne renierait pas le RAMMSTEIN le plus estival, cette doublette sent bon le fun, la diction germaine implacable, et la variété de ton qui passe d’un up tempo à un dramatisme de circonstance sur volutes de voix sentencieuses.
Des allusions au folklore local, mais aussi des accointances nordiques sur ces « wowwowwow » qui reviennent comme un mantra.
« Common Way » renoue avec les saccades appréciées quelques minutes auparavant, permettant un dernier pic d’intensité lorsque la tendresse acoustique de « Abenteuer » louche vers le romantisme de SCORPIONS, BONFIRE, avec son acoustique délicate et son harmonie fragile.
Beaucoup de diversité donc, concentrée sur une seconde partie d’album pas si prévisible qu’il semblait l’être au prime abord. Sonnant parfois comme un disque de Hard français des années 80, Victims of Insanity n’est certes pas fou, encore moins épileptique ou schizophrène, mais incarne un versant assez méconnu de l’Europe centrale, provenant d’un underground qui grouille de musiciens capables qui ne demandent qu’un coup de pouce pour exister à plus grande échelle.
Titres de l’album:
01. Letter to All
02. Animals
03. Crying People
04. Slashed and Burned
05. Pain
06. The Last Ones for Eternity
07. 1-2-3
08. Not for Eternity (Part 1)
09. Not for Eternity (Part 2)
10. Common Way
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Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
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@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
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ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
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