Daytime Stories, Nightmare Tales

Attick Demons

25/09/2020

Rock Of Angels Records

« Tu n’as pas le moral ? Ecoute du Heavy Metal ! »

« Ta vie est trop banale ? Mets-y du Heavy Metal ! »

« T’as un trou à ton futal ? Couds-y du Heavy Metal ! »

 

Je sais, les slogans peuvent paraître cliché, mais avouez-le les gueux. Lorsque la sinistrose vous frappe de plein fouet, quel est votre premier geste barrière ? Mettre un masque et aller faire vos commissions ? Appeler votre maman pour lui parler des saisons ? Jouer avec votre gosse au train-train qui rentre dans la station ? Non, comme tout le monde ici, quand la joie de vivre est partie, vous écoutez du Heavy ! Parce que c’est un réflexe conditionné depuis votre jeunesse, et parce que ça vous rappelle vos envolées lyriques dans la chambre de votre enfance lorsque vous vous preniez pour Rob Halford ou Bruce Dickinson. Et il en va de même pour moi, durant l’automne et ses frimas, lorsque le sourire passe de vie à trépas, je me réfugie dans le giron d’un Heavy qui ne m’abandonne pas. Et grâce aux portugais d’ATTICK DEMONS, cette attitude naturelle ne risque pas de changer, eux qui défendent un certain idéal depuis leur création. Création qui remonte à quasiment vingt-cinq ans d’ailleurs, et cette première démo parue en 1996, qui semblait sonner le carillon du départ d’une carrière tonitruante. Mais les caprices du temps ont fait que ce carillon a laissé la place à un grand silence, le second mouvement des originaires d’Almada n’ayant pris place qu’en l’an 2000 avec la parution d’un premier EP, gravé éponyme pour bien souligner la foi en ce nom solide. Et de fil en aiguille à coudre les patches, nos amis lusophones ont enfin sorti leur premier long en 2011, avec Atlantis, référence à cette cité mythique noyée sous les eaux.

S’en est suivi Let's Raise Hell, appel aux armes musicales en 2016 qui en effet réchauffait la température terrestre de quelques degrés, avant un nouveau silence de quatre années pour préparer un retour qu’on attendait de pied botté ferme. Et en nous offrant Daytime Stories, Nightmare Tales, le quintet ne s’est pas moqué de nous, puisque ce délicat troisième album représente en quelque sorte la quintessence de son art pluriel, consistant à reprendre les recettes de la NWOBHM pour lui permettre de survivre dans la pollution de ce nouveau siècle.

Sans tourner autour du pot, l’ADN du groupe n’a pas changé ni muté, et leur amour pour le Heavy et le Power est toujours aussi sincère et flagrant. Ce qui l’est aussi, c’est cette fascination pour IRON MAIDEN, et ses inclinaisons depuis le retour de Dickinson et Smith, puisque les neuf morceaux de ce nouveau chapitre sont autant d’hymnes composés et écrits à la gloire du grand Steve Harris. Beaucoup de MAIDEN donc, mais aussi un poil de JUDAS PRIEST (de préférence pris sur le torse de Rob Halford), un peu de METAL CHURCH, et pas mal de ces groupes qui ont donné ses lettres de noblesse au Heavy Metal des années 80 (CITITH UNGOL, SAVAGE, SATAN, DIAMOND HEAD, j’en passe et des plus symptomatiques). Du classicisme comme s’il en pleuvait par les gouttières, et Daytime Stories, Nightmare Tales d’incarner une vieille plaie qui vous oblige à vous gratter régulièrement, cette plaie qui vous rappelle que la dague Metal vous a traversé les chairs il y a de longues années. Alors, évidemment, tout est formel, lyrique, grandiloquent et flamboyant, on peut anticiper le moindre des plans (ou presque, puisque quelques surprises…nous surprennent justement), les guitares rugissent comme au temps béni du tandem Smith/Murray, et la rythmique donne le ton solide et viril en arrière-plan. Articulé autour de cinq musiciens talentueux (Joăo Clemente - basse, Ricardo Oliveira - batterie, Dário Antunes - guitare, Nuno Martins - guitare/claviers, et Artur Almeida - chant), ATTICK DEMONS est plus qu’un groupe, et autre chose qu’un gimmick, même si ses réflexes conditionnés pourraient l’en rapprocher. Il est une profession de foi, un serment d’allégeance, l’adoubement d’un chevalier fidèle à sa reine, et une épée fièrement tendue au ciel de Dieux qui n’ont pas oublié l’importance de cette musique inaltérable et inoxydable.

Et dès « The Contract », le groupe tient à mettre les choses au point et nous propose une entrée en matière à la « The Loneliness of the Long Distance Runner » endurci d’un brin du Painkiller de JUDAS PRIEST pour prendre son envol, avant évidemment de se fixer sur un rythme très MAIDENien, impression évidemment renforcée par le chant très Dickinson d’Artur Almeida. Le mimétisme est troublant jusqu’au moindre break, et le refrain ne fait rien pour atténuer les similitudes, mais l’investissement sincère dont font preuve les musiciens permet de fermer les tympans sur ces emprunts un peu trop flagrants. D’autant que l’ambiance n’est pas à la demi-mesure, et que les portugais se montrent bien plus convaincants que le MAIDEN de ces dernières années. Les chœurs sont en place, les arrangements savamment distillés, les intros travaillées (celle limite Thrash de « Make Your Choice » vaut le détour), les riffs aiguisés, et l’horloge semble reculer de quelques années pour nous faire oublier la misère de 2020, qui aura quand même eu le mérite de stimuler la créativité. Les hymnes sont donc légion, les effets béton, et « Renegade » de nous replonger dans la mystique des grands déroulés de Steve Harris avec ses arpèges en son clair et sa litanie de guitare en arrière-plan. On pense aussi au grand DIO dans les moments les plus majestueux, mais aussi à SAVATAGE, enfin à tous ceux qui ont dédié leur carrière au Heavy Metal pur et dur. Sans en rajouter dans l’hommage forcé, Daytime Stories, Nightmare Tales laisse tomber le soleil de la journée pour se concentrer sur une nuit damnée, et accélère le tempo quand il faut, pour nous proposer des pièces gentiment épiques (« The Revenge of the Sailor King »).

Rien à redire, et rien à jeter, le quintet ayant le talent de ses ambitions, et les plans suffisants pour remplir de grands chaudrons (« Hills of Sadness »). Dominance du mid tempo, mais double grosse caisse qui ne se laisse pas bâillonner (« Devil’s Crossroad »), rythmique tribale pour conte Folk crépusculaire (« O Condestavel »), et final explosif (« Running »), ATTICK DEMONS a vraiment tout calibré pour ne rien laisser au hasard et ne pas proposer un produit déjà périmé avant d’être consommé. Du Heavy, encore du Heavy, beaucoup de Heavy, mais le meilleur, celui que l’on mime face à son miroir avec une air-guitar, et qui l’espace de quelques minutes, nous transforme en héros de scène au costume serré, mais chatoyant.   

   

                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. The Contract

02. Make Your Choice

03. Renegade

04. The Revenge of the Sailor King

05. Hills of Sadness

06. Headbanger

07. Devil’s Crossroad

08. O Condestavel

09. Running


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par mortne2001 le 12/02/2021 à 14:58
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ça va en faire du selfie à la con sur internet... 

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C'est justement peu-être l'affiche 2025 qui a convaincu  :)

09/07/2025, 10:34

Humungus

Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"

09/07/2025, 10:30

l\'anonyme

Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ? 

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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant... 

09/07/2025, 06:45

DPD

@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.

09/07/2025, 01:12

LeMoustre

Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru

08/07/2025, 23:59

DPD

Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.

08/07/2025, 22:44