La pandémie a obligé les musiciens à revoir leurs méthodes, confinement oblige. Nous avons déjà eu cette année des albums influencés par la situation actuelle, mais aucun s’en servant de gimmick au point de lui consacrer une thématique globale. C’est le cas du projet POISON WIND et de son premier album Virus!, qui s’est constitué autour d’une brochette de musiciens enregistrant à la maison, et recevant leur bande par correspondance. Intéressant dans les faits, ce projet s’avère assez étrange dans la forme, la direction artistique choisie se mettant en adéquation avec le climat étrange régnant sur un monde en pause. Alors, définir la direction musicale du concept devient chose ardue, et en écoutant les huit pistes de ce court album, on se perd rapidement en conjectures. Est-ce du Doom maladif ? Du Metal extrême aux œufs brouillés ? Un petit déjeuner servi en ration ? Du BM distordu et suffisamment tordu pour ne pas en être ? Je ne saurais répondre à cette question, et si Virus! n’est certainement pas le chef d’œuvre d’une période de confinement qui semble ne pas connaître de fin, il n’en reste pas moins un album intriguant, complètement décalé, qui laisse parfois dubitatif, mais qui dégage une ambiance délétère à même de provoquer l’imagination la plus fertile. Lancé sur les rails par Brian Magar, POISON WIND a répondu à des critères d’enregistrement simple. Les pistes de batterie du musicien ont ensuite servi de base à tous les autres, qui y ont rajouté ce qu’ils souhaitaient (basse, guitare, chant, ou toute autre instrumentation), et l’ensemble a été construit de façon presque aléatoire par une poignée d’instrumentistes cloisonnés chez eux. C’est ainsi que l’album a été enregistré dans huit home-studios différents, et qu’il servira dans le futur comme une borne. Certes, la méthode est connue, puisque même dans les années 80, certains groupes tout à fait libres se servaient de différents studios de manière individuelle pour enregistrer leurs parties. Mais à cette époque, les compositions étaient écrites bien à l’avance, et les structures connues. Ici, c’est l’inspiration du moment qui a servi de moteur au projet, et c’est sans doute pour cette raison que le résultat sonne si…étrange.
On retrouve donc au casting de ce supergroupe de l’isolement des musiciens comme Joe Coats (GRYLA), Steve Dietz (MELANCHOLIC), Chad Hammitt (ALTAR & THE BULL, PAGAN YOUTH, BLACK YOGA MEDITATION ENSEMBLE), Reese Harlacker (CULTIC), Brian Magar (CULTIC, THE OWLS ANWTS), Ben Price (FOEHAMMER, IMMISERATION, AT THE GRAVES, MYOPIC), Jason Schlossman (VORMUND) et Bobby Yagodich (BANEFUL ALTAR, WORM MARCH, THE OWLS ANWTS), soit la crème de l’underground américain. Et si toutes les pistes de ce premier album se concentrent sur la situation mondiale et ce virus qui a stoppé les machines, la musique en elle-même est suffisamment sombre et lancinante pour intéresser les plus curieux d’entre vous. Comme je le disais, son ancrage est relativement difficile à situer, et se place quelque part en convergence de l’avant-garde des années 70, un Sludge vraiment nauséeux, le Black Metal à la norvégienne revu et corrigé par des américains intrépides, et plus généralement, un expérimental refusant toute contrainte. Tout ça peut donner des épisodes assez terrifiants, difficiles à écouter sans frémir, et surtout, sombrer dans la complaisance des concepts en gimmicks qui refusent la logique. Ce qui est parfois le cas, et malgré son timing plus que serré, Virus! n’en est pas moins parfois un peu maladroit. Ce qui choque évidemment au prime abord, est le manque d’homogénéité de l’ensemble, qui picore dans toutes les assiettes pour bien souligner sa liberté de mouvement. De fait, ne vous fiez surtout pas au premier titre en private joke « Branch Covidians », qui tire la bourre au MACHINE HEAD de « Davidian » en utilisant la même thématique du massacre de Waco et de la secte de David Koresh. Ce titre aux consonances plutôt Noisy Rock n’est absolument pas emblématique du reste de l’album, et utilise des codes déjà mis en place par FETISH 69 pour bien tromper l’auditeur. Catchy, gauche et très Rock, cette entame entraîne sur une piste d’efficacité qui n’a pas été le maitre mot de la réalisation, et ne prépare absolument pas à la suite.
La suite justement se perd dans les limbes d’une musique expérimentale, où chacun y est allé de sa petite intervention, donnant parfois un résultat totalement glauque, comme le démontre le lent, dissonant et inquiétant « Virus Tales ». En jouant avec les ingrédients du Doom et du Black, le collectif a signé ce qui peut être désigné comme l’hymne absolu de la COVID, avec son chant maladif doublé, ses riffs concentriques, sa rythmique poussive, et ses arrangements d’arrière-plan assez maléfiques. Jouant sur la sensation d’étouffement et de claustrophobie de cette pandémie et de son confinement, les musiciens ont appuyé sur les plans les plus poisseux, les rythmiques les plus traînantes, pour composer une symphonie en l’honneur de l’horreur et de la perdition, créant une sorte de vortex dépressif avalant tous les auditeurs sur son passage. On vit cet album comme certains ont vécu cette période d’isolement forcé, se demandant si des jours meilleurs allaient arriver et si cette solitude allait cesser. Et lorsque la noirceur, la peur, la détresse atteignent leur paroxysme, cela nous donne un morceau aussi sombre et plombé que « Get Me Out », encore une fois très proche des FETISH 69, qui semble traîner son désespoir comme un fantôme ses lourdes chaînes.
Tout en restant très intéressant, et - osons le terme - fascinant par moments, POISON WIND est encore un peu trop libre pour proposer une œuvre cohérente. On sent que le désir de composer quelque chose d’original a vraiment motivé les acteurs du projet, mais qu’ils en ont oublié en route l’efficacité d’un agencement logique. Mais ce refus d’un cadre strict fait aussi le charme du projet, qui peut se permettre des tranches de brutalité inouïes (« Final Vision »), des interludes Noisy quasiment Grind (« Wear a Fucking Mask! »), et un final parfaitement immonde et maladif en stade terminal (« Weight »). Il n’en reste pas moins que le groupe et l’album détonnent dans la production actuelle, et resteront dans l’histoire comme le premier témoignage d’une période trouble et difficile à vivre.
Titres de l’album:
01. Branch Covidians
02. Broken World
03. Poison Wind
04. Virus Tales
05. Get Me Out
06. Final Vision
07. Wear a Fucking Mask!
08. Weight
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Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
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