Du chilien signé chez les espagnols de Memento Mori, je n’aime pas tomber dans les clichés, mais immédiatement, le fan va s’attendre à du brutal de chez cryptique, avec grognements à la clé, production sourde et diffuse, et bestialité de circonstance. La bestialité est bien présente sur le troisième album des INANNA, Amérique du Sud oblige, mais aussi beaucoup de finesse, d’ouverture d’esprit, et d’ambitions. Alors, les fans de brutal sans autre cause que celle du chaos en seront pour leurs frais : Void of Unending Depths est un monument de talent, un monolithe de violence, et une expérience de métissage incroyablement fertile qui pourrait résulter en un virus incroyablement létal, contaminant le libre arbitre pour admettre la suprématie de ces musiciens hors-normes.
INANNA n’en étant pas à son coup d’essai, les fans ne seront certainement pas surpris par l’épaisseur artistique développée par cet album. Ceci étant dit, dix ans d’absence discographique peuvent changer un groupe, et le faire reculer de quelques pas. Or, nous n’avions plus entendu parler d’eux depuis la sortie de Transfigured in a Thousand Delusions, adoubé par l’underground et les fans d’un Death Metal de haute volée, friands de démonstration technique et évolutive. Et le mixage de cette fange sud-américaine et de cette précision chirurgicale nord-américaine fait encore des ravages aujourd’hui, et peut-être même plus que par le passé.
Diego Ilabaca (guitare), Max Neira (basse/chant), Carlos Fuentes (batterie/guitare), et Cristobal Gonzalez (guitare) peuvent être fiers de leur parcours, qui les a menés jusqu’ici. Après des années à arpenter les scènes nationales et internationales, les voilà fin prêts à prendre le pouvoir, en affirmant leur identité de fils légitimes de MORBID ANGEL, SUFFOCATION et GORGUTS. Evidemment, leur label nourrit de grandes ambitions à leur sujet, et n’hésite pas à citer dans la promo-sheet des noms aussi célèbres que ceux d’ATHEIST, CYNIC, DEATH, et PESTILENCE, ainsi que des parrainages de SUFFOCATION, DEICIDE, MORBID ANGEL, IMMOLATION, ou GORGUTS. Trois noms sur trois, avant même de lire cette plaquette promo, mon instinct ne m’avait guère trompé. Mais réduire les chiliens à de vagues copies de légendes serait une erreur fatale : leur musique, inspirée, n’est pas plagiée, bien au contraire. Emprunte de formalisme progressif des seventies, elle développe de beaux arguments stellaires, concentrée sur le cosmos comme sur les écrits de Lovecraft : Cthulhu n’est donc jamais loin dans l’abysse, et contemple le spectacle de ses yeux noirs.
La la !!
Immédiatement, INANNA, au fait de l’importance d’un troisième album, sort l’artillerie lourde et nous prend à la gorge. Pas question de laisser un espace vide pour rien, ou de perdre du temps en conjectures inutiles. « Evolutionary Inversion » se passe donc d’intro et profite d’un fill simple pour imposer son ambiance déliquescente, et ses instincts sci-fi. L’atmosphère est lourde, le chant grave, la batterie en roue libre mais stable de son rythme implacable, qui s’accorde très bien de ces dissonances arythmiques qui évitent justement la facilité des riffs Death les plus connotés. On prend note de ces mélodies prépondérantes, symptomatiques de l’ère la plus ambitieuse de PESTILENCE et/ou GORGUTS, mais on encaisse aussi la pression incroyable dégagée par ces plans incroyablement dissonants, et de ces licks d’arrière-plan qui mystifient encore plus le classicisme. Alors, pour la copie carbone de MORBID ANGEL, vous repasserez, et pas uniquement les t-shirts.
En se basant sur de longs morceaux progressifs, le groupe a évidemment tenté le diable, mais il est l’un de leurs bons amis. Allos, leur inspiration ne se tarit jamais, même lorsque le chrono défie la raison. « Far Away in Other Spheres » contient des idées incroyables, dignes de figurer dans la discographie des plus grands, et le quatuor parvient à unir la vilénie sud-américaine et la préciosité morbide nord-américaine avec un panache incroyable. « Underdimensional » prouve que les chiliens ont une culture du sujet étendue, et les arpèges, les soudaines cassures harmoniques, cette basse digne de Steve DiGiorgio, ces accointances avec ATHEIST, cette volonté de jazzifier la violence est décidément l’apanage des plus créatifs, et on se laisse emporter dans un monde incroyable, aussi sombre que coloré, aussi créatif que formaliste.
Loin de la démonstration stérile, Void of Unending Depths est un tourbillon qui vous emporte vers les tripes de la terre, à la recherche des démons intérieurs les plus néfastes. L’équilibre entre la technique, l’efficacité et la cruauté est terriblement précis, comme le démontre le terrifiant « The Key to Alpha Centauri », ballade entre les étoiles mortes.
Presque une heure, pour une déclaration d’amour au genre le plus risqué qui soit. Trop démonstratif, et les accros à la brutalité tournent le dos. Pas assez, et les esthètes de la partition se vexent. Entre les deux, un public fasciné par cette imagination instrumentale, et happé par le culot de « Cabo de Hornos », final sublime de pureté, et réminiscent des expérimentations les plus osées des seventies, le tout enrobé dans un son made in Tampa.
INANNA s’est tu pendant dix ans. Il lui fallait donc revenir avec le bon discours, sans un mot de trop, sans image ou métaphore trop poussée. Void of Unending Depths est un petit miracle en soi, et une reprise de contact qui va transporter de bonheur tous les fans de ce quatuor incroyable. L’assertion Death progressif de cette première partie d’année, et certainement de la seconde, jusqu’à preuve du contraire.
Titres de l’album:
01. Evolutionary Inversion
02. Among Subaqueous Spectres
03. Far Away in Other Spheres
04. Underdimensional
05. The Key to Alpha Centauri
06. Mind Surgery
07. Cabo de Hornos
Hey, belle découverte pour ma part. Un chouïa déçu que le prod ne soit pas un peu plus lourde en revanche.
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09/07/2025, 18:22
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09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
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09/07/2025, 13:16
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09/07/2025, 10:30
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
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08/07/2025, 22:44
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08/07/2025, 22:28
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08/07/2025, 21:31