Depuis quelques jours, les matinées sont brouillées. Le temps est sombre, la brume règne en maîtresse d’une nuit qui refuse de mourir, et les gouttes d’eau tombent comme les larmes des arbres contemplant ce désolant spectacle. Désolé pour cette poésie de bas étage, mais l’humeur n’est pas à l’exubérance, et il est donc normal de choisir des œuvres en phase avec l’environnement et ses manifestations. De ce point de vue, le choix de chroniquer le second album du projet américain THORN semble être le bon, puisque ce concept né en 2020 se complaît dans la gravité, la grossièreté rythmique et les émanations vocales brumeuses à l’haleine chargée.
Brennen Westermeyer, l’homme qui se cache derrière le nom de THORN est un multi-instrumentiste capable, mais surtout obsédé par les sonorités les plus glauques et abrasives de la scène Death des années 2000. The Encompassing Nothing, moyen format, exposait son point de vue, plus largement développé sur le premier long Crawling Worship. A peine quelques mois de confinement et d’attente frustrante plus tard, Brennen reprend sa plume et sa guitare pour nous offrir l’un des albums les plus plombés de cette année 2022, à peine née, mais déjà braillarde et aigrie.
La pochette, sublime et dessinée par DrollMeadow se met en adéquation avec ce titre évoquant les bâillements d’un enfer qu’on devine assez peu complaisant avec les pêcheurs que nous sommes tous. Les profondeurs de la terre, les abysses personnels et les purgatoires de fortune sont donc les obsessions de cet américain privilégiant les fréquences les plus basses pour exprimer son ressenti et son désespoir, et les morceaux formant cette courte symphonie sont tous symptomatiques d’un Death/Doom tel qu’on pouvait le concevoir dans les années 90. Et qui depuis, a été repris à son compte par des labels comme Transcending Obscurity, Amor Fati, et autres fossoyeurs de Metal mainstream.
Alors, qu’attendre de ces huit titres qui une fois mis bout à bout ne dépassent même pas la demi-heure de jeu ? Des options fermes et moisies, des traces au fond du slip laissées par une crise anale d’INCANTATION, mais aussi quelques réflexes conditionnés Indus dignes de MEATHOOK SEED, plus proche de son côté morbide que de sa personnalité plus rigide. On pourrait aussi parler d’autres références moins évidentes, mais tout ceci serait très subjectif. Car la principale qualité de ce second LP est d’avoir trouvé l’exact équilibre entre Doom et Death un dosage très difficile, au point que les deux composantes se retrouvent fondues dans un même brouet.
« Hellmouth » et son léger feedback d’intro pose les bases, mais trompe de sa vitesse. Le Death est encore suffisamment énervé pour ne pas voir sa colère assombrie par un Doom trop prononcé, et le chaos se taille une place de choix, en attendant la suite des évènements. Les arrangements sont aussi précis que les riffs sont rouillés, mais on sent immédiatement que la lumière ne filtrera pas par les persiennes. Le reste du déroulé ralentit la cadence au fur et à mesure, mais loin d’un ragoût aux gros morceaux de gras, Yawning Depths est diablement précis en bouche, savoureux dans sa quête de viande avariée encore consommable par les plus téméraires, et laisse un sentiment durable de mort sous le palais, impeccablement produit pour sonner comme un cri de joie lancé du fond des abysses.
A dire vrai, plus l’album avance, plus le sentiment de désespoir inévitable colle aux basques, au point de parfois nous immobiliser sur le goudron d’un destin funeste. Ainsi, « Lapis Lazuli » nous condamne au surplace, avec sa guitare lancinante et son beat martelé, tandis que « Unknown Body of Light » a tout du dernier sursaut avant la fin. Cette fin qui soulage arrive via le final « Graven Moonglow », guère plus heureux que le reste du tracklisting, et lorsque le silence s’impose enfin, on trouve un repos bien mérité après avoir subi les assauts d’un bâillement atroce du précipice qui nous attend patiemment.
On sent que tout ceci n’a pas été conçu pour rassurer ou réjouir, mais on comprend aussi que même seul, on peut exprimer des sentiments collectifs. Comme celui qui consiste à craindre le matin de trop, celui qui nous chantera l’oraison d’une vie futile qui trouve son terme dans le brouillard d’un champ en jachère.
Titres de l’album:
01. Hellmouth
02. Yawning Depths
03. Cavernous Shrines
04. Noxious Existence
05. Judgement's Throne
06. Lapis Lazuli
07. Unknown Body of Light
08. Graven Moonglow
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03/07/2025, 16:47
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