Machine Head

Machine Head

Le Bikini, Toulouse (France)

du 09/04/2018 au 09/04/2018

La date avait été réservée longtemps à l'avance, bien avant la sortie de l'album, et pour cette fois à Toulouse plutôt qu'à Marseille pour ne pas trop flinguer un début de semaine. Et après tout, je gardai un excellent souvenir du concert au Bikini virtuel de 2004, près de là ; comme du dernier il y a deux ans sur la tournée anniversaire à Nîmes. Mais entretemps sortit l'album dont je frémis encore d'épouvante… Puis, en découvrant quelques jours avant que ce serait encore un set rallongé sans première partie le moral remontait un peu, on pouvait espérer assez de bons moments. Je suis franchement bon vieux client des Oaklanders, que je suis depuis presque le début : j'apprécie même les albums accrochant la vague Néo, et une partie de ceux de la période actuelle. Étant entendu que je n'attends pas d'un tel groupe les mêmes choses que pour de l'extrême.

Ce soir nous venions nous gaver de Metal pour les masses, aux côtés de gens de tous âges et de multiples horizons de la scène, du vieux fan de Heavy ridé aux rares cheveux longs à l'étudiant tatoué et percé sponsorisé par Hyraw. En arrivant à l'heure dans le vaste Bikini, on avait le temps de bien se placer en bonne compagnie et de s'en jeter une, vu qu'il n'y aurait pas de pause. Et que peu à peu, il s'avérait que ce serait certainement complet. La sono crachait les vieux classiques et laissait le temps de remarquer que la scène était décorée de grandes toiles sur les trois côtés, figurant des murs blancs maculés de sang frais dans la ligne de l'album.


Enfin quand neuf heures sonnèrent l'obscurité se fit, les premiers accords de l'introduction d"Imperium" provoquèrent la clameur et MACHINE HEAD se présenta dans la fumée, une fois encore sur ce titre emblématique de sa renaissance, rappelant notamment le concert à la salle des fêtes voisine il y a quatorze ans. Comme pour balayer les questions, suivit aussitôt le premier extrait du nouvel album par son ouverture, qui a au moins l'avantage de ne pas laisser le tempo ramollir. Le rendu n'était pas encore parfait du fait que les vocaux de Robb Flynn sortaient bien mal en dépit de son engagement inusable. La suite, reprenant encore un titre introductif puis un classique de "the Blackening" permit de régler le son… et de laisser comprendre que les Californiens ne venaient finalement pas en priorité pour promouvoir leur dernier opus, mais combler à nouveau leurs fans européens par un parcours approfondi de leur discographie. Une grande fosse se formait déjà à plusieurs reprises au cœur d'une assistance compacte qui répondait comme une meute excitée mais docile aux exhortations de Flynn, très roué dans cet exercice mais impressionné par la double montée sur épaule de fans sur sa gauche. Pendant ce temps, quelques enfants flottaient sur la foule (les oreilles prises dans de gros casques). Deux morceaux tirés des anciens albums Néo prouvèrent leur efficacité, surtout le premier qui est devenu un autre classique de live remportant à nouveau un franc succès. Sur son côté, Jared Mc Eachern envoyait sa chevelure de jeune fille voler à tous les vents.

C'est Phil Demmel qui s'offrit le premier intermède solo, plein de pompes et pas franchement impressionnant techniquement, mais offrant une petite pause à ses compères. Ce qu'on retiendra surtout de lui plus largement, c'est sa forte complicité avec Flynn, visible tournée après tournée, et fondée sur une amitié antérieure au groupe. Cette faveur est bien méritée, car c'est lui qui assure les riffs quand le boss gesticule et se prend les doigts dans les cordes de ses flying v.

D'ailleurs pour la reprise, le patron se présenta seul avec une seconde guitare sèche en bandoulière pour entamer un long speech à sa manière agrémenté des premières notes de "Darkness Within", autre morceau devenu incontournable au fil des tournées. Finalement le show ressemblait bien au DVD bonus de "Catharsis". Le titre éponyme ouvrit ensuite l'enchaînement entre titres récents assez faibles et classiques redoutables, avec son intro vaguement dubstep (il y en eut d'autres greffées à d'anciens morceaux qui n'y gagnent rien) et son refrain trop basique. Vous me direz que le vieux pastiche de Korn qui succédait n'était guère mieux, mais il emballa bien la foule et de toute façon je vous rappelle que je garde une certaine tendresse pour cette époque, moi. Et puis l'arrivée d'un premier extrait de la période Thrashcore, le marteau de dix tonnes toujours imparable dès son riff d'ouverture massif et fédérateur, nous mettra d'accord. Par rapport à certaines époques, le père Flynn abuse moins des battements de main mais ouvre grand les bras, et j'ai enfin compris pourquoi il ne perdait pas son mediator : il est fixé au majeur, qu'il ne déploie jamais complètement.

Le premier moment de vrai décrochage général vint avec l'affreux single de 2016 à la niaiserie poisseuse. C'est le genre d'errements dont sont capables les gens trop bien dans leurs pompes, comme l'est Robb Flynn depuis une quinzaine d'années qu'il a réussi à réaliser ses rêves de jeunesse. Une grande gueule agaçante et attachante, volontiers fate, mais d'évidence sincère quand il s'intéresse à la gamine juchée sur les épaules de son père pour son premier concert. Les bons titres effaçant les purges, ''Locust" suivit comme pour me ramener. Au milieu de ces va-et-vient s'intercala le second solo accordé à l'un des employés seniors : Dave Mc Clain se montra d'ailleurs beaucoup plus brillant dans cet exercice, réalisant des choses difficiles sur un temps plus long et captivant tout le monde. Qu'il est loin le temps où l'ancien Sacred Reich se contentait d'exécuter au mieux quelques galopades propres ! "Bulldozer", représentant habituel d'un album exagérément décrié, fit brièvement parler son agressivité avant l'un des titres les plus potables des dernières années…. Et enfin, pour clore la part principale du programme, arriva l'ultra-attendu dont on prétendait il y a quelques semaines qu'on ne voulait plus le jouer, ce "Davidian" balancé au poil et sans demi-mesures pour la plus grande joie générale.

Dans un set aussi long, la fatigue est le grand piège tendu pour réussir le rappel. Le nouvel extrait quasi acoustique du dernier album avait l'avantage d'un redécollage en douceur, malgré sa vacuité. Surtout qu'encore une fois était déterré derrière mon "Elegy" adoré, l'un de mes perles secondaires favorites comme nous en avons tous dans les discographies fournies. Plus loin vinrent "Aesthetics of Hate" dédié comme toujours un peu lourdement à la mémoire de Dimebag Darrell, puis encore un "Block" terrible, exhumé comme il y a quinze ans, avec son riff mortel et son refrain apparemment méconnu que Flynn dût rappeler aux fans pour que le mouvement des doigts d'honneur prenne un peu. Sans doute l'assistance est-elle trop jeune maintenant en moyenne pour connaître jusqu'au dernier titre du premier album. D'ailleurs, le sondage rituel à main levée montrait une grande part de gens qui venaient pour la première fois, alors même que le groupe était passé assez récemment. Enfin bien sûr, pour terminer en apothéose était servi "Halo", considéré par tant de gens comme le titre Metal ultime de sa décennie, avec la pluie de papillotes.


Le show s'acheva comme de coutume par le jet de baguettes de Mc Clain et distribution de mediators, la photo, un salut et les applaudissements au micro de Flynn restant seul sur scène pour les ultimes instants. Après 2 h 40 de show j'étais vanné mais bien mieux satisfait que ce que je craignais. Je ne connais guère d'autres formations qui s'offrent aussi longuement, en ne reniant aucune de leurs œuvres. Certes les gimmicks se répètent mais Robb Flynn et son orchestre sont incontestablement devenus depuis quelques années, euh… une grosse machine… l'une des plus fédératrices qui nous restent du siècle dernier, pour avoir réussi à toucher plusieurs générations, à cause et malgré un souci évident de coller toujours à la tendance du moment.


En partant, un coup d'œil au merch' confirmait que l'offre était correcte, même si je n'avais pas du tout l'idée de prendre quoi que ce soit en plus des nombreux flyers distribués. En allant retrouver ma tire essorée par la pluie tombée pendant ce temps, je me disais qu'il va devenir à long terme de plus en plus difficile de vivre des concerts de Metal de cette ampleur.


Imperium/ Volatile/ Now we Die/ Beautiful Mourning/ The Blood, the Sweat, the Tears/ Crashing Around You/ Seasons Wither/ Solo de Demmel/ Darkness Within/ Catharsis/ From this Day/ Ten Ton Hammer/ Is There Anybody Out There ? / Locust/ Bastards/ Solo de McClain/ Bulldozer/ Killers & Kings/ Davidian/

Behind the Mask/ Elegy/ Triple Beam/ Aesthetics of Hate/ Game Over/ Block/ Halo


par RBD le 13/04/2018 à 05:35
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Commentaires (5) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
15/04/2018, 19:18:41
Ça c'est du live report RBD !
Je n'ai jamais accroché au moindre morceau de ce groupe (ce chant, insupportable pour moi entre autres), mais 2H40 de concert, c'est méga respect tout simplement !

phil544
membre enregistré
16/04/2018, 20:47:55
Excellent report! Merci bcp. Même s'il y a qques passages que je n'ai pas forcément compris...Ex: Une grande gueule agaçante et attachante, volontiers fate => fate?

Humungus
membre enregistré
17/04/2018, 08:31:17
Jus de cadavre + 1 !
Très, très beau live report d'un groupe qui, à mon sens, est mort et enterré depuis 1999.

RBD
membre enregistré
18/04/2018, 00:09:35
Fate, féminin de l'adjectif fat. Je reconnais, c'est un mot assez désuet maintenant, mais qui veut bien dire ce que je voulais dire.

nubowsky
@81.64.175.10
20/04/2018, 11:12:28
merci !
Pour ma part j'ai été découragé par leur dernier album, même si je sais que c'est une valeur sure en live, faut bien faire un choix !
Partie remise !

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