Du Doom, à Rennes, ce n'est pas tous les jours. Du Doom de grande qualité encore moins !

La petite association de passionnés Black Karma nous invite en ce 14 janvier pluvieux à célébrer le Saint-Riff dodu qui sent la fumée, la Sainte-lourdeur qui invoque le Sabbat. Inratable bien évidemment. D'autant plus que les collègues du zine n'avaient pas manqué de me rappeler à plusieurs reprises de ne pas louper cette soirée.

Ce n'est pas sans déplaisir que je me rends donc, avec des amis, dans ce minuscule bar rennais qu'est Le Marquis de Sade pour profiter d'un vrai concert underground bien comme il faut. Et mine de rien ça faisait un bail que je ne m'étais pas retrouvé dans un lieu qui sent la chaussette humide et la bière chaude. Ça fait du bien.

Second constat, après le repérage olfactif, il y a foule ! Alors certes le Marquis est petit, mais ce soir il est littéralement plein comme un œuf. La sécu sera même obligée de refuser quelques retardataires...

Ce sont les locaux de ORGÖNE qui ouvrent la soirée. Je ne connais pas du tout le groupe. Ambiance Occult rock sur scène avec les tenues et une attitude que n'aurait pas renié un Coven, ou plus récemment un Blood Ceremony. Le fait que le micro soit tenu par une femme n'y est pas étranger...

Musicalement par contre, même si l'ambiance est parfois occulte et mystique, nous avons à faire à quelque chose de plus expérimental. Plus Space-Rock / Prog-Rock. Malgré mon indifférence pour ce genre, je dois avouer que la musique du quatuor me fascine ce soir et je mords complètement à l’hameçon. Le chant est grandiloquent, mais juste et participe grandement à l'ambiance délicieusement désuète de la musique proposée. Malgré des influences certainement éloignées de la scène Stoner / Doom Metal, le son d'ORGÖNE peut se faire particulièrement lourd par moment. Entre deux riffs psychédéliques on se retrouve ainsi devant un mur de guitare que ne renieraient pas des amateurs de Stoner Doom justement. Le batteur, à fond dans le trip, est excellent et nous gratifie de patterns hypnotiques. Le pied. Le concert se termine trop vite, surtout avec une musique qui demande du temps pour s'épanouir complètement. Mais ce sera facile (j'espère) de les revoir sur Rennes pour moi. Et j'irais de bon cœur !

Orgöne

C'est au tour de PRESUMPTION de prendre d'assaut la toute petite scène du Marquis. L'ambiance monte clairement d'un cran, tout comme la température et l'odeur de chaussette. Les Manceaux sont très attendus. Et la folie s'empare de l'auditoire. Ça crie, ça headbang à tout va. Le chanteur bassiste, Moomoot, avec son chant possédé et son regard de patient d’hôpital psychiatrique n'a pas besoin d’exciter la foule, elle le fait très bien toute seule. Gros riffs doomy de bûcheron, son gras et lourd font planer l'ombre de Black Sab' , de Trouble et de Saint Vitus dans la grotte qui nous sert d'autel ce soir. Mais le combo est aussi parfois un peu plus énervé que les grands anciens du genre. Et on pense alors à des choses plus "modernes" et sombres, les débuts d'Hangman's Chair et aussi Celtic Frost / Tryptikon quand les riffs âpres et le chant s'emballent (limite black parfois). Malgré cette ambiance musicale plombée par moment, les sourires ne quittent pas les visages aussi bien sur scène que dans le public. Un court extrait de Black Sabbath, joué vicieusement entre deux titres par un des guitaristes, fera encore monter la température. Comme pour le premier groupe j'en aurais bien repris une louché de ce Doom trad' et accrocheur ! Excellente découverte !

Presumption

C'est à BARABBAS que revient l'honneur de clôturer cette soirée. Le groupe de Combs-la-Ville vient de sortir son nouvel album, La mort appelle tous les vivants, et ce soir c'est release party !

La mort appelle tous les vivants, a beaucoup fait parler de lui (ici et ailleurs). De mon côté, je vais découvrir tout ça ce soir. BARABBAS c'est Doom aussi, mais surtout, c'est vachement classe. Il y a quelque chose de grandiose dans leur musique et le chant en français ne fait qu'appuyer ce ressenti. Cela convient parfaitement à la mort et à la vie, principaux sujets des paroles de Saint Rodolphe qui malgré de petits problèmes de micro sera parfait ce soir. Ce chant en français me fait beaucoup penser à... Trust ! Et le côté parfois un peu Doom / Rock / Heavy ne fait que renforcer ce sentiment. Attention ce n'est pas une critique (les vieux Trust c'est cool !). Malgré ce léger côté "rock", on reste assidûment dans le lourd, voir le très lourd et les cavalcades de pur Doom (à la Cathedral, Candelmass) sont toujours en embuscades. Le public prend son pied, mais sur scène ce n'est pas en reste et Saint Rodolphe le fait savoir en nous remerciant chaleureusement et en blaguant avec la foule. Le lieu où nous nous trouvons se rapproche maintenant plus d'un sauna que d'une salle de concert. Et le concert se termine par un rappel non prévu (horaire oblige) expressément réclamé par le public. Voilà comment parfaitement terminer cette soirée Doom !

Barabbas

Le label du père Simony (Sleeping Church Records) tient, avec ces deux derniers groupes, de sacrés clients de la scène Doom Metal française ! Support !

Black Karma, pour son retour à l'organisation, signe une très bonne réussite (concert archi complet), se rassure et se motive aussi sans doute pour la suite ! Un grand merci à vous.

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