Encore une pochette bubble-gum fluo, sci-fi et arcade majeur. Ces bornes nous rappellent immédiatement les heures passées à manipuler des manettes pour pourfendre du vilain, et toutes les pièces insérées dans la fente. Nostalgie ? Evidemment, puisque c’est ce qui rapporte, pour autant impossible de critiquer ce quintet espagnol qui anime la scène Heavy mélodique depuis l’orée des années 80. Journey To The Sun est déjà son cinquième album, que les fans attendaient depuis 2018. C’est donc la fête pour tous les accros à la monnaie, ce nouveau chapitre de la saga étant un concept basé sur ces salles de jeu que nous fréquentions assidument durant notre jeunesse.
Et en effet, quoi de plus agréable qu’un voyage dans le temps pour le prix d’un album ? Sans aller jusqu’à citer des titres de games qui nous ont rendu fous, on peut évoquer la sueur coulant des fronts alors que l’affrontement avec le boss final approchait, sous le regard admiratif des potes et les œillades fières de notre premier crush. C’est en tout cas ce que les ibères souhaitaient formaliser comme émotions, et l’opération est une franche réussite.
Daniel Ponce (chant), John Portillo (guitare), Carles Salse (guitare, synthés), Dídac Plà (basse) et Eric Killer (batterie) continuent donc leur chemin, avec un nouveau venu aux percussions, arrivé en 2019 et surnommé Killer Lethal. La frappe puissante du bonhomme surnommé apporte un petit plus à cet instrumental solide, qui jamais ne dérive sur les plages de la complaisance et du sentimentalisme bon marché, puisque les espagnols pratiquent toujours cet espèce d’hybride Power mélodique, avec beat rapide et riffs salement énervés.
De la puissance donc, pour un résultat plein d’aisance.
KILMARA est donc toujours ce groupe aux multiples visages, qui sourit autant qu’il ne grimace d’effort. « Journey To The Sun », title-track placé d’emblée fixe les limites, et prévient l’auditeur qu’il n’a pas été convoqué pour arroser les fleurs. Toutefois, la présence toujours très active de ces claviers mélodiques n’est pas sans rappeler le EUROPE première période, ou le PRETTY MAIDS de la doublette Future World/Jump the Gun. Des synthés Heavy donc, mais ludiques, comme ces bornes chronophages qui nous faisaient oublier la réalité en nous plongeant dans des mondes alternatifs, nés de l’imagination débordante des programmeurs.
Des programmeurs qui auraient bossé à bride abattue sur le tempo de « Liberticide », brulot du samedi soir, qui permet de défier l’adversité derrière un écran et de sauver la princesse des griffes des méchants. Production un peu rêche pour ne pas perdre en agressivité, profondeur raisonnable de la doublette basse/batterie, voix mise en avant sans empiéter sur le reste de la tablée, le mix est parfait, et RIOT pointe même le bout de son nez pour constater son héritage pérennisé.
Ce formidable dosage de violence et d’accessibilité harmonique est la trademark d’un groupe qui survole complètement son sujet, et qui n’hésite pas, à l’instar d’HELLOWEEN ou STRATOVARIUS à appuyer le beat d’envolées de claviers qui soutiennent les guitares au lieu de se substituer. « Wildfire », feu de joie incroyable dessine les contours d’une bataille intergalactique entre les forces du bien et celles de l’ombre, et nous propulse loin en arrière, lorsque les héros digitaux étaient les supermen des adolescents.
J’y ai moi-même retrouvé une partie de ma jeunesse, et la sensation est délicieuse. Beaucoup de générosité, un poil d’exubérance, Journey To The Sun ne s’y brûle pas les ailes, et sait moduler pour planer en toute sécurité. Comme un Power Metal à la japonaise avec références aux mangas, ce cinquième album est un modèle du genre, concocté par des musiciens brillants et inspirés. Pas de temps à perdre en atermoiements, le Heavy se doit d’être induit, et surtout, respecté par un cahier des charges exigeant.
« An Even Whole », sans calmer les ardeurs propose un mid tempo vif et nerveux, qu’un batteur polyvalent transcende de sa double grosse caisse très diserte.
Tout s’enchaîne donc avec une belle fluidité, le manque d’inspiration étant totalement mis de côté. « Power Of The Mind » retrouve même les doublettes fameuses d’IRON MAIDEN, et les poussées opératiques de SAVATAGE. Des comparaisons flatteuses donc, pour un disque heureux, et opulent.
Loin de certains produits manufacturés empestant la nostalgie factice, Journey To The Sun est un honnête produit d’artisans qui connaissent leur métier, et qui le pratiquent toujours avec amour. Un petit clin d’œil a même été ajouté à l’aventure, sous la forme d’une reprise du title-track en version 8 bits. Conclusion très amusante et pertinente d’une aventure pas comme les autres, qui redonne ses lettres de noblesse à ces énormes bornes qui trônaient au sommet de la distraction avant l’arrivée des consoles.
KILMARA nous donne donc de bonnes raisons de nous replonger dans ce passé magique, allumant toutes les lumières de la salle tout en comptant la monnaie. Celle d’un argent de poche durement gagné, qui terminait sa course dans les caisses de ces engins de bonheur. Et aucune crainte du game over. La partie peut recommencer sans bourse délier.
Titres de l’album:
01. Point Of No Return
02. Journey To The Sun
03. Alliance Of The Free
04. Chances
05. Liberticide
06. Wildfire
07. An Even Whole
08. Power Of The Mind
09. Take Me Back
10. Journey To The Sun (8bit)
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15