Quand un groupe ancien annonce qu'il va faire une longue pause après cette tournée, il vaut mieux en profiter parce qu'on ne sait jamais... Tenant ma résolution de l'année de privilégier les vieilles formations influentes ou cultes proches de la retraite, j'ai fait le court déplacement jusqu'à la Paloma, la SMAC qui a réveillé la scène depuis quelques années, dans une ville restée trop longtemps à l'écart de la vie musicale en dehors des concerts prestigieux de masse l'été aux arènes.
La décision de venir ce soir à la Paloma fut prise tardivement. J'avais déjà laissé passer les Swans la dernière fois et j'avais peur de m'ennuyer sur un long set. C'était toutefois l'ultime occasion, probablement, de voir ce groupe majeur qui a influencé décisivement un certain nombre de groupes qui comptent pour moi, d'Ulcerate aux Young Gods, et d'autres qui ont à leur tour suscité tant de vocations : sans les Swans, pas de Neurosis, ni ce qui s'ensuivit.
Dans ce confortable centre musical moderne et proche de l'autoroute, l'affluence était correcte mais pas compacte. Et ce n'était pas très jeune en moyenne. La distribution de bouchons à l'entrée était une saine précaution tant on sait que les Swans jouent fort. Le temps de jeter un œil au stand bien fourni, la première partie commençait discrètement dans la petite salle, la Red Room. Le peuple qui était encore plutôt dans la cour se transbahuta peu à peu.
La toute menue ANNA von HAUSSWOLF n'a pas l'air de grand-chose au milieu de ses trois comparses (dont un membre des Swans). Mais quelle voix ! Si certains y voient déjà un phénomène artistique, le long premier titre ne montrait rien de très nouveau en fait, c'était de la Dream Pop ou Heavenly Voices digne des temps légendaires du label 4AD. Avec un volume élevé et pur dans la pénombre bleuie, il faut reconnaître que ça transmettait : le silence religieux absolu flottant plusieurs secondes à la première pause s'observe rarement. La suite navigua entre Néo-Folk, Drone et Indus martiale, avec des traces de Néo-classique, l'obscurité glissant vers des reflets plus rouges. Le malentendu peut venir d'une certaine parenté esthétique avec le Black Metal, surtout quand elle headbangue sa tignasse blonde, alors qe cette musique provient de toutes autres traditions. Et vraiment, ce chant puissant à large amplitude est un vrai don. Reste à vérifier ce que ça rend dans la durée avec un autre cadre, sur album. Le long final dépassant le temps prévu sembla comporter une bonne part d'improvisation, à titiller les potards des synthés et tirer des sons inattendus d'une simple Fender Stratocaster. "Eraserhead" n'était pas loin. Le set de trente minutes restait trop court pour des titres aussi longs, mais justifie qu'on y revienne dessus à la maison à condition de ne pas se tromper sur l'identité de la chose.
Les SWANS se sont installés en demi-cercle autour du seul chef désormais, Michael Gira iconique avec sa guitare. Cela commença par un titre de cinquante minutes (oui !), de déchaînements telluriques au volume sonore massif, d'où monta une petite boucle Electro (limite un loop) qui rappelait combien les frontières du Rock Industriel sont poreuses. Le charisme de Gira, après avoir tourné le dos au public un long moment, se déploya progressivement à l'image de sa diction et d'une gestuelle lente. Ses bras s'ouvraient aussi lentement que son débit, comme une éclosion.
L'exercice du live permet de comprendre bien mieux la musique des Swans. Que les morceaux soient pachydermiques ou un peu plus rapides, délayés à mort ou d'un format classique, il y a quelque chose de spirituel, chamanique et viscéralement américain. Certaines personnes étaient comme en transe. La puissance dégagée, appuyée ponctuellement par Gira faisant comme s'il jetait le son sur nous, n'a rien à envier au Metal bien qu'il vienne d'ailleurs. Des morceaux interminables et patiemment mis en place par des répétitions délayées s'achevaient ensuite très rapidement.
La préparation des montées sur des rythmes lents laissait de longs passages de tension très progressive, autant dire de vraies longueurs pour des bourrins comme nous, sur un set exceptionnellement long. Cela justifiait que comme à la messe orthodoxe, certains fidèles sortent s'asseoir ou se détendre un moment. Pendant ce temps le service d'ordre passait au fond avec des casques sonores de chantier, la mine hilare. Rarement me suis-je autant félicité que ce soir d'avoir des bouchons de qualité… Soucieux du détail, Gira n'appréciait pas trop les spots dans la figure ni les larsens qui l'amenèrent à essayer de chanter un passage sans micro, puis à chercher une meilleure position et à commander le technicien aux retours qui n'a pas eu l'air de comprendre ce qu'il voulait.
La batterie, bien que rigoureuse, n'avait servi pendant une bonne partie du set qu'à marquer les déchaînements de guitare. Puis de vrais riffs apparurent enfin et elle reprit le rôle de donner le rythme sur les titres plus entraînants amenant l'assistance vers la sortie, dans un style rappelant presque le Ministry des grandes heures. Ainsi délassé de tant de vagues sonores et de tensions répétées, le show s'acheva sans rappel au bout de deux heures et demie.
Dans un autre genre c'était un show aussi éreintant que de grandes pointures de Death brutal, un show musical étrange mais séminal, je ne regrette pas cette expérience un peu éprouvante.
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31