Behind The Devil #15 - Underground Investigation Fanzine

Underground Investigation

Dans les acteurs majeurs de la scène Metal il y a ces passionnés qui choisissent de prendre la plume, la machine à écrire ou le clavier pour parler des groupes, des styles, des albums qu'ils aiment dans des papiers plus ou moins soignés mais toujours réalisés avec passion.
Après ACID VICIOUS, nous avons voulu donner la parole à un autre acteur présent depuis bientôt 30 ans ! Quelques périodes creuses mais jamais d'arrêt définitif, une longévité qui n'est pas le fruit du hasard comme nous le raconte Sylvain, l'une des têtes pensantes de ce UNDERGROUND INVESTIGATION FANZINE plus vivace que jamais. Entretien avec un passionné !

Pour commencer, peux-tu te présenter ainsi que Underground Investigation Fanzine ? D’où vient ce nom ?

Bonjour. Je suis Sylvain Cotté, guitariste du groupe GanG et membre fondateur de l'association Underground Investigation et du fanzine du même nom. Les premiers numéros sont parus fin 1992 et nous venons de sortir notre n°87 en février dernier.

Comme l'objet de l'association et du fanzine était de découvrir et promouvoir de nouveaux groupes issus de l'Underground, nous nous sommes pris pour des détectives privés au service du Metal d'où ce nom : Underground Investigation.

Anecdote marrante d'ailleurs, au début de l'association, une plaque "Underground Investigation" ornait l'entrée de notre maison. Un jour, coup de sonnette, j'ouvre et je me retrouve face à deux gendarmes sur le pas de la porte. Ils venaient se renseigner sur nos activités persuadés que nous étions réellement des détectives privés.

Combien êtes-vous à la rédaction du fanzine ? Comment vous organisez-vous ?

Je dirai que nous sommes une bonne douzaine. Les choses ont pas mal évolué depuis le début et nous avons quelque peu recentré notre ligne rédactionnelle il y a dix ans car nous ne parvenions plus à suivre face à la masse de sollicitations que nous recevions. Ça devenait l'usine et nous perdions un peu de notre motivation. Aujourd'hui, Underground Investigation est redevenu un fanzine de fans écrit par les fans. Nous ne collons pas forcément à l'actualité mais chaque article transpire la passion et l'envie de faire découvrir et de partager.

Il y a donc un noyau dur de rédacteurs qui sont principalement des membres de l'association  Underground Investigation ou de GanG et il y a aussi des occasionnels qui nous adressent leurs articles ou leurs photos. Tout le monde peut écrire pour Underground Investigation Fanzine, en étant adhérent à l'association mais aussi en étant, simplement, volontaire et passionné. Je précise que nous ne traitons pas de politique, ni de religion, juste de musique.

Pour certains concerts, je fais des demandes d'accréditations pour nos photographes et rédacteurs mais d'une manière générale, chacun se débrouille et me restitue son travail qui vient grossir le sommaire du fanzine.

Étant l'adresse principale de l'association, je centralise la réception des albums promo aussi bien par courrier que par Internet et je les redistribue aux contributeurs intéressés. Ces derniers sont également libres d'envoyer des chroniques et articles qui traitent de sujet ou d'album pour lesquels nous n'avons pas forcément reçu de sollicitation car nous continuons tous à acheter des disques et à aller aux concerts.

Le milieu de la scène Underground vit notamment grâce à des fanzines comme le tien, fait de passionnés (merci à toi). Pourrais-tu expliquer ton parcours et comment tu en es venu à créer ce fanzine ?

L'histoire du fanzine remonte à mes années collège. Avec mon comparse de toujours, Philty, nous avons assisté à la naissance de la presse spécialisée à travers Enfer Magazine, Metal Attack, Hard Rock puis Hard Force, Metal Hammer, etc.

Du coup nous avions envie de faire notre petit mag à nous. Nous nous sommes mis à pomper des interviews dans les mags de l'époque, à les remettre en page, à découper et coller des photos pour créer des maquettes en noir et blanc que nous faisions photocopier à une poignée d'exemplaires pour distribuer à nos potes Hardos du collège. Ainsi Heavy Metal magazine était né et a été publié de 1983 à 1987. C'était finalement plus du bricolage et un atelier de travaux manuels qu'un véritable travail journalistique, d'autant qu'à l'époque nous ne disposions pas d'ordinateur, ni de traitement de texte ou autre scanner. 

En 1992, avec la création de l'association Underground Investigation en tant qu'organe de management de GUSH X (qui deviendra GanG en, 1993), nous voulions aussi mettre en place un outil de communication et l'idée de relancer la publication du fanzine est tout naturellement venu à nos esprits. On a ressorti nos ciseaux, notre tube de colle, une vieille machine à écrire et c'était parti pour une nouvelle aventure sauf que cette fois nous réalisions nos propres articles, interviews, chroniques et live report.

On a communiqué sur l'existence de notre fanzine avec l'envoi de flyers, sollicité des groupes pour qu'ils nous envoient leurs démos et/ou qu'ils participent aux compilations cassettes que nous réalisions aussi en parallèle. Nous tenons donc la barre depuis toutes ces années avec plus ou moins de régularité, essayant de publier trois numéros par an.  

Quels sont les fanzines qui t'ont influencé quand tu as voulu te lancer ? Et ceux que tu suis actuellement ?

Oh ! Il y en avait plein à l'aube des 90's, d'autant que Internet n'existait pas et que pour avoir des infos sur des groupes qui n'apparaissaient pas dans les magazines, le seul moyen était les fanzines.

L'un des premiers fanzine que j'ai acheté via mon marchand de badges, tee-shirts et patchs, qui exposait chaque samedi sur le marché fismois est Hard Force. C'était déjà de la grosse qualité et rien d'étonnant à ce qu'il soit devenu ensuite un magazine à l'échelle nationale. Puis nous avons commencé à faire des échanges avec nos premières parutions. Je me souviens entre autres de Decibels Storm ou Alliage qui étaient bien classieux aussi. Il y avait aussi des publications plus artisanales mais toutes aussi intéressantes telles que Acid Vicious (qui a d'ailleurs repris du service dernièrement et que je continue à suivre). Les potes Alsaciens de Downright Malice s'étaient aussi lancé un temps dans le fanzinat avec Neurotoc'Zine. Notre Biggy faisait son Blended Souls Fanzine dans le Nord où sévissait aussi Nihilistic Holocaust. Bill faisait French Connection, Laurent Carlin avait créé The Dark Messiah avant de rejoindre Dagda Organisation puis U.I. Du côtés de Saintes il y avait Les Fleurs du Mal puis Rock Mal. En 1999, est apparu Metal Integral du côté de Chambéry. Je peux aussi citer Odymetal du côté de l'Argonne, nos voisins et amis de LiveSteel (R.I.P. Pom'), Vicomte de Neurasthénie, Leprozy, Electro-Shock 'Zine, Metal Storm, Metal Life, le label allemand G.U.C. (German Underground Crossection) qui sortait un joli petit book accompagné d'un CD, Sang Frais au Québec,... Récemment le label Killer Metal Records sortait son magazine Metal Gods. Je me souviens de Shocker réaliser par Jérôme Daulin de MD Flush en région parisienne, Schizophrenia publié dans le Sud de la France et j'en oublie malheureusement beaucoup que je dois conserver quelque part dans mes archives...

Je ne peux pas dire s'ils nous ont influencé ou non, mais il est certain qu'on était tous assez attentifs à ce que chacun faisait et comment il le faisait. On échangeait aussi beaucoup à l'époque façon « tape trading ».

D'une manière générale, même si nous en recevons beaucoup moins et que certains ont migré sur la toile,  je reste intéressé par tout ce qui se fait en matière de fanzine imprimé.

Underground Investigation Fanzine a traversé les âges et différentes périodes, qu’est-ce qui vous pousse encore aujourd’hui à continuer à faire tourner la photocopieuse ? Comment se porte le fanzine depuis sa création ? Aujourd'hui, comment a t'il évolué ? Est ce que les résultats sont à la hauteur de tes espérances ?

Il y a quelques années que nous avons abandonné la photocopieuse ! Il y a des offres très intéressantes en matière d'imprimerie en ligne qui nous ont permis d'étoffer un peu le rendu du fanzine et de le proposer désormais entièrement en couleur sur un papier digne de ce nom.

Comme je les précisais plus haut, nous avons revu notre ligne rédactionnelle, il y a une dizaine d'années pour retrouver un second souffle et une motivation à poursuivre le fanzine. En effet, notre implication nous avait fait atteindre un certain point de non retour qui, face au développement des nouvelles formes de diffusion de la promotion des albums (notamment l'arrivée des fichiers MP3) devenait insurmontable. Il y avait toujours plus de groupes, d'albums, de labels, de concerts et nous nous sommes vite aperçus que nous ne pouvions pas répondre à tous, que nous perdions aussi l'envie d'écouter de la musique car nous en recevions vraiment de trop... Je me souviens avoir répertorié à un moment plus de 250 albums et démos à chroniquer pour un trimestre !  La petite goutte d'eau qui nous a poussé vers ce retour à une taille humaine a été de se faire prendre à partie par certains labels nous reprochant de ne pas coller assez à leur actualité, de ne pas en faire suffisament pour eux alors qu'ils nous innondaient d'albums que nous n'avions même plus ni le temps, ni le plaisir d'écouter. Des reproches que nous avons d'autant plus mal pris que notre dévotion pour le Metal est totalement bénévole et que chacun des membres de la rédaction s'implique volontairement  dans sa mission avec pour seul objectif le partage de sa passion et d'un plaisir commun.

Nous avons donc décidé que notre énergie et notre argent devait avant tout être dépensés pour que le fanzine perdure dans cet esprit quitte à nous passer des productions raccoleuses de labels nous utilisant comme si nous étions des professionnels entièrement dévoués à leur service. Rappelons d'ailleurs au passage que ces mêmes labels dépensent des fortunes en pages publicitaires dans les magazines pro pour y voir publier chroniques et autres interviews de leurs poulains...

Nous sommes donc très heureux de ce retour aux sources et de cette ligne directrice qui consiste à faire d'Underground Investigation un fanzine de fans pour les fans. Chaque rédacteur y apporte sa couleur, son style, y partage ses goûts et défend ses points de vue. Il n'y a pas de confrontation, ni de compétition et nous laissons toujours au lecteur le soin de se faire sa propre opinion.

Je crois que ce qui explique finalement la longévité du fanzine (comme de l'ensemble de nos activités) c'est que nous continuons à fonctionner, peut-être naïvement mais très sincèrement, avec nos cœurs.

Combien de sorties te fixes-tu pour cette année ? Et quelles sont tes projets pour les années à venir ?

Nous sortons généralement 3 fanzines par an. Parfois, il y a un double numéro à cheval sur deux années comme ce fut le cas avec le récent n°87 qui est le plus gros jamais sorti dans notre nouvelle formule (A5) avec 118 pages.

Malgré l'arrêt forcé des concerts et de l'activité musicale, du à la crise sanitaire actuelle, je pense que nous devrions tenir le cap et en profiter, en tout cas, pour mettre un coup de projecteur sur certains groupes via des interviews et des chroniques d'albums car les sorties mensuelles restent nombreuses malgré tout.

Il n'est pas exclu également que nous sortions quelques hors série, notamment un spécial GanG à l'occasion du 30ème anniversaire du groupe.

 

Tu es un fanzine résolument éclectique, quelle est la ligne directrice du fanzine ? Quelles sont tes limites en termes de style ?

Comme précisé dans mes réponses précédentes, notre éclectisme provient de la mise en commun des contributions de chaque rédacteur. Il me semble très important, également, car il contribue aussi à suciter la curiosité du lecteur qui, nous l'espérons, ne reste pas coincé dans son style de prédilection et trouve un intérêt à découvrir les groupes qui lui sont proposés dans nos pages.

C'est ainsi que nous avons nous mêmes fonctionné à la lecture des magazines et des fanzines afin de découvrir, retenir, vénérer ou détester certains groupes. Nous restons sans cesse des curieux en puissance et nous espérons que nos lecteurs nous suivent dans cette démarche.   

Le temps de façonnage d’un fanzine est particulièrement long, tant pour le contenu que pour la forme ? Peux-tu nous décrire comment tu opères, comment tu t’organises pour sortir un numéro ?

En général, je centralise les articles et les photos envoyés par nos contributeurs, crée les fichiers de base (notamment pour les chroniques d'albums), certaines pages publicitaires et je transfère au fur et à mesure à Michel aka Tenebrius Rex qui se charge de la mise en page et de la maquette finale. Bénévole de longue date à l'association, T.Rex a suivi des formations en publication assistée par ordinateur et a travaillé en imprimerie. Il a proposé ses compétences dans le domaine ce qui nous a grandement fait gagner du temps par rapport à une époque où je me charger de toute la mise en page avec un simple logiciel Word...

On remplit le fanzine au gré de l'arrivée des articles selon une prémaquette établie à laquelle nous ajoutons, le cas échéant, des dossiers spéciaux, portfolio voire poster.

Au terme de quelques échanges et corrections successives, le fanzine est envoyé à l'imprimerie. A réception des exemplaires, j'ai également la lourde tache des envois postaux aux adhérents ou de la distribution lors de nos événements s'ils coïncident avec une date de parution (histoire d'économiser les frais postaux qui sont devenus parfois plus chers que le fanzine en lui-même !)

Est-ce que tu as déjà été amené à censurer ou à ne pas publier un article ? Comment juges-tu la participation des groupes et de tes interlocuteurs lors des interviews ?

De mémoire, je ne crois pas... Comme je l'ai dit précédemment, nous évitons tout ce qui est politique et religieux en nous axant principalement sur la musique et plus particulièrement le Rock et le Metal. Ensuite, les propos de nos interlocuteurs n'engagent qu'eux et nous n'en sommes pas responsables.

Les groupes se prêtent au jeu des interviews avec une certaine auto discipline qui nous évite d'avoir recours à quelque censure que ce soit. Evidemment si des propos se révélaient injurieux ou totalement hors sujet par rapport à notre ligne rédactionnelle et à l'objet du fanzine, nous n'hésiterions pas à opérer une coupe franche. Comme le chantent nos amis de R.U.S.T.X, nous sommes là pour “Défendre le Rock” !

Peut-être que dans nos lecteurs, certains rêvent de monter leur fanzine. Qu’aurais-tu comme conseils à leur donner ? Est-ce concrètement réalisable aujourd’hui ?

Oui. Créer un fanzine reste plus que jamais réalisable aujourd'hui. Les moyens techniques sont nettement plus à la portée de tous que par le passé. L'informatique, le traitement de texte, Internet, toutes ces technologies favorisent la réalisation d'un fanzine, y compris en terme de communication pour la réalisation d'interviews à distance, sans oublier les offres d'imprimeries en ligne qui sont très intéressantes.

Cependant, il reste une difficulté majeure, celle de rentabiliser les coûts de réalisation qui passe par le fait de parvenir à fidéliser un public et des lecteurs via un systême d'abonnement ou une contribution financière de leur part. Le développement d'Internet et des nombreux webzines totalement libre d'accès ont quand même pas mal eu raison des fanzines imprimés.

Comme pour la musique, les supports ont évolué mais il restera toujours des puristes qui préféreront écouter un vinyle plutôt que de stocker des MP3 sur un disque dur externe ou tenir en main un fanzine plutôt que de surfer sur le web.

Est-ce que tu as eu peur au moment de lancer le fanzine, ou à certaines périodes difficiles ? Des numéros difficiles en termes de contenu par rapport à ton audience ?

On a connu une période de “stand by” lorsque nous menions notre réflexion sur la réorientation de notre ligne rédactionnelle, sur les aspects techniques et financiers de la réalisation de notre fanzine.

Le fanzine était devenu quelque chose d'énorme à réaliser, j'y passais quasiment tout mon temps libre et je me souviens même être parti en vacances chez des amis avec mon ordi pour finaliser la maquette d'un numéro. Certains collaborateurs ont même jeté l'éponge à l'époque car ils ne trouvaient plus de plaisir à écouter et chroniquer autant de disques... Nous étions totalement submergés de demandes et nous tentions de répondre à tous. Il a fallu nous rendre à l'évidence qu'il fallait redonner une taille humaine à notre fanzine quitte à se priver de promouvoir certaines productions déjà largement exposées dans les médias professionnels.

Nous étions dans le doute et nous demandions s'il fallait poursuivre. Mais, le fanzine reste, historiquement, la plus vieille activité de notre association et nous nous voyions mal y mettre un terme.

Est-ce compliqué au quotidien de s’occuper de la gestion de ce fanzine ? Ça te prend combien de temps par jour/semaine/mois ?

C'est difficile à chiffrer. J'essaye d'y passer un peu de temps chaque jour, ne serait-ce que par l'écoute d'albums reçus qui y seront chroniqués.

La gestion des abonnements ce fait également au jour le jour dès réception d'une nouvelle adhésion.

L'envoi des fanzines prend pas mal de temps aussi car il faut le mettre sous pli, timbrer et déposer au bureau de Poste.

Comme précisé précédemment, chaque sommaire se construit au fur et à mesure, à réception des contributions des uns et des autres. Là aussi c'est un temps de travail quotidien durant lequel je réceptionne puis transfère les articles à notre maquettiste.

Au final c'est un travail constant car nous sommes toujours en haleine quant à ce que nous vivons et qui pourra alimenter le sommaire du fanzine : écoute d'albums, concerts, prise de contacts avec des groupes, partenariat, etc.

A l’heure du numérique, on est tenté de se demander si les fanzines ont encore un rôle à jouer. Pour toi qu’est-ce qu’un bon fanzine ? Quelles missions doit-il pouvoir réaliser ?

Ahahahaha ! “Le bon et le mauvais fanzine”... C'est comme un sketch des Inconnus !

Effectivement, les webzines se sont surdéveloppés et sont, sans aucun doute plus facile, à réaliser techniquement. Cependant, bon nombre de fans de Metal sont des collectionneurs et aiment conserver disques, magazines et fanzines traitant de leur musique et de leurs groupes favoris.

Je pense qu'un fanzine doit avant tout refléter la passion et l'engouement de son géniteur pour le sujet qu'il traite. Ça principale mission est de faire découvrir et de partager avec les fans, de susciter l'intérêt des plus curieux et de donner envie de se procurer certains albums, d'aller aux concerts, de côtoyer certains groupes...

Alors que la presse spécialisée écrite (Metallian / Rock Hard par exemple) est régulièrement menacée de disparition pour des questions financières, penses-tu que le fanzinat peut redevenir plus important car il y a toujours des amateurs de sorties papier ?

Difficile à dire. Nous mêmes connaissons une baisse de nos effectifs d'abonnés. Ils restent un noyau dur de fidèles lecteurs mais certains groupes qui, autrefois, nous accordaient leur soutien en adhérent à l'association semblent désormais uniquement se préoccuper de cumuler gratuitement des chroniques sur les Webzines. Je pense d'ailleurs que le phénomène est en train de rattraper le Web car il n'est pas rare désormais que certains Webzines demandent de l'argent pour fonctionner en échange d'une chronique ou d'un article.

Le fanzinat reste un engagement bénévole mais qui nécessite des ressources pour fonctionner. A la différence de la presse spécialisée, nous ne sommes pas tributaires des publicités qui seront les bases du financement et du sommaire des publications nationales. En cela nous conservons une grande part de liberté et c'est peut-être ce qui séduira les amateurs de sorties papier, lassés de trouver les mêmes contenus (ou presque) dans toutes la presse spécialisée.

Toi qui es un acteur actif de cette scène « underground », est ce que tu trouves qu’il y a des dérives dans cette scène, ou des choses qui t’agacent ?

Je viens d'en citer une avec les articles payants ! Je suis bien conscient (et bien placé pour le savoir !) que la réalisation d'un fanzine ou d'un webzine coûte de l'argent mais de là à réclamer aux groupes de payer pour être chroniqué ou interviewé, ça me dépasse.

De même, il y a parfois des pseudo compétitions entre médias “underground” que je trouve totalement hors sujet. On retrouve le même phénomène entre groupes qui pensent qu'il faut écraser les autres pour se tailler la part du lion. Pour moi, la musique n'a jamais été un concours. Aujourd'hui il y a toujours plus de groupes et d'acteurs dans la scène Rock & Metal mais le gâteau à se partager reste maigre si on ne vise que l'aspect financier. C'est pour celà que nous restons à notre place avec Underground Investigation. Celle de passionnés, curieux et souhaitant partager au maximum les points les plus positifs que véhicule notre musique chérie.  

 

Quelles est ta prochaine publication, quel en sera le sommaire et quand prévois-tu de la sortir ?

Nous travaillons actuellemment sur notre 88ème numéro dont la sortie est prévue pour l'été.

Le sommaire sera principalement axés autour d'interviews et de chroniques. Compte tenu de la situation actuelle, il y aura peu de live report hormis ceux du début d'année et peut-être certains en flash back...

Il y aura quelques surprises parmi les personnes interviewées, notamment, si ça se concrétise, un entretien avec le batteur d'un célébre groupe de thrash américain qui s'avère avoir été l'un des premiers abonnés de notre fanzine.

Il y aura aussi un retour en images sur la 23ème Convention Rock n'Metal de Fismes qui restera sans doute notre unique festival sur les trois que nous prévoyions en 2020...

Le sommaire se concrétise gentiment et on devrait y voir plus clair d’ici la fin juin

 

Tu joues aussi dans un groupe qui s’appelle Gang, tu organises des concerts sous le nom d’Underground Investigation et depuis quelques temps, tu es de retour sur les ondes avec une émission hebdomadaire, peux-tu nous en dire quelques mots ?

J'aime dire que faire de la musique c'est plus que de brancher une guitare sur un ampli. Alors j'essaye d'être le plus actif possible pour assouvir ma passion pour le Rock et le Metal.

GanG fêtera ses 30 ans d'existence en octobre prochain. Nous venons de sortir la version double vinyle de notre album All For One et sommes en pleine période de composition pour le futur album studio. Nous avons également quelques projets sous le coude pour continuer à occuper le terrain durant l'enregistrement et la réalisation de notre nouvelle galette. Je ne peux en dire plus pour l'instant mais, comme toujours, nos fans seront gâtés et nous réaliserons encore un rêve de gosse...

Côté concerts, nous organisons 3 événements annuels : la Convention Rock n'Metal le premier dimanche de mars, le Hard Rock Legend, généralement en mai et la British Steel Saturday Night le premier samedi d'octobre. Ce dernier reste très incertain pour 2020 mais nous sommes déjà à pied d'œuvre pour les éditions 2021 qui comprendront les reports des festivals n'ayant pas pu se dérouler cette année.

Enfin, depuis septembre 2019, j'ai repris le chemin des studios de Radio Graffiti's où j'anime à nouveau mon émission “Crusader” que j'avais mis en suspens depuis presque 20 ans. J'avais envie de reprendre le micro et de pouvoir partager en live quelques bons disques et news. Cette émission est très complémentaire du fanzine et elle me permet aussi de diffuser des groupes qui ne sont pas forcément traités dans nos pages et vice versa.

Selon toi, quelles différences y a-t-il entre le fanzine et l’émission de radio, y a-t-il des groupes que tu traites sur un média que tu ne penses pas pouvoir traiter avec l’autre ?

Ta question rattrapes ma réponse précédente !

L'émission de radio permet de donner aux auditeurs, et par là même aux lecteurs du fanzine, un exemple audio et live des groupes qui apparaissent au sommaire.

C'est aussi un moyen de traiter plus de groupes car, étant hebdomadaire, j'y diffuse une vingtaine de titres chaque semaine.

Je reviens aussi sur l'histoire de notre musique avec des groupes cultes, des anniversaires de sorties d'albums ou de musiciens, des news et des rubriques régulières alors que ce genre de contenu est plus sporadiquement présent dans le fanzine.

L'aspect technique est différent entre la radio et le fanzine. La radio donne quelque chose de concret à se mettre dans les “cages à miel”, c'est plus instantané, direct (même s'il y a aussi un horaire de rediffusion et un podcast). Le fanzine apporte quant à lui pas mal d'informations à travers son contenu mais le lecteurs devra faire la démarche de se procurer les albums, d'aller aux concerts ou de farfouiller sur le Net pour se faire sa propre opinion des groupes exposés.

Encore une fois, je pense que malgré leurs différences, le fanzine et l'émission de radio sont très complémentaires et c'est pourquoi j'y prends autant de plaisir.

Et bien c’était tout pour moi, je te laisse le mot de la fin !

Un immense MERCI pour cette interview aux questions très pertinentes et complètes. J'espère y avoir correctement répondu et que ceux qui m'auront lu jusqu'au bout auront pu apprécier notre engagement pour le Metal en général et l'Underground en particulier.

Ces derniers mois et pour ceux qui viennent encore, la culture et, de fait, notre musique préférée et les acteurs qui y contribuent, subissent un sinistre sans précédent. J'espère que tous les fans, les amateurs et les sympathisants auront à cœur de faire reprendre au mieux et dans les meilleures conditions possibles ce secteur d'activité dès que cette fichue crise sanitaire sera derrière nous.

J'ai lu beaucoup de bonnes intentions en ce sens sur les réseaux sociaux durant le confinement et j'espère, sincèrement, que leurs auteurs joindront les actes aux paroles pour que les concerts soient de nouveau bondés de public, que les albums se vendent à foison et que chacun y retrouve son compte et son lot de plaisir...

Je dis souvent que les uns sans les autres, rien n'est possible ! Cela me semble aujourd'hui d'autant plus important après cette douloureuse épreuve à laquelle nous n'étions pas préparés.

Enfin, si vous voulez vous abonner au fanzine Underground Investigation et soutenir notre association par la même occasion, n'hésitez pas !

Tous les détails sur notre boutique en ligne : www.undergroundinvestigation.kingeshop.com

Encore MERCI !

par Simony le 05/06/2020 à 12:00
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Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
06/06/2020, 12:39:34
"Les premiers numéros sont parus fin 1992 et nous venons de sortir notre n°87 en février dernier."
Eh ben... Chapeau ! C'est ce qui s'appelle la passion.

David
@90.6.90.1
29/08/2021, 10:27:26

Je possède pas mal d'exemplaires dans les premiers numéros !

Ajouter un commentaire


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19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

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Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

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" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

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Gargan

Y'a du riff polonais.

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Pas de groupes irlandais alors ! 

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