Aeromantic

The Night Flight Orchestra

28/02/2020

Nuclear Blast

Cette fois-ci, l’espace intersidéral s’éloigne et la terre se rapproche. Du coup, les sentiments deviennent moins abstraits, et l’amour se fait une place importante dans la stratégie de communication. Comme le dit l’adage, on est souvent là d’où on aimerait partir, pour aller là où on aurait toujours dû être, et visiblement, les suédois partagent ce point de vue. Sauf que les suédois, sont toujours partout, là où on les attend, là où on ne les attend pas, là où on ne les imagine pas, là où personne ne pense qu’ils peuvent aller. Mais depuis le début, les NIGHT FLIGHT ORCHESTRA sont toujours allés là où nul musicien de Hard-Rock n’avait osé mettre les pieds et les guitares. Acceptant la Pop, la Synth-Pop, l’AOR, le Soft-Rock comme seules composantes essentielles de la musique populaire de ces quarante dernières années, incluant même au passage des références que beaucoup jugeaient incongrues, des clins d’œil à ABBA, ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA, Georgio MORODER, GREG KIHN BAND, à la Power Pop la plus carillonnante, sans se départir d’un amour inconditionnel pour la nostalgie bien faite fixée sur les seventies et eighties. Nous avons largement eu le temps de nous faire à leurs tics, puisque cet Aeromantic est le cinquième longue-durée de la bande, et la transposition suédoise des soaps sud-américains, traduits dans un espace assez proche.

Alors, l’amour ? Oui, l’amour, toujours, et une heure de narration pour un album qui ne progresse pas vraiment dans le ciel du culot, mais qui continue de vendre du rêve en barquette, assimilant les décades pour les restituer dans un même récipient, débordant de mélodies, de douceur rythmique, et de références encore plus voyantes que d’habitude. Cette fois encore, les swedes ont piqué au répertoire classique ses icônes les plus faciles, de Bonnie TYLER à CERRONE en passant par les DAFT PUNK, mais aussi leurs propres homologues, fascinés par un vintage qui se vend toujours aussi cher. Mais le vintage des NIGHT FLIGHT ORCHESTRA est du luxe et pas du prêt-à-porter qu’on trouve dans les friperies branchées. Leurs chansons sont uniques et s’adaptent aux humeurs des fans, comme le blouson de McFly qui sèche tout seul ou ses chaussures qui se lacent de la même façon. Ici, les morceaux fond le dos rond, tentent de percer le mystère de vos propres inclinaisons pour vous proposer le mélange parfait.

Le mélange est pourtant toujours le même. Des guitares smooth, des claviers qui empiètent, un chant médium qui ne cherche pas la performance, et puis des arrangements du passé, synthétiques, dramatiques. Une sorte de Miami Vice qui refait sa B.O avec des imitateurs aussi doués que les compositeurs originaux, une visite de la Floride sous pavillon suédois. Acceptant encore le format long comme seul cadre, le collectif (Björn Strid -chant, Sharlee D'Angelo - basse, David Andersson - guitare, Richard Larsson - claviers, Jonas Källsbäck - batterie, Sebastian Forslund - guitare et chœurs assurés par les Airline Annas - Anna Brygård et Anna-Mia Bonde) ne perd pas vraiment de temps à planter le décor et lâche en intro le gros pavé de l’album, « Servants Of The Air », proto-space-intro qui ne ménage ni ses effets ni ses riffs accrocheurs, pour une fois encore accoucher d’un refrain gigantesque qui rappelle SPACE, et la scène Disco allemande de la fin des années 70. Mais heureusement, le couplet au rythme échevelé nous plaque d’une grosse guitare NWOBHM, dans ce mélange des genres qui a fait la renommée du groupe. Pas de soucis, même en se rapprochant de la terre, NIGHT FLIGHT ORCHESTRA n’a pas perdu cette capacité à nous propulser dans les étoiles, affleurant pour le fun les Flash Gordon, Starcrash, le tout sous impulsion Xanadu avec patins à roulettes et romance légèrement mièvre. Toujours aussi efficaces et assumant leurs plaisirs coupables, les musiciens tapent dans la perfection et synthétisent en six minutes et trente secondes quarante ans de musique populaire, du Hard à la Pop, du Soft au Disco, paraphrasant Jeff Lynne, Moroder, mais aussi Steve Perry et Philip Bailey dans un déluge de vignettes à rendre les producteurs de Stranger Things fous de jalousie. Conscients de leurs atouts devenus depuis longtemps des gimmicks, les suédois se permettent même de signer le hit le plus contagieux de leur histoire avec « Divinyls », qui s’il ne fait pas référence au groupe éponyme, jumpe le long d’eighties qui acceptent encore de se laisser piller via un chorus entêtant qui s’incruste, vous vrille les neurones, et vous montre l’héroïne sous son plus beau jour, brushing et dents blanches comprises.

Oh, j’entends déjà les esprits chagrins se plaindre que ce cinquième album continue de faire semblant de connaître sa culture Pop par cœur, au point de refourguer les mêmes idées que les disques précédents. Pourtant, l’évolution est bien là, dans l’assouplissement de ce qui était déjà très doux, dans le perfectionnement d’une recette pourtant imperfectible, avec encore une bordée de hits qu’on pense impensables pour un esprit moyen, mais qui nous renvoient au meilleur d’une décennie qui a bercé notre adolescence, faisant de notre pauvre petite vie une histoire sans fin (« This Boy's Last Summer », son tempo élastique et son final « en français dans le texte »). Comme d’habitude, loin de se contenter d’aborder tel ou tel pan de l’histoire musicale mondiale, Aeromantic va piocher partout la matière dont il a besoin, pour incarner la bona fide qui nous aide à affronter le quotidien d’une planète morne et vouée à la destruction.

Et c’est en chipant au TOTO de Kimball ses astuces west-coast que les suédois osent le cool à outrance (« Curves », aussi charnu que les courbes de Toto IV), et c’est en louchant sur la partition de Moroder qui bosse avec le Bowie 80’s qu’ils écrivent les notes de « Transmissions », et c’est en se souvenant d’Elton qu’ils glamourent comme des fous sur le title-track. L’art de l’emprunt est donc une fois de plus poussé à son paroxysme, comme un orchestre de bal intersidéral se faisant les dents sur les classiques pour oser des reprises personnelles. On se rappelle de l’importance de Phil COLLINS et de Philip OAKEY en écoutant « Golden Swansdown », mais on comprend aussi que les ROYAL REPUBLIC sont passés par là entre-temps en savourant les trois minutes de « Taurus ».

Inutile de tergiverser, c’est toujours blindé de claviers, l’atmosphère est toujours passéiste et confinée, rien n’allume vraiment les fusées et aucun monde nouveau n’est découvert. Ce cinquième album de NIGHT FLIGHT ORCHESTRA ne fait que respecter une démarche qui tourne à plein régime, une récréation en blind test qui ose l’incrustation Bonnie Tyler et Robert Tepper sur « Dead Of Winter », et qui dans un contexte un peu moins puriste nous offre l’échappatoire rêvée dont nous avons tous besoin. Oui, nous avons tous besoin de nous évader, et quel meilleur moyen qu’une nostalgie nouvelle pour nous rapprocher non de la terre, mais de nos pulsions les plus avouables finalement ? Le romantisme de l’espace donnerait certainement lieu à une série B plus ou moins fameuse avec une caméra, mais délivre une partition magique entre les mains de musiciens moins sérieux qu’ils n’en ont l’air. 

                                  

Titres de l’album :

                        01. Servants Of The Air

                        02. Divinyls

                        03. If Tonight Is Our Only Chance

                        04. This Boy's Last Summer

                        05. Curves

                        06. Transmissions

                        07. Aeromantic

                        08. Golden Swansdown

                        09. Taurus

                        10. Carmencita Seven

                        11. Sister Mercurial

                        12. Dead Of Winter

                         13. City Lights And Moonbeams

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par mortne2001 le 15/03/2020 à 18:17
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