Quand c’est moche, c’est pas beau. Quand ça pue, c’est pas bon. Quoique, selon Zezette épouse X, le mou, qu’est-ce que ça schlingue, mais c’est bon. En raisonnant sous ce point de vue, le premier EP des américains de HARSH REALM n’est pas beau, il pue, mais il est excellent. Paradoxe éternel de la beauté dans la laideur, ce premier effort dont la pochette ne cache en rien les intentions malfaisantes rayonne d’un attrait certain alors même qu’il stimule les plus bas instincts. Et cinq tranches de mort pour à peine un quart d’heure nauséabond, autant dire que ce groupe n’avait pas vraiment le temps de fournir les pince-nez, et qu’il lui fallait frapper très fort pour s’incruster dans les narines les plus solides. Fondé en (mettre une date restée inconnue ici), dans la ville d’Asheville, Caroline du Nord, ce trio de timbrés (Nathan Landolt, Alex Farrar et Justin Hunt) n’a pas tardé à intéresser un label du coin, désireux de publier ses exactions en tape édition ultra-limitée à cent exemplaires, et autant dire que le label ne s’est pas fourvoyé dans une opération peu lucrative artistiquement parlant. A mi-chemin entre le Death le plus putride de nos années de jeunesse, et celui plus mature mais tout aussi affreux des années 90, Beyond Torment est en effet au-delà du tourment, et nous en cause beaucoup, de sa lourdeur, de sa moiteur pourrissante, de ses réflexes immondes et de son odeur musicale pestilentielle, qui rappelle les pires sévices infligés par les INCANTATION et DISEMBOWELMENT. Mais comme le Death n’est visiblement pas un style assez poussé pour nos équarisseurs américains, ils l’ont agrémenté de quelques inflexions Doom assez prononcées, qui rendent leur art encore plus putréfié, mais terriblement jouissif. Il est même parfois possible de penser à une union sale et incestueuse entre BOLT THROWER et AUTOPSY, mais en tout cas, il n’y a pas trente-six manières différentes d’appréhender cet EP introductif, autrement qu’en imaginant des néanderthaliens découvrant les joies de l’apprentissage du solfège le plus rudimentaire.
Dans les faits, ces cinq morceaux (enfin quatre et une transition) se passent de tout commentaire, puisque tout ou presque est dit dès l’ignoble « Void », qui pue la merde oubliée dans des chiottes turcs, et qui a tout d’un cadavre découvert dans des eaux portuaires après avoir été immergé pendant une semaine. En trois minutes, les malandrins distillent une bonne humeur à base de pesanteur extrême, de riffs pourrissant, de lignes vocales captées avec un vieux Revox fatigué, et de rythmiques qui jouent le coup du lapin entre blanches appuyées et soudaines doubles croches enlevées. C’est relativement classique dans le fond, mais tellement suintant dans la forme qu’on n’a aucun problème à s’imaginer dans un vieux terrain du fin fond de la campagne US, près d’une vieille ferme abandonnée avec encore à l’intérieur le cadavre de l’ancien propriétaire terrien ayant mis fin à ses jours après deux ou trois récoltes gâchées, un gros trou dans le crane et l’oubli comme seul linceul. Et si d’aventure, vous souhaitiez un bon résumé de cette aventure moribonde et désespérée, alors jetez-vous immédiatement sur « Death Dream », qui combine le meilleur du Death US le plus repoussant, et le pire du Doom UK le plus angoissant. Avec des riffs qui circulent, et qui appuient sur les plaies purulentes, un chant qui reste en arrière-plan, comme une menace qui gronde, et un batteur à la frappe adaptée et efficace, la combinaison est parfaite, et le rendu bien dégobillé sur les pompes. Mais outre cette envie de choquer et de paraître encore plus glauque que son voisin, on trouve dans ces morceaux une sorte de groove hypnotique, comme si ces trois sadiques voulaient séduire avant de faire très mal. Alors, ça pulse, ça rebondit, ça chante et ça déchante, mais ça n’est en aucun cas un barouf gratuit qui repousse les limites gratuitement. Un genre de version très emphatique et exagérée d’un cocktail entre un ACID BATH décrépi et à la limite de l’agonie et un SEMPITERNAL DEATHREIGN encore plus abimé par le soleil, et surtout, de très bon réflexes (ces accélérations qui arrivent comme un cheveu sur la soupe moisie, et qui vont même jusqu’aux blasts, c’est dire), pour un « Fetching Madness » qui relève encore plus le niveau en laissant les espoirs s’enterrer d’eux-mêmes.
Tout ou presque est dit sur cette pochette fameuse, au noir et blanc en malaise, avec ce graphisme grotesque qui illustre à merveille cette démarche excessive, mais jubilatoire. Il y a très longtemps que je n’avais entendu Death/Doom aussi efficace et contagieux, et je suis ravi d’avoir fait la connaissance des malades de HARSH REALM, dont j’espère le plus grand bien dans l’horreur pour un futur proche. Ils sont moches, pas beaux, ils puent, mais ils sont savoureux. Comme la morue.
Titres de l’album :
1.Void
2.Death Dream
3.Passage
4.Fetching Madness
5.Portal
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