Pour un premier album, les chinois d’ANATHEMATISE n’ont pas joué les pinces. Douze titres pour pas loin d’une heure de musique, un choix plutôt audacieux considérant que le style s’accorde plus souvent d’un timing beaucoup plus compact. Alors, remplir les sillons, OK, mais est-ce pour autant pertinent ? Oui et non, les idées se répétant parfois à intervalles réguliers, malgré une puissance globale à décorner les bœufs. « Presque » nouveau venu sur la scène Death/Thrash, ANATHEMATISE suit son petit bonhomme de chemin depuis 2018, en lâchant régulièrement des formats variés. Deux live sont déjà disponibles, plusieurs démos, un EP et même une compilation, de quoi résumer de jeunes années avec acuité. Mais c’est évidemment ce premier long qui attire notre attention, d’autant que le combo n’a pas lésiné sur l’agressivité et les surprises.
ANATHEMATISE, c’est presque la parité, puisque les cinq membres se divisent en trois hommes et deux femmes. On sait le public asiatique friand de musiciennes, et le voisin japonais a toujours réservé une place de choix aux praticiennes Metal. Ici, c’est au chant et à la guitare que nous retrouvons deux demoiselles, 89 au chant et IronfingerHo à la guitare, entourées de Speed Scum Dog à la batterie, de TormentoRx à la guitare, et de Darren à la basse. Avec un line-up qui a évolué depuis 2018, ANATHEMATISE cherche donc à présent la stabilité, histoire de livrer une partition homogène et convaincante. Et autant les rassurer de suite, ils ont réussi.
Le groupe se recommande de lui-même aux fans d’OPPROBRIUM, MASSACRA, MORBID SAINT et POSSESSED. Outre la surprise de voir nos MASSACRA cités à l’autre bout du monde, on retiendra le côté violent des références choisies, qui flirtent toutes avec le chaos séparant le Thrash bestial du Death insatiable. Et si les cinq compères du jour n’atteignent pas l’intensité des groupes précités, ils s’en rapprochent tout de même, rappelant aussi des outsiders comme HEXX, INDESTROY, une partie de la clique New Renaissance, mais aussi le vilain SABBAT japonais.
Nous voilà donc en bonne compagnie pour disséquer un album au parfum délicatement passéiste et à la patine analogique. Loin des productions standard des années 2010/2020, Bizarre Tales from the Past and the Future est résolument étrange, branlant sur les bords, mais savoureux en tympans, brutal juste ce qu’il faut, hystérique, sans conteste possible, et enrobé dans un mixage digne de l’écurie Cogumelo des années 80. De vrais passionnés donc, qui ne sont pas décidés à laisser la modernité les standardiser. Ce qui est une bonne chose, considérant que le volume des sorties old-school actuel repose sur un principe de copié/collé pénible pour les nerfs.
Ici, on joue donc le Death/Thrash tel qu’il était pratiqué dans les années 80. Méchant, bruyant, mais humain, de proportions raisonnables, et source d’un headbanging ininterrompu. Dès les premiers morceaux, le quintet passe le turbo, et nous entraîne vers des enfers en fournaise, pour un bal rythmé par une batterie volubile et intrépide, et une paire de guitares qui connaissent leurs riffs classiques sur le bout des cordes.
Par ailleurs ANATHEMATISE prouve son allégeance au Metal le plus noir en collant pile au milieu de son premier album une reprise bien sentie du classique « Death Metal » de nos chers POSSESSED. En version plus raide et organique, ce morceau prend un autre relief, et tout en gardant l’approche de l’original, le quintet se permet d’adapter à son propre son, pour garder cette homogénéité à laquelle ils tient tant.
Beaucoup d’énergie donc, pour des musiciens qu’on se plaît à imaginer l’écume aux lèvres, bavant de plaisir Black Thrash, et ruminant d’une colère Death/Thrash. Il faut dire que l’apport de 89 au chant est inestimable, la vocaliste se payant le luxe de signer tous les textes qu’elle éructe d’une voix éraillée et possédée. L’ensemble est donc en pleine osmose, et le résultat ne se fait pas attendre : Bizarre Tales from the Past and the Future nous explose à la tronche avant de nous consumer à petit feu, entre classicisme et déviances torrides, rapprochant le tracklisting des exactions les plus exotiques de DOOM ou JURASSIC JADE.
Old-school donc, mais pas photocopie pour autant. Avec une basse ludique qui explore son manche et une batterie puissante au rendement impressionnant, ANATHEMATISE se distingue de la concurrence par sa hargne incroyable, et pose les jalons d’une carrière qui s’annonce d’ores et déjà fascinante. On se croirait parfois revenu au temps béni du Thrash boom brésilien des années 84/85 (« Corpse Mania », qui en outre fourmille de plans et d’idées à la limite d’un Techno-Death à la SADUS/ATHEIST), et l’album réserve bien des surprises dans sa seconde partie.
Sans baisser en régime, les chinois osent des approches différentes, plus progressives, psychédéliques parfois, mais toujours pertinentes. La maîtrise du sujet est totale, et malgré ses cinquante-cinq minutes, Bizarre Tales from the Past and the Future tient la distance et reste passionnant et fougueux.
Belle carte de présentation qui donne envie d’en savoir beaucoup plus. ANATHEMATISE aura pris son temps pour se lâcher en longue-durée, mais l’attente en valait la peine. Car ces histoires bizarres du passé et de l’avenir sont violentes, tordues, mais dévorées plutôt que lues.
La violence, encore et toujours.
Titres de l'album :
01. Intro+Revenge of the Corpse
02. Web of Death
03. Crippled Avengers
04. Oily Maniac
05. Haunted Tales
06. Death Metal (Possessed cover)
07. Corpse Mania
08. Ghost Eyes
09. Seeding of a Ghost
10. Spirit of the Raped
11. The Killer Snakes
12. Hell Has No Boundary
Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts
15/06/2025, 08:42
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02