Je ne chronique que très rarement les albums live. Tout simplement parce que la plupart du temps, ils ne servent que de bouche-trous, et n’ont qu’un caractère historique très anecdotique. Je laisse à la sensibilité de chacun l’appréciation d’une performance quelconque, souvent retravaillée en studio, ou complétement saturée par un son brouillon. Je me concentre donc sur les albums studio, d’autant que beaucoup de groupes lâchent sur le marché n’importe quel concert pour occuper le terrain. Mais il existe des exceptions. Et des exceptions notables. Sans aller jusqu’à aborder le cas de grands classiques comme Live After Death ou Unleashed in the East, certaines œuvres captées en concert valent le détour pour leur nature sauvage. Et ce nouveau live des américains d’EXODUS remplit toutes les conditions pour se voir traité dans ces colonnes.
EXODUS est une machine de guerre live. Tout ceux ayant vu le groupe ne serait-ce qu’une seule fois peuvent en témoigner, et les autres, qui les suivent depuis des années savent que dès qu’ils foulent une scène, c’est pour y mettre le feu. Un public conquis d’avance qui vient faire la fête avec ses héros reste quand même un public à séduire, bousculer et malmener pour le quintet. Quoi qu’il arrive, la mission est simple : fédérer toutes les âmes, et proposer un unisson, artistique et émotionnel. Et quel concert plus légendaire que ce British Disaster: The Battle of '89 qui avait transformé l’Astoria de Londres en étuve, pour le plus grand plaisir de tous les thrasheurs anglais.
Ce concert mythique en tête d’affiche pour la tournée promo de Fabulous Disaster est resté ancré dans les mémoires comme un premier baiser fatal. Les die-hard, disposant de bootlegs le connaissent évidemment par cœur, mais il méritait plus qu’une édition vite faite sur un bout de table. Il fallait lui offrir un son à la hauteur de son intensité et de sa démence, et donc travailler les bandes, trente-cinq ans après la déflagration initiale. Nuclear Blast s’est donc intéressé au projet de près, pour en proposer une version digne de ce nom que vous pouvez apprécier dès maintenant.
Parfois, quelque chose de vraiment génial vous tombe dessus. Dans le cas d’EXODUS, il s’agissait de bobines de bandes multitracks de notre concert en tête d’affiche à Londres lors de la tournée pour Fabulous Disaster! Alors nous avons pensé, écoutons et voyons ce que nous avons et BAM! Nous étions en FEU! Du Thrash pur et dur, cent pour cent en live, et aussi dangereux que jamais! Nous sommes super excités de pouvoir sortir cela pour nos fans. Un véritable chaos!
Gary Holt ne cache pas son enthousiasme, et on ne peut que le comprendre en découvrant le tracklisting de cette prestation haute en couleurs qui a mis le public de Londres en transe Thrash pendant plus d’une heure. Il est de notoriété publique que lorsqu’un groupe joue face à son public, dans son pays et sa ville, son énergie est boostée et le résultat proche du massacre. Pourtant, cet EXODUS-là, expatrié en Europe donne tout ce qu’il a dans le ventre, comme si chaque date de cette campagne européenne était une bataille qu’il fallait gagner. Et entendre l’intro mythique du non moins légendaire Fabulous Disaster donne des frissons, et nous fait nous sentir présent malgré les années passées et notre absence le jour concerné. Mais quand « The Last Act Of Defiance » explose à la rage d’un Tom Hunting possédé par le Pazuzu des fûts, l’impression est encore plus concrète, et l’adolescence revient au galop. Avec ce fameux line-up historique des années post Baloff, EXODUS nous offre un panaché de ses trois premiers albums, avec évidemment une part importante donnée au troisième né, alors en pleine promotion.
Si le chant de Zetro a souvent été discutable en studio, ses geignements ne convaincant pas tous les fans, c’est une toute autre histoire en conditions live. Le chanteur laisse sa rage sortir en vapeur de ses oreilles, et ne se contente pas de hurler. Il rentre dans la peau d’un guerrier, et ne compte laisser aucun survivant. Le vocaliste agrippe son micro de toute la force de ses doigts, et harangue la foule comme un bateleur diabolique. Et un « Toxic Waltz » déjà salement addictif sur disque devient un véritable massacre entre les mains de cette formation au sommet de son art.
Comment résister à un tel assaut ? Impossible, d’autant que le son est excellent. Personne n’est lésé, et même la basse s’invite aux agapes brutales. Si Gary et Rick se taillent la part du lion en tranchant leurs riffs comme des bouchers fous, si Steve grogne et hurle en mode possession, c’est évidemment Tom qui attire toutes les ouïes de ses fills incroyables et de sa frappe implacable. Le quintet se montre sous son meilleur jour, et nous offre une performance hors du commun, de celles qu’un groupe lâche dans ses primes années lorsqu’il estime avoir encore des choses à prouver.
Et les titres de Bonded By Blood de profiter d’un éclairage nouveau. Même sans les vociférations sataniques du regretté Paul, « A Lesson In Violence » et « Piranha » démontent tout sur leur passage, hymnes radicaux d’un premier LP qui en a laissé plus d’un sur le carreau. Joués à une vitesse supersonique, mais avec un contrôle absolu, ces chansons rappellent à quel point EXODUS a été un acteur majeur de l’explosion du Thrash US, et le public londonien, pas dupe de l’importance de l’évènement, se jette corps et âme dans l’arène pour bouffer les lions qui trainent.
Même le très controversé « Chemi-Kill » parait tout à fait à sa place, ce qui en dit long sur l’énergie développée ce soir-là. Mais ce sont évidemment les déjà classiques qui taillent dans le gras, entre un « Deliver Us To Evil » si bouillant que les chairs se décollent du corps, et un terminal « Strike Of The Beast » qui a tout d’une attaque nucléaire de proportions mondiales.
EXODUS, le tank de concert nous fait un bien joli cadeau avec ce British Disaster: The Battle of '89. Concentré de rage pure, témoignage de la première décennie de Thrash fondateur, cet album en concert est un must-have qui trônera fièrement dans votre discothèque. La bête était alors musclée, agressive, précise, et avait tout à fait sa place dans ce que l’on nommera plus tard le Big4. On ne refait pas l’histoire, mais on peut en réécrire certains passages. Et ce soir-là, EXODUS écrasait la concurrence dans les grandes largeurs.
Get in our way and we're going to take your life
Kick in your face and rape and murder your wife
Plunder your town your homes they'll burn to the ground
You won't hear a sound until my knife's in your back
And the EXODUS attack !!!
Titres de l’album :
01. The Last Act Of Defiance
02. And Then There Were None
03. Fabulous Disaster
04. 'til Death Do Us Part
05. Corruption
06. The Toxic Waltz
07. A Lesson In Violence
07. Chemi-Kill
09. Piranha
10. Like Father, Like Son
11. Deliver Us To Evil
12. Parasite
13. Verbal Razors
14. Brain Dead
15. Strike Of The Beast
Setlist de malade tout simplement. Tom est une brute absolue derrière les futs c'est taré. J'avais même pas entendu causer de cet album live ! Merci pour la chro et le rattrapage ;)
Tuerie intégrale.
Point.
Voyage au centre de la scène : Le Metal français des années 80' / Seconde partie
Jus de cadavre 10/06/2024
Voilà, Chair de poule pour moi ! Et énormément de fierté ressentie pour le groupe, pour le Metal français, et la scène Metal dans son ensemble. J'ai adoré ! Et la scénographie était top ! Puis c'était du Gojira pur ju(...)
27/07/2024, 01:13
Il y aura toujours des pisse-froid pour critiquer mais putain, quelle carrière !
26/07/2024, 20:01
J'ai rien contre Agell, mais passer après Wagner, c'est une putain de gageure...A voir (ou plutôt à entendre) ce que cela vaut avec Reagers... ... ...
23/07/2024, 07:43
L'intermède du projet parallèle Corrupter annonçait assez bien cette suite pour le principal. C'est une forme de retour aux sources du Death le plus obscur, mais par un chemin un peu différent que les premières publications du groupe Cévenol au (...)
22/07/2024, 19:23
ce serait sympa un nouvel album de Tiamat !Tiens d'ailleurs, quelqu'un aurait-il un retour à faire de leur concert au Hellfest ?Merci d'avance !
21/07/2024, 13:53
La signature chez Prophecy laissait supposer un changement de style, on n’est plus en effet sûr du black up tempo. Pas sûr qu’ils aient dû garder le même nom.
20/07/2024, 14:45
En même temps, fallait pas espérer qu'ils reprennent 666 millions d'esclaves et de déchets de Peste Noire.
19/07/2024, 15:49
On me dit dans l'oreillette que la femme de Rob (qui est française) est fan d'Indochine et qu'elle ne serait pas étrangère à cette décision de reprise... L'amour rend aveugle, mais sourd aussi apparemment.
18/07/2024, 14:59
"Kirk et Rob reprennent "L'Aventurier" d'Indochine"... ... ...Le groupe qui aime à se tirer une balle dans le pied quoi !Après l'ignominie de la reprise de Johnny il y a quelques années...A la prochaine date franç(...)
18/07/2024, 09:35
Pour ma part :Jeudi : Ashinhell / Immolation / Brujeria / Megadeth (aïe aïe) / Shining (le groupe norvégien) / Sodom / Cradle of FilthVendredi : Fear Factory / Savage Lands / Kanonenfieber / Satyricon / Emperor / Machine Head (la fin vite fait pour boire un coup) / (...)
17/07/2024, 01:16