Buried Deep in a Bottomless Grave

Witch Vomit

30/08/2019

20 Buck Spin

Je m’étais refusé il y a peu de chroniquer un groupe dont le nom m’apparaissait comme trop brutal pour être respectueux, encore moins honnête. Tout ça pour quelques jours après, m’atteler à l’analyse du second long des poètes américains de WITCH VOMIT, ce qui en dit long sur mon intégrité de journaliste…Mais après tout, peu importe le faux con pourvu qu’on ait le vomi, et cette régurgitation d’une demi-heure s’est avérée assez savoureuse pour que j’y risque mon goûter…Fondé en 2012 du côté de l’impitoyable Portland, Oregon, WITCH VOMIT fut au départ créé comme une hydre à deux têtes, avant que le tandem de base ne renforce son line-up de quelques camarades fossoyeurs partageant la même attirance pour les cadavres putréfiés, et c’est ainsi que V.V (batterie) et T.T (chant/guitare) se sont vus rejoindre par Jason à la basse en 2014, puis par Casey Lynch à la guitare en 2017. Sept ans d’existence pour un parcours discographique assez fourni, et deux EP (The Webs of Horror, 2014 et Poisoned Blood, 2017), un premier long (A Scream from the Tomb Below, il y a trois ans), avant de creuser encore plus profond dans la terre du cimetière le plus ignoble de quoi dénicher l’inspiration de ce Buried Deep in a Bottomless Grave, éminemment infect de bout en bout. Sans revendiquer d’influence directe, le désormais quatuor louche sérieusement du côté des cotes scandinaves, humant le linceul dans lequel ont été embaumés les GRAVE, DISMEMBER, UNLEASHED et autres ENTOMBED, pour en recouvrir la légende du Death Metal de leur propre pays. Un mélange donc assez classique de références incontournables, pour une optique qui refuse (presque) toute velléité de technique et de finesse pour mieux se vautrer dans la fange froide et bruitiste des meilleures salles d’autopsie mondiales.

En parlant d’autopsie, m’est d’avis que les deux leaders ont du bien écouter sa discographie, puisqu’on retrouve des traces de tripes assez patentes dégoulinant des premiers efforts morbides de Chris Reifert, spécialement lorsque le tempo s’écrase et que les colonnes vertébrales en font autant. Enregistré et mixé par Evan Mersky (MOURNFUL CONGREGATION, HELLSHOCK, NIGHTFELL), masterisé par Dan Randall (MEATWOUND, NECROT, GHOUL, VIVASICK), et embelli d’un artwork signé Matt Stikker (OUTER HEAVEN, POWER TRIP), Buried Deep in a Bottomless Grave est plus qu’une simple adjonction à la masse grouillante de nausées Death old-school, il est un manifeste de haine viscérale comme seuls les américains sont capables de les produire, spécialement lorsqu’ils ont grandi dans l’implacable région de Portland. On y retrouve ces riffs congelés, ces rythmiques en soubresauts de muscles post-mortem, ce chant qui grouille d’asticots par tous les orifices, et cette façon d’aménager des breaks encore plus froids histoire de faire baisser la température de quelques degrés. La recette est somme toute assez classique, et se rapproche dangereusement des méthodes barbares usitées en Suède dans les années 90, mais l’intelligence des américains est donc de l’avoir renforcée d’une cruauté toute nationale, utilisant les astuces de SUFFOCATION et/ou MORTICIAN pour rendre leurs attaques encore plus sournoises et létales. Sans rien renier de leur passé et au contraire en l’assumant complètement, le groupe est donc devenu vraiment compétitif, méchant, suintant, et nous vomit à la tronche sept jets de bile acide, agrémentés de changements de tempo, de sifflantes terrifiantes, de lignes vocales incantatoires (d’ailleurs, merci à INCANTATION d’avoir prêté deux ou trois idées).

En restant sous la barre de la demi-heure, le quatuor a fait le bon choix et évite la redondance des efforts les plus longs et complaisants. Et comme ces musiciens sans limites osent parfois quelques fioritures au niveau des constructions (l’intro de l’instrumental « Squirming In Misery » est un modèle du genre, et le reste est quasiment au même niveau), le temps passe encore plus vite, sentiment que leur niveau technique largement au-dessus de la moyenne accentue encore plus. C’est certes formel, à peu près autant que la moitié des sorties du cru depuis ces dix dernières années, mais avec une production vraiment épaisse et claire, et une poignée d’idées moins figées que d’ordinaire, l’ensemble tient la route, malgré des attaques parfois un peu similaires, et une tendance à piocher dans l’héritage des riffs scandinaves de quoi agrémenter son propre bestiaire. En tant que grogneur de cérémonie, et riffeur maudit, T.T mène bien sa marque jusqu’aux berges du Styx, et enjolive le tableau saignant de sa gravité, qu’il prend un sadique plaisir à souligner de chœurs encore plus infects émanant des entrailles d’une terre stérile et déjà sèche. Les plus pointus ne manqueront pas de remarquer certains emprunts plus flagrants que les autres (mais je vous laisse le plaisir de les trouver), les autres adoreront cette jonction des époques et des optiques, mais tout le monde s’accordera à dire que les WITCH VOMIT connaissent leur boulot d’équarisseurs, et le font avec conviction. De la passion dans la déraison donc, un classicisme qui fait plaisir à entendre, pas mal de riffs catchy noyés dans les viscères fumants, et une ambiance qui retrouve celles parmi les plus nauséabondes des nineties, lorsque le style explorait encore ses limites. Celles atteintes par Buried Deep in a Bottomless Grave sont tout à fait honorables et d’une profondeur respectable, mais on sent que le groupe dispose encore d’une marge de manœuvre conséquente, et qu’il est donc capable de poursuivre sur cette bonne voie. Et inutile de serrer les dents pour garder les gros morceaux, ils restent de toute façon sur l’estomac.   

   

Titres de l’album :

1. From Rotten Guts

2. Despoilment

3. Buried Deep In A Bottomless Grave

4. Dead Veins

5. Dripping Tombs

6. Squirming In Misery (Instrumental)

 7. Fumes Of Dying Bodies


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par mortne2001 le 11/01/2020 à 14:57
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