Les italiens de VALGRIND sont de retour deux ans après le monstrueux Blackest Horizon, et force est de constater qu’ils ont encore perfectionné leur méthode mise en place sur l’initial Morning Will Come No More. Je les avais découverts à l’occasion du très bon Speech of the Flame, et leur actualisation d’un Death old-school m’avait frappé de plein fouet, comme une vérité assénée à la fin d’un repas copieux. Aujourd’hui, les originaires de San Lazzaro di Savena nous en reviennent avec dix nouveaux morceaux dans leur musette, et autant admettre les faits : cet album est un monstre de savoir-faire en matière de brutalité intelligente. Fondé en 1996 par Massimiliano Elia, seul membre d’origine, VALGRIND a pris son temps avant d’exposer ses vues sur la brutalité fondamentale des années 89/92, et a patiemment élaboré sa technique au gré de nombreuses démos éparpillées entre 1996 et 2002. Aujourd’hui, le groupe représente la quintessence des forces vives transalpines, et se permet une place de choix à la table des références mondiales en la matière. Non que leur philosophie soit une petite révolution en soi, mais leur précision, leur flair au moment de composer des morceaux aussi efficaces qu’épiques, et leur radicalisation dans la sophistication font d’eux des leaders naturels de la scène, alors même que leurs influences crèvent les oreilles. MORBID bien sûr, mais aussi SUFFOCATION, NILE, IMMOLATION, et quelques autres qui ont défini le style Death Metal des nineties sans renier les enseignements floridiens d’origine.
Comment aborder ce quatrième album ? Simple, en prenant en compte les albums précédents de la bande, et en poussant les possibilités à leur niveau maximum. Dotés d’une production phénoménale, claire et ample, les italiens alignent les prouesses et les pirouettes, diluant leur bestialité dans une bonne dose de préciosité sans lui faire perdre de son impact. Et c’est après une courte intro que les choses sérieuses commencent, avec un lapidaire « The Curse Of Pegasus Spawn », qui nous fait presque croire que Pete Sandoval s’est emparé du siège du batteur. Mais c’est bien Gianmarco Agosti qui alterne les blasts, les fills incroyables, les mid-tempi écrasants et les parties de double grosse caisse pulvérisées, et le talent du percussionniste permet aux titres de décoller vers les paradis de la boucherie clinique, alors même que l’album dégorge d’un feeling brutal extraordinaire. Chaque composition a été soignée pour s’assembler de plans tous plus diaboliques les uns que les autres, et la facilité avec laquelle le quatuor (Massimiliano Elia - guitare/claviers, Daniele Lupidi - basse/chant, Gianmarco Agosti - batterie et Umberto Poncina - guitare) enchaîne les thèmes laisse admiratif, comme si VALGRIND avait inventé la méthode Assimil du Death de tradition sans faire une seule faute de goût ou commettre un oubli impardonnable. Tout est là, des accélérations fulgurantes aux décélérations enivrantes, les soli mélodiques et parfaitement en place, les breaks lourds ou au contraire soufflants, et ce quatrième album prend des airs de célébration sauvage d’un Metal refusant tout compromis, mais réfutant aussi les théories old-school les plus ancrées dans l’air du temps depuis dix ans.
Puiser chez les aînés d’accord, mais se contenter de recycler leurs plans, hors de question. Les italiens ont leur propre vision de la chose, et alignent les briques pour construire un mur du son aux proportions du The Wall de Waters, et nous assassinent d’un « Entangled In A World Below », comme s’ils étaient les seuls héritiers du trône MORBID ANGEL. L’influence des floridiens est évidemment la plus frappante, mais les quatre musiciens y ajoutent cette touche européenne de mélodie, sans approcher les côtes suédoises du Melodeath, trop fréquentées ces derniers temps. Le chant rauque et ferme de Daniele Lupidi lie l’instrumental à cette violence en déferlante constante, et l’auditeur encaisse les coups sans pouvoir répliquer, complètement sonné par cette somme d’informations qui transforme presque l’œuvre en album progressif et évolutif. Avec les plans contenus dans un seul titre, un autre groupe moins talentueux construirait un album entier, et il est incroyable de constater le degré de professionnalisme atteint par les VALGRIND, qui sont capables de passer par toutes les atmosphères et ambiances pour parvenir à leurs fins. Qu’ils souhaitent sonner plus morbide que la visite des oubliettes d’un château perdu au fin fond de la Sicile (l’intro de « Condemnation » en évoque bien l’image), ou qu’ils désirent nous broyer les os d’une lourdeur capable de faire plier un éléphant sur ses pattes arrières (les premières secondes de « The Day »), les instrumentistes parviennent à mettre leur créativité au service d’une musique vraiment fertile et bouillonnante, et s’éloignent définitivement de la horde de suiveurs qui se contentent d’emboîter le pas.
Ce sont donc eux qui donnent le rythme, qui imposent les sifflantes, les harmoniques, les coupures qui donnent le vertige, et au fur et à mesure que l’album égrène ses litanies, une conclusion s’impose : Condemnation ne connaîtra aucune baisse de régime ni d’inventivité classique. Et alors que l’œuvre approche de sa conclusion, « Divination – Marked By The Unknown » nous achève de ses quasi sept minutes hypnotiques et envoutantes, en libérant les démons du progressif, via une intro délicate et harmonique, débouchant sur une orgie de brutalité autorisant les dissonances, les mélodies, les lignes de chant viles, et les manipulations rythmiques en tourbillon de frappe. Il est assez sidérant de constater que la trajectoire ascendante de VALGRIND n’a pas encore atteint son apogée, et que le groupe est encore capable de nous réserver des surprises de taille. Mais en quatre albums, le quatuor italien s’est imposé à la force du poignet comme l’enfant le plus doué de sa génération, et de ceux qui sont capables de devenir des références incontournables avec le temps, au même titre que ceux leur ayant donné envie de jouer cette musique bestiale mais précise.
Titres de l’album:
01. Intro
02. The Curse Of Pegasus Spawn
03. Entangled In A World Below
04. Condemnation
05. Eater of Hearts
06. The Day
07. Furies
08. Storm Birds Descent
09. Divination – Marked By The Unknown
10. Goddess Of The Salt Sea
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@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
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Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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