Il y a des groupes comment ça, qui taillent leur chemin en toute discrétion, mais qui en dix ans, ont déjà sorti six albums. C’est le parcours des bulgares de MOSH-PIT JUSTICE, dont j’ai croisé le chemin à plusieurs reprises, et qui en 2022 nous offrent leur sixième bébé, en forme, assez musclé, et déjà prêt à affronter la vie Thrash n’Heavy de toute ses tétines. MOSH-PIT JUSTICE, c’est un peu l’archétype de ces groupes underground qui ne déçoivent jamais, sans jamais changer de recette. Depuis la sortie du premier long éponyme en 2013, le trio de Burgas a enchaîné les réussites, jouant pourtant sur le flou artistique entre le Power Metal et le Thrash. Ecart pas facile à gérer, mais qui trouve encore une fois ses lettres de noblesses pendant quarante-deux minutes.
Crush the Demons Inside se propose donc de combattre nos démons intérieurs, quels qu’ils soient. Et sous cette superbe pochette couleur illustrant un cousin de King-Kong se débattant entre des tentacules de boyaux contre des êtres malfaisants, on imagine assez bien le combat mené par le groupe pour continuer à exister en surnageant dans des eaux old-school très fréquentées.
Mariyan Georgiev (basse/chœurs), Staffa (guitare/batterie) et George "Peich" (chant), soit un line-up inchangé depuis les débuts, nous prouvent donc qu’ils ont toujours la foi, avec l’un des albums les plus denses et rapides de leur carrière. Crush the Demons Inside, dès son entame cavale comme un dératé, et montre le visage le plus belliqueux d’un trio plus intelligent et raffiné que la moyenne. Et dès le troisième morceau, la donne change, et les musiciens acceptent des traits plus fins et une méthode plus nuancée.
Heavy, Thrash, Power, tous les ingrédients sont mélangés pour aboutir à une mixture très digeste. Une sorte de Power-Thrash, mélodique mais fantasque, évolutif mais concis, méchant mais séduisant. Une fois encore sans dévier de sa trajectoire, MOSH-PIT JUSTICE nous offre le spectacle d’un pit en proie aux flammes, agité par les soubresauts d’une foule en délire, et acclamant ses héros comme il le faut. On se prend à rêver d’un live dans son propre salon, tant la vitalité de cette musique a un aspect live totalement euphorisant. Les riffs déchirent les enceintes, le chant hystérique de George "Peich" nous ramène aux grandes heures de FORBIDDEN, et l’instrumental, redoutablement bien troussé, ose des percussions militaires, des breaks harmoniques, et autres arrangements et ornementations de Noël.
Mais avec MOSH-PIT JUSTICE, c’est tous les jours Noël. Chaque album a apporté sa pierre à l’édifice, et ce sixième chapitre permet au groupe de contempler son œuvre avec le sentiment du travail bien fait. Un travail certes classique, formel, mais terriblement efficace, entre violence sans fard et lyrisme exacerbé.
On pense évidemment à la génération WARBRINGER/WARFECT/GAMA BOMB, et l’affiliation est indéniable. Pourtant, les bulgares ont ce petit plus qui leur permet de se différencier de la masse, et même du peloton de tête. Ce petit plus, c’est un compromis trouvé entre l’académisme de composition et la folie de ton. Entre des accélérations fulgurantes et des couplets gentiment Heavy, MOSH-PIT JUSTICE louvoie sans compas, et trouve sa route sans problème. On s’appuiera sur le terrassant « Worldwide Redemption » pour arguer du caractère Heavy de cette réalisation, mais à vrai dire, chaque morceau est une preuve du talent du trio. Je ne contredirai pas les avis plus modérés qui accuseront le coup de ce traditionalisme, mais je préciserai qu’il est ici sublimé par une mise en place parfaite, et des allusions multiples à la culture Heavy/Thrash/Crossover de ces vingt dernières années.
Dégustez donc le déhanché de grosse caisse et le groove imparable de « My Prophecy », les multiples soli exécutés de main de maître, les harangues vocales d’un chanteur totalement possédé par son rôle, et même si la batterie sonne méchamment synthétique et programmée, l’enthousiasme l’emporte sur la perfection, et on se prend d’affection pour un album honnête et diablement punchy.
L’écueil de la redite était pourtant facile à percuter, puisque chacun de ces huit morceaux atteint les cinq minutes et plus. Mais l’abondance de riffs, la franchise agressive, et la sincérité Thrash permettent de sinuer entre les obstacles et de proposer des happenings groovy comme ce lapidaire « Get To The Pit ».
Faisons donc fi des règles suivies à la lettre, pour louer les MOSH-PIT JUSTICE et leur constance. Crush the Demons Inside est un auto-exorcisme de luxe à destination des thrasheurs possédés par l’esprit des eighties, qui souhaitent vivre en phase avec leur époque.
Titres de l’album :
01. A Moment Of Silence
02. The Endless Night
03. Sentenced To Live
04. Worldwide Redemption
05. My Prophecy
06. Get To The Pit
07. Expect More Dead
08. Crush The Demons Inside
Toujours ce gros côté Forbidden ?
En tout cas ils déçoivent rarement, je vais le prendre.
Merci
Ecouté, en effet, impeccable, toujours le Forbidden Bulgare
cool ! je connais maintenant 2 groupes Bulgares ! pour ceux qui connaissent pas, ya Terravore qui fait du bon thrash ;)
Merci pour Terravore, c'est pas mal !
C est incroyable ce mimétisme dans la voix et les riffs du pur Twisted into form.
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50