La question cruciale reste la même. Peut-on jouer une musique hautement abrasive, dérangeante, malsaine, mais rester groovy, catchy, et finalement, pondre des hits de l’absurde aussi violents qu’entêtants ? Certains ont tenté de résoudre l’équation, mais le mal de tête handicapant les a empêchés de nous offrir une solution. Néanmoins, et comme je suis encore plus borné que la moyenne, j’ai continué les recherches de mon côté, et peut-être trouvé une issue à la problématique.
Oui, on peut jouer une musique sale, un poil obscène et perverse sur les bords, tout en lâchant des riffs facilement mémorisables, qui rebondissent sur une rythmique smooth n’bump, qui peut même donner envie de danser. Enfin, sans pousser les choses trop loin pour les rattraper…Cette preuve, ou assimilé, je vous la présente ce matin, sous la forme d’un EP sorti presque de nulle part, enfin plutôt du côté de Portland, Oregon, hometown de la lourdeur oppressive et des lancinances excessives. Ici, pas forcément question de Metal, ni de Sludge, encore moins de Doom, mais plutôt de Noisy Rock, de Post Hardcore tendu, et de Loud Rock pas très ventru. Emanant des entrailles de la ville, une puanteur Post-Grunge payant son tribut à toutes les figures de style pas forcément imposées, qui contribuent à la réputation d’une cité qui n’a de cesse de s’affirmer comme nouvel Eden des tordus en tous genres.
Ce matin, nous avons à traiter du cas des dérangés de MAXIMUM MAD, qui ne sont effectivement pas tout nets, et qui jouent une musique pas vraiment honnête, à cheval sur les époques, mais pas à cheval sur les principes. D’ailleurs, Jayson, bassiste et chanteur, nous le dit lui-même. « Je m’ennuie, et tu as tellement de besoins… ». C’est franc, mais à la rigueur, je n’ai pas tant de besoins que ça…Juste celui d’écouter vos morceaux, complémentaires mais tous différents, qui font appel à un ressenti personnel très ancré dans mon passé…
Les influences de ces flingués sont assumées, avouées, et même revendiquées. D’abord, la quasi intégralité des catalogues d’AmRep et Hydrahead, mais aussi d’autres références plus éparses. NIRVANA, BOTCH, SNAPCASE, VISION OF DISORDER, HELMET, UNSANE, en gros, la clique usuelle des bruitistes bien concentrés pour nous déconcentrer, et pour traduire en riffs la malaise ambiant d’une vie qui ne nous laisse que très peu de répit. Sauf qu’ici, le désespoir s’accommode fort bien d’un humour au second degré qui laisse le sourire un peu coincé, tant l’ironie est l’arme maîtresse de ce quatuor sans stress. Outre Jayson à la basse et aux hurlements, on retrouve au line-up Mark à la guitare, Travis à la batterie et David à l’autre guitare, qui une fois ensemble, font un barouf tout à fait honorable, qui en effet, semble prendre un malin plaisir à combiner l’urgence palpable des UNSANE, la lourdeur et l’épaisseur de BOTCH, la malice malsaine des MELVINS, et l’ad-lib un peu évaporé des NIRVANA, première époque évidemment. On sent du Seattle là-dedans, mais aussi pas mal de New-York, en gros, l’ennui urbain agrémenté d’un certain cynisme qui sait garder du flegme, mais qui nous colle quand même un bon coup de trique par derrière. Et en vingt minutes, pas trop le temps d’astiquer la baguette avant la fessée, il faut frapper fort, et sans traîner. Alors, du coup, « Affluenza », qui après un feedback qui lacère bien les tympans (je suis sûr qu’en plus ils l’ont fait exprès les sagouins) chaloupe comme un poivrot perdu sur un trottoir de Portland à la recherche d’une maison qui n’est même pas la sienne. On pense UNSANE évidemment, pour ce son de guitare très rêche, et puis aussi pour les raclages de Jayson qui n’a cure de la fluidité de son gosier, mais on pense aussi FETISH 69 et MELVINS, à cause de cette énorme basse qui prend toute la place de ses graves insondables. Et puis, un léger parfum LIZARD envahit la pièce, entraînant une indéniable légèreté de tempo, comme si le quatuor badinait un peu dans les couloirs, à la recherche de l’amour, ou de l’inspiration. En deux titres seulement, les MAXIMUM MAD démontrent qu’ils ne sont pas venus pour jouer les meubles avec Dear Enemy, qui ventile et éparpille façon puzzle, mais qui prend quand même le parti de faire sourire et groover, sans trop avoir l’air d’y toucher.
Nonchalance ? Non, décidés, et « Active Aggressive » l’impose d’une maousse basse qui pourrait faire rougir les SWANS et le JOKE de honte. C’est gras, toujours un peu fat, avec ce larsen qui s’agite en arrière-plan, alors que les deux guitares cherchent à nous en faire un bien foireux. La batterie de son côté ne sait pas vraiment ce qu’elle veut, et mélange les hits pour nous perdre sur un fil rythmique pas vraiment franc, mais éminemment sympathique. Lourdeur soudaine, breaks en fontaine, et ambiance qui s’empèse soudainement, histoire de ne plus savoir d’où vient le vent. C’est subtilement glauque dans le rendu, mais étrangement souriant dans cette violence de tous les instants, rampante, grouillante, et qui peut exploser sans prévenir, comme ça, pour se faire plaisir.
En six titres néanmoins, les originaires de l’Oregon nous démontrent tout leur potentiel, et entament une carrière débutée en 2016 de la plus belle des façons. Sans chercher à atteindre le degré de folie maladive d’UNSANE ou l’oppression d’un BOTCH, le quatuor sait s’aménager des espaces personnels tout en faisant fructifier des influences rationnelles. Ils osent même la brièveté d’une saillie encore assez noisy, la plus peut-être, qui ne cède pas un pouce de terrain. « Weird Hands », est sans doute l’équivalent de cette vidéo virale sur Youtube, « The Hand Thing », qui nous montrait des personnages bizarres s’agiter sans raison, et mimer un lavage des mimines frénétique sans autre explication. On tangue sur les chaloupés d’une batterie qui ne se maintient que très rarement sur un schéma cartésien, alors même que les guitares tissent de nouveaux motifs en alternance…Un coup en haut, un coup en bas, à la Kim Thayil, une approche à la SONIC YOUTH accordé pour une fois comme tout le monde, et pas mal de Rock sale mais épidermique, qui trouve son épitomé dans l’incroyablement tendu final « Obscene Gestures », qui vous prend la température avec le doigt, et qui vous somme de rester au lit pour ne pas attraper froid. Et comme les lascars aiment perturber, c’est le titre qu’ils ont choisi pour les représenter, et défendre en amont un EP malicieux, délicieux, mais aussi un peu tortueux…
Ah, et je précise, le truc a été capté live, par Stephan Hawkes (RED FANG, GAYTHEIST, BLACK ELK), d’où cette immédiateté et cette âpreté qui n’ont pas été altérées par des artifices de productions éculés. Alors, la preuve en est donnée, OUI, on peut jouer sale et bruyant mais groover. C’est possible.
Et ça sonne super bien en fait.
Titres de l'album:
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39