Embrace the Unknown

Lower 13

27/08/2021

Pure Steel Records

Quinze ans d’existence, pas de changement de line-up, formation en trio solide, quatre albums, on pourrait croire que les américains de LOWER 13 méritent mieux que la confidentialité dans laquelle ils évoluent. Depuis 2006, le power-trio de Parma dans l’Ohio mouline dans l’underground, proposant pourtant une musique assez intéressante, et en convergence de nombreux genres. Et c’est peut-être et même sans-doute cette pluralité qui leur aliène une grosse partie du following qu’il mérite, les fans ne sachant pas toujours bien sur quel riff headbanguer.

En trois albums, LOWER 13 a plus ou moins défini son champ d’action, en refusant justement de se cloisonner derrière une barrière trop bien fixée. Depuis Rabid, publié en 2010, le trio joue les mouches du coche, et s’amuse beaucoup de l’incapacité des chroniqueurs à le coincer dans une petite case bien précise. Restore the Order, accusant aujourd’hui cinq ans d’existence, il était temps de lui offrir un petit frère, et célébrons aujourd’hui la naissance d’Embrace the Unknown, qui s’il n’embrase pas vraiment le ciel de l’inconnu, continue de plonger dans le brouillard l’imagination des imprimeurs d’étiquettes trop restrictives.

Sean Balog (basse/chant), Eric Kruger (batterie) et Patrick Capretta (guitare) ne sont donc pas plus décidés qu’hier à se lover au creux d’une inspiration rectiligne. Leur musique, à l’approche moderne, s’amuse beaucoup de ce mélange entre Heavy, Thrash, Death, Metalcore, alternatif, mélodique, et propose autre chose qu’un produit déjà faisandé avant d’avoir été consommé. De fait, comme je le précisais en amont, le grand écart pratiqué par les américains a de quoi déranger les amateurs de gymnastique simple. Pour constater leur souplesse, il suffit d’écarter les jambes entre « Embrace the Unknown » et « Darker Days Ahead », en se demandant si l’on écoute bien le même groupe depuis le début. Entre une attaque Death/Thrash à la suédoise découlant des exactions d’AT THE GATES, et cette fausse balade amère symptomatique de l’école LINKIN PARK, le fossé est gigantesque, et la versatilité est reine.

Passé maître dans l’art de vous faire sauter le Grand Canyon comme s’il s’agissait d’une banale flaque d’eau sur un trottoir, les trois musiciens continuent donc leur travail de sape, et refusent l’évolution naturelle d’une musique qu’ils ne conçoivent que comme plurielle. On peut avoir du mal à accrocher au tableau, qui emprunte à l’expressionnisme alternatif ses couches les plus lumineuses, et au Death moderne scandinave ses palettes les plus sombres, mais le mélange est étonnant pour les yeux, pour peu qu’ils soient plus ouverts que ceux d’un percheron vous trimbalant dans un centre-ville. Plaisant, ouvert, ce quatrième album fait la part belle à l’ouverture, propose des nuances intéressantes entre la douceur harmonique et la violence rythmique, et saute par-dessus les haies des styles avec une aisance assez bluffante.

Concentrés sur un mode de composition sans ornières, les trois originaires de l’Ohio jouent donc le trompe-l’œil permanent, s’autorisant parfois des incartades plus régulières (« Reflection of Me »), pour s’assurer que les rats suivent toujours le son de leur flûte. Plaisante, la philosophie ne permet toutefois pas au groupe d’approcher l’excellence, mais l’originalité de la dilution leur convient déjà très bien. Adeptes de gros riffs concentriques qui aplatissent pendant que la mélodie d’arrière-plan tapisse, les LOWER 13 tirent l’imagination vers le haut, et nous offrent des hits totalement improbables, comme l’amer « Last of Our Kind » qui sonne plus début de nouveau siècle qu’une complainte de Chester Bennington.

Multitude de motifs, attitude rythmique changeante, percussions tribales, osmose entre basse et batterie, jeu très inventif de Patrick Capretta qui refuse la facilité, l’ambiance est prenante, et parfois mystique comme sur l’évanescent « Self Sabotage ». Les idées ne manquent donc pas, et finissent par s’emboîter avec logique, créant un pont intéressant entre le Death mélodique des nineties et le Metalcore des années 2000.

On pourra avoir un peu de mal avec le chant clair, très répétitif et assez limité dans les montées, on pourra trouver le chant grave convenu et tombant toujours pile, mais on ne pourra pas nier l’importance de l’instrumental, solide comme un bloc de granit vous tombant sur la tronche. Décomplexé, le trio continue donc ses expérimentations de fusion dans son coin, et accouche d’un album sympathique qui permet d‘échapper pendant quarante minutes à la prison old-school.  

D’autant que LOWER 13 a l’audace de terminer son histoire sur une acoustique gracile et un chat apaisé, via l’épilogue champêtre et Pop « Continue On ». Embrace the Unknown mérite donc d’être connu et reconnu, histoire que ses auteurs bénéficient d’une exposition amplement méritée. Soyons ouverts d’esprit, n’ayons l’air de rien.   

  

                                                                                                                                                                                                       

Titres de l’album:

01. Embrace the Unknown

02. Reflection of Me

03. Hollowed

04. Darker Days Ahead

05. Last of Our Kind

06. Self Sabotage

07. Our Collapse

08. Heal

09. Continue On


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 04/05/2022 à 17:38
78 %    356

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Gargan

J'ai cru un instant que c'était celui qui avait joué sur la compile metal militia... c'était SarcaZm, dommage.

29/03/2024, 08:37

Simony

C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.

28/03/2024, 16:07

Tourista

L'album de Pâques !  

27/03/2024, 19:56

MorbidOM

Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)

27/03/2024, 00:16

Saul D

Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...

26/03/2024, 13:16

Bulbe

Enorme !

26/03/2024, 08:06

Vivement le prochain Ep. Ça envoie du lourd

Putain c'est vachement bien 

26/03/2024, 00:15

Gargan

Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)

25/03/2024, 20:05

Humungus

C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...

25/03/2024, 09:21

RBD

Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.

24/03/2024, 19:53

Buck Dancer

J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)

24/03/2024, 13:34

Humungus

Je plussoie à mort ta bande son d'after hé hé hé...

23/03/2024, 11:02

Antidebilos suce mon zob

@antidebilos : t'es vexé, sac à foutre.

22/03/2024, 15:49

Oliv

Et le plan r fest ! 

22/03/2024, 15:21

antidebilos

"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules

22/03/2024, 09:04

Ivan Grozny

Tournée vue à Paris, merci pour le report.

21/03/2024, 21:01

Orphan

Tres bonne news des le matin. 

21/03/2024, 08:08

LeMoustre

A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.

20/03/2024, 12:18

Gargan

Ce son de toms n’existe plus depuis schizophrenia

19/03/2024, 22:06

LeMoustre

Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)

19/03/2024, 14:50