Ça y est, l’hiver se fait enfin sentir. Température négative ce matin, gel sur les pare-brise, petit vent bien coupant, et tout le toutim. Lorsque les saisons envoient un signal de normalité, la sensation dérisoire que tout n’est pas foutu vient nous caresser, même si évidemment personne n’est dupe. Toujours est-il que ce dimanche de janvier gris et froid est le contexte parfait pour ma chronique du demi-jour, qui m’a emmené jusqu’en Italie. Pour quoi faire ? Retrouver l’un des groupes les plus emblématiques de sa génération, l’un des plus lourds et psychédéliques aussi, et surtout, l’un des meilleurs.
J’ai nommé (presque) bien sûr DI'AUL.
La Lombardie peut être fière de ses enfants, qui en 2025 fêtent leurs quinze années d’existence. Trois EP et trois full lenght, un parcours remarquable, et une maturation qui transforme chaque étape en révélation. 2024 nous avait offert le court EP II, 2022 l’excellent Abracamacabra, 2025 fête donc les rois avec cet EvAAve, qui selon Minotauro Records propose les textes les plus profonds de ses poulains. Encore faut-il les discerner dans ce magma de riffs en fusion, qui noient les fréquences pour privilégier les plus basses et les plus graves. La joie n’est donc pas forcément de mise, mais le résultat est là :
EvAAve touche le cœur des fans de Sludge, de Stoner et de Doom.
Traditionnel sans vraiment l’être, DI'AUL adopte la double nationalité US/Italie, et fond dans un même élan la scène Progressive nationale des années 70, et le cloaque du sud des Etats-Unis de l’axe 1990/2000. En gros, des riffs pachydermiques, des effets à fond sur le chant, une lancinance insistante, et une admiration sans borne pour BLACK SABBATH, TROUBLE et ST VITUS. Tout ceci est évidemment éprouvé par le temps, usé jusqu’à la corde à nœud, mais toujours efficace pour ceux qui considèrent que le Heavy doit être joué le plus fort et le plus lourd possible.
Et dans la catégorie poids moyen à lourd, les italiens (MoMo - chant, Lele - guitare, Rex - batterie et Jeremy - basse) pilonnent avec un bel entrain. En alternant les phases Stoner débridé et sursaturé et les plombages Doom les moins lugubres (il n’est pas question de Funeral ni de CATHEDRAL, s’entend), DI'AUL s’est construit sa petite niche, et profite toujours d’une production pataude et grumeleuse. Si d’aventure, seules les guitares effilées à la JUDAS PRIEST étaient votre tasse de thé, fuyez. Ici, la fumée est persistante, les effets planants et les riffs mal dégrossis. Personne n’est là pour faire le ménage, et l’ambiance est dilettante.
L’album est un voyage qui plonge dans les zones d’ombre de la condition humaine, guidant l’auditeur à travers des paysages sonores et thématiques puissants.
Je ne m’insurgerai pas en faux quant à ce constat, qui décrit avec acuité le contenu d’un disque toujours empêtré dans ses obsessions, et qui oblige le batteur à se concentrer sur les blanches pour ne pas se foirer d’un quart de croche. Le côté hypnotique de l’affaire, les mélodies lysergiques, ce chant constamment au bord de la rupture tissent des liens ténus avec la fanbase, qui n’aime rien tant que ces plans qui s’incrustent et ne partent jamais sans y être obligés.
J’en prends pour exemple le perturbant « Petricore », l’un des plus courts du lot, qui reste arque-bouté sur ses positions sans dévier d’un pouce. Généreux en durée, les italiens laissent leurs idées s’échapper par un trou dans le plafond, histoire que la fumée se répande sur la plus grande surface possible. Si McCartney se proposait de réparer le toit pour que la pluie ne rentre pas, DI'AUL s’en cogne, et laisse l’humidité faire sa loi, marchant dans le salpêtre pour mieux s’asseoir sur une belle couche de moisi.
« Succubi et Incubi », créatures mythiques se sucent collectivement, avant de s’entre-déchirer sur un lick défoncé, alors que « F.O.M.O. » se présente sous un jour peu flatteur, bourbier immonde dans lequel les plans pourrissent sur pied, sans que la fertilité ne triomphe. Rien ne repousse là-dessous, mais les pousses de marie-jeanne bénéficient d’un soin particulier. Jardinières adaptées, lumières calibrées, balance, têtes bien pleines, pour un trafic certes local, mais qui rapporte suffisamment.
Une fois le truc roulé et allumé, les pensées s’évadent comme les couleurs d’un tableau vivant. On se laisse partir dans son fauteuil, et la mine hébétée, on oublie pour quelques heures le côté pitoyable de cette existence. EvAAve est sans aucun doute un cas d’école et forgé d’un académisme flagrant, ce qui ne l’empêche pas de procurer des sensations épidermiques, entre agacement et quiétude induite.
Parfait pour une matinée congelée. Faites tourner, et souhaitez que l’hiver nous réserve encore quelques séquences de gel bien tassées.
Titres de l’album:
01. Duende
02. Tar Wings
03. Mad Dalena
04. Petricore
05. Succubi et Incubi
06. F.O.M.O.
07. Geosmina
08. EvAAvE
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
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09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44