Quand y’en a plus, y’en a encore. Ou bien, si vous n’en aviez pas encore eu assez, voici du rab’. Désolé, mais à la vitesse des sorties Vintage Thrash chaque mois, cette accroche un peu péremptoire m’a paru très adaptée. Plus qu’un énième laïus sur la productivité du style qui renvoie dans les cordes de la parcimonie la production d’époque qui pourtant ne chômait pas en termes de galettes pressées, j’ai pensé que ces quelques expressions populaires seraient plus idoines.
Mais tout le monde peut se tromper.
Il n’empêche qu’une fois de plus, nous allons aborder le cas d’un jeune groupe qui depuis quelques années se concentre sur la propagation d’un Speed/Thrash emblématique des inépuisables 80’s, par l’entremise de nombreuses démos, EP et autres splits 7’’ (en compagnie des ENTRENCH, autre groupe recommandable). Mais en ce mois de mai 2017, les suédois d’INSANE se lancent enfin dans le grand bain du premier LP « officiel » (puisque leur première démo Facebreakers fut éditée en CD, malgré son caractère encore amateur), et admettons que les bougres ont bien joué le coup de la nostalgie, puisque leur Evil nous rappelle bien des démons de légende, de ceux qui titillaient la plante des sillons d’albums comme ceux de POSSESSED, RAZOR et autres KREATOR.
Des influences classiques, un rendu optimal, telles sont les armes de ce premier album qui ne se détache ni dans le fond ni dans la forme de la vague actuelle de Thrash nostalgia. Les codes et autres figures de styles sont tous respectés, même si l’option « bestiale light » semble avoir été choisie par ce quatuor (Gustaf Hellberg – chant/guitare, Erik Kristhammar – guitare, Rickard Nygren – basse et Johnny Lebisch – batterie), qui puise son inspiration dans le legs intarissable des SLAYER, METALLICA, KREATOR, DESTRUCTION, SODOM, ou MORBID SAINT, comme ils se plaisent à les citer sur leur page Facebook.
Cependant, on note de sérieuses réminiscences de la série B US de 86/87 (INDESTROY, POSSESSED en moins trivial), et des allusions à la brutalité Canadienne de la même époque (RAZOR). En gros, un sérieux melting-pot virtuel qui nous replonge dans la véhémence de sorties qui ne cherchaient pas à surprendre, mais bien à bousculer pour apprendre.
Et le costume sied admirablement bien aux INSANE qui bénéficient en outre d’une production parfaite, qui semble se faire écho de celles imposées il y a trente ans. Graves tamisés et ronds, médiums abrasifs et chant un peu en retrait, pour une cavalcade qui reste mesurée en termes de tempo (bien que les limites soient parfois dépassées sur « Death March » et son intro limite VIKING), mais décomplexée en termes de riffs affutés.
Du classique donc, mais un investissement indéniable. Une pochette au trait grossier et primaire signée Joel Sundin, des morceaux qui naviguent à vue entre Speed affolé, Thrash maîtrisé et Heavy burné, et qui rappellent parfois les aînés un peu oubliés d’AGONY (« Death March », au refrain morbide et définitif), des soli bien troussés et des breaks qui tombe pile là où on les attendait, le travail est précis et primal à la fois, et le résultat largement dans les standards des meilleurs exactions du cru.
On pense même parfois à une version plus disciplinée des premiers méfaits de SEPULTURA, aux ardeurs sanglantes calmées par une pondération totalement suédoise, mais aussi à une adaptation des canons de la NWOBHM (SATAN, ANVIL BITCH), via quelques titres un peu plus calmes que les autres (« Obsessed By Vengeance »).
En gros, et en détail, un solide passage en revue des modes extrêmes des mid eighties, retranscrites dans un langage musical assez contemporain, mais pas forcément moderne pour autant.
Mais l’énoncé des intitulés ne vous prendra pas en traître, avec leurs fréquentes allusions au bestiaire Thrash de tradition (« Ritualistic Death », « Evil », « Human Waste », « Persecuted By Evil », avec ça, je pense qu’on a tout), qui se traduisent en termes instrumentaux par des accès de rage rythmique soutenus par des guitares efficaces qui virevoltent avant de trancher dans le vif (« Ritualistic Death », cadence d’abattage fameuse et motifs accrocheurs).
Instant de délicatesse acoustique (« Evil », très jolis arpèges à l’économie qui instaurent une ambiance envoutante), avant une soudaine condamnation Thrash sans équivoque (« Dark Internal », joli patchwork DARK ANGEL/POSSESSED), les INSANE savent varier pour ne pas lasser, même si le fil conducteur de ce premier album se suit sans encombres.
Speed mordant et sautillant (« Human Waste » à la basse crossover délicieuse), Thrash à la DESTRUCTION, un peu blackisé sur les bords façon VENOM/POSSESSED (« Servants Of The Cemetery »), on sent que les Suédois ont un background solide dans le genre qu’ils affectionnent, et finalement, de fil en aiguille, on se laisse happer par un disque aux ambitions modestes, mais aux qualités indéniables.
Avec des morceaux qui ne cherchent pas Satan à 666 heures, Evil s’impose sans faire de bruit (autrement que par ses amplis), et parvient à nous faire croire qu’un bond dans le temps est toujours possible, pour peu que l’on tombe sur la bonne faille nous ramenant dans le passé.
De jeunes musiciens affamés et sincères, qui ne jouent pas pour l’esbroufe mais par passion, et qui citent dans le texte les grands anciens, sans pour autant les piller sans vergogne.
Avec leur combinaison de radicalisme allemand et de précision US, les INSANE résument l’extrême d’il y a trois décennies avec un panache infini.
Et en définitive, de la pochette à la production, en passant par les compositions, ils décrochent haut la main la palme de l’album vintage Thrash le plus honnête du mois. A écouter avec des souvenirs plein la tête et des décibels plein les oreilles. Mais une bière bien fraîche ne sera pas de trop non plus. De la Carlsberg si possible, même si elle est danoise. Relations de bon voisinage oblige…
Titres de l'album:
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Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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