Voilà des retrouvailles qui font bien plaisir, les Pays-Bas me manquaient, et pas seulement parce que mon parterre de tulipes est mort ou que Dave n’a pas sorti de compilation depuis quelques années. Non, retrouver les locaux de PROJECT PAIN est toujours un rendez-vous qui donne le sourire et la pêche, sans qu’on ait besoin d’y mettre un peu de sirop. Ma dernière rencontre avec les barbares d’Amersfoort date de 2018, et la sortie d’un troisième longue-durée méchamment relevé, ce Brothers in Blood que j’avais chroniqué en ces colonnes, et qui avait laissé la mienne dans un sale état. Il faut dire que le quintet s’y connaît comme personne pour vous tasser les cervicales et vous faire devenir barge à force de mouvements circulaires de la chevelure.
PROJECT PAIN, c’est la tradition au service d’une violence maison. Un radicalisme de profondeur qui aborde le style avec tout le sérieux qu’il mérite, en se souvenant des riffs en lame de rasoir de RAZOR et de la méchanceté fatale des WARFECT. Aussi nostalgiques qu’un fan de SLAYER au dossard Hell Awaits, les membres de PROJECT PAIN ne proposent que ce qu’ils sont capables de vendre, à savoir un Thrash furieux, fast, syncopé, saccadé, loin du groove et des amours d’été. Alors évidemment, les spécialistes se frottent déjà les mains de tant de classicisme, mais les amoureux se fichent du goût passé de ce baiser fatal, et humidifient leurs lèvres en prévision d’un choc frontal.
Impeccablement produit, et profitant d’une absence de quatre ans pour sa maturation, Faster Disaster reste dans la plus droite lignée de ses trois aînés, et nous offre un festival de figures imposées, toutes transcendées par un professionnalisme adolescent impressionnant. Et ceux qui pensaient que l’âge allait les rendre plus sages en sont pour leur frais, qui sont augmentés d’intérêts dès l’explosion du fumasse « Val Kapot ». Kaput, pour le compte, le nez en sang et les oreilles en chou-fleur, pour une démonstration de brutalité toute en style de fluidité, et une reprise de contact qui ne s’embarrasse pas de présentations inutiles.
Bien sûr, Guido den Hoed & Henry Churchill (guitares), Bauke Goudbeek (chant), Frank Ruisch (batterie) et Rob Hoefakker (basse) ne se contentent pas de trois ou quatre brûlots noyés par dans mer de fillers, et ce quatrième album tient la barre sous la tempête et sur la houle pour nous mener à bon port : celui de la nostalgie des RIGOR MORTIS et autres FORCED ENTRY.
On reconnaît tout le génie de la bande en savourant le délicieux instrumental « Presto vs Metal », exercice tombé en désuétude, mais qui retrouve ici ses lettres de noblesse : des mélodies, de la folie, une liberté créative chèrement acquise pour un trip intégral dans un passé pas si lointain. Mais le reste du tracklisting fait aussi la part belle aux attaques franchement Heavy et autres démarrages en trombe retombant soudain sur terrain lourd.
Ils savent tout faire, mais le prouvent avec une certaine humilité. Rois du refrain qui tue et du couplet qui sue, les hollandais revisitent le répertoire traditionnel de la Bay-Area en l’agrémentant d’un parfum européen, pour confronter la fluidité la plus souple et à la violence en soupe. Les hymnes s’empilent donc comme des lasagnes, avec une emphase particulière sur les chœurs germains et les refrains malins. De fait, l’ineffable « Mean Metal Machine », Metal jusqu’au bout du manche, « Faster Disaster », title-track noble et conquérant, parsemé de soli diaboliques, ou « Feel The Pain », plus ambiancé et sombre dans la pensée nous font craquer, et confirment tout le potentiel d’un quintet dont la sincérité ne saurait être remise en question.
Il est assez difficile de tomber sur un album old-school qui ne se contente pas d’une relecture sage et respectueuse. Faster Disaster est de cette rare catégorie, et se permet de citer METALLICA, FORBIDDEN, SACRED REICH, SACRIFICE avec une malice savoureuse. Entre jets de vitriol en pleine face et torture sadique plus organisée, le combo joue les costauds, et nous lacère d’un lapidaire « Fields Of Death », plus proche d’EXODUS que de HEXX.
On pourra toutefois souligner cette batterie trop compressée et triggée, et ces saccades de médiator un peu trop bien réglées. Mais en dehors de ces remarques mineures, PROJECT PAIN s’en sort avec plus que les honneurs après nous avoir fait connaître l’horreur. « Die In Peace », exercice de style convaincant, « F.Y.Y.F. », fantaisie Thrashcore terminale en réminiscence de S.O.D, et les quarante minutes s’évanouissent dans une liesse générale, et l’attente de concerts qui évidemment, nous laisseront transpirant.
Exutoire, jubilatoire, Faster Disaster est un désastre fabuleux, né sous des astres de fable houleuse, et nous fait les puces avec beaucoup de savoir-faire. A écouter en boucle, du paradis jusqu’en enfer.
Titres de l’album :
01. Val Kapot
02. Mean Metal Machine
03. Army From Hell
04. Submerged
05. Presto vs Metal (instrumental)
06. Faster Disaster
07. Fields Of Death
08. Feel The Pain
09. Dead Inside
10. Die In Peace
11. F.Y.Y.F. (bonus track)
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52