Petit coup de gueule ? Ras le bol ? Sentiment de frustration, d’infériorité ? Mais résumons la situation pour expliquer cette intronitruante. Dans les années 80, la Suède est le pays qui maîtrise le Hard Rock mélodique, le Heavy et le Hard FM, via EUROPE, 220 VOLTS, et beaucoup d’autres. Toujours dans les années 80, la Suède réinvente le Doom de SABBATH via CANDLEMASS, et se permet au passage d’inventer le Black Metal grâce au génie bruitiste malfaisant de Quorthon et BATHORY. Dans les années 90, pour ne pas être à la traîne, le pays se réapproprie le Death Metal pour accoucher du Melodeath, et partage avec la Norvège l’héritage BM qu’il a lui-même fait fructifier. Depuis plus de dix ou quinze ans, il se pavane en habit nostalgique, ridiculise les autres pays par son talent de reproduction bluffant, réécrit l’histoire de l’AOR, du Thrash, du Speed, du Black, en gros, devient le premier pays exportateur de Hard et de Metal divers. Et aujourd’hui, non contente de synthétiser le génie des américains, des anglais, des allemands et de son propre flair, la Suède débarque au sud de l’Amérique pour lui donner des leçons de Southern Rock. Non mais sérieux, vous imaginez Yngwie se pointer à l’ouverture d’un supermarché pour reprendre du Aimable à la guitare en déclarant « adorer les films des Charlots et les chipos »?
Non, moi non plus.
Pourtant, les BACKWOOD SPIRIT, depuis quelques années, dispensent des cours de Hard bluesy tel qu’on le jouait dans les années 70 quand on s’appelait LYNYRD SKYNYRD ou ALLMAN BROTHERS BAND. Rien à branler que depuis des pointures comme les BLACK CROWES, DRIVE-BY-TUCKERS en aient redéfini les codes, ou que MOUTAIN, FREE, BLACKFOOT et des dizaines d’autres n’aient popularisé le style il y a des décennies. Non, vraiment, rien à foutre. Il faut dire qu’avec un line-up pareil, il y a de quoi plastronner, surtout avec un ancien Malmsteen/Norum au micro. En 2021, BACKWOOD SPIRIT impose donc sa vision rétrograde, et signe l’un des albums les plus bourrés de feeling de ces premiers mois.
Kent Engström (guitar), Joje Lindskoog (batterie), Göran Edman (chant), Peter Emilson (claviers) et Mats Berglund (basse) reprennent donc les recettes de leur premier album, qui les avait méchamment fait remarquer de la communauté Rock internationale, colmatent les quelques brèches, et signent l’hommage le plus parfait à l’histoire musicale du sud des Etats-Unis, sans avoir besoin de drapeau confédéré. Mais comment jouer du Southern Rock à la perfection quand on est suédois, et qu’il fait nuit la moitié de l’année ? Simple, en prenant sa source chez les instigateurs du genre, et en respectant leur approche à la croche près, tout en s’offrant quelques libertés au niveau de l’interprétation. Au menu donc, des mélodies pastorales et couchantes, des parties de slide, quelques accents plus modulables à la DEL AMITRI, des accords qui jouent sur la corde des sentiments, et un chant, de ces chants qui vous prennent aux tripes et qui ont parfaitement compris le sens du mot « respiration ».
Toutefois, ne comptez pas sur ces cinq-là pour vous refiler une resucée de « Sweet Home Alabama ». Copier oui, mais plagier non, et parfois, le quintet suédois se souvient de la douceur de John Cougar, pour mieux retrouver la puissance des triplettes trois guitares. On pense aussi parfois au Coverdale d’avant le bronzage californien, mais dès « Catch Your Fire », l’ambiance est là, cosy, l’alcool est servi virilement, et la guitare saccade un de ces riffs typiques pour porter le morceau à bout de bras. Produit par Kent Engström, Joje Lindskoog et Kari Malm, enregistré et mixé par Kari Malm, masterisé au Nevo Mastering, Fresh From The Can dispose d’un son chaud d’ampli à lampes, et n’agresse jamais les oreilles. La basse est ronde, mais pas trop, la batterie est sèche mais amicale, et les claviers retrouvent l’impulsion magique de Nicky Hopkins. Bien évidemment, l’osmose entre les musiciens est immédiate, mais l’interprétation individuelle est exceptionnelle, et pas seulement celle plus évidente de Göran Edman.
Bien sûr, BACKWOOD SPIRIT joue du véritable Rock sudiste Bluesy, et pas son équivalent Hard un peu FM sur les bords. Ici, tout sent la Louisiane, la Nouvelle Orléans, les bayous, les fêtes entre amis après un bon après -midi de pêche, l’amitié, et le plaisir de jouer. C’est en tout cas ce qu’on ressent en écoutant le superbe « Rainbow (Full Circle) », qui suinte les bars du vendredi soir, et les discussions à bâtons rompus. Chœurs gospel de premier choix, reprise en diable, breaks simples mais efficaces, et surtout, une mélodie centrale épurée à l’extrême. Pas de trompe-l’œil, pas de gimmicks faciles, juste des chansons vraies, sincères et une communion magique entre des musiciens parlant le même langage. Celui parlé sur « Sweet in the Evening (Lullaby) » est absolument divin, doux, rappelant même la Soul la plus pure des sixties, avec ces couches de voix se superposant comme dans un rêve. On est submergé par la beauté du tableau, et on se fiche bien de savoir qu’on a déjà entendu ça des milliers de fois, puisque l’effet est toujours le même.
Pourtant, le groupe n’a pas choisi la facilité avec deux morceaux seulement sous les quatre minutes. Mais heureusement, la variété apportée par l’expérience et les soudaines montées en pression permettent de tenir le coup sans efforts, et « Witchwood » de proposer un enchaînement parfait. S’il est toujours difficile d’expliquer une musique basée sur le feeling et la perception personnelle, il n’est pas vain de souligner que ce second album des suédois est un modèle du genre qui ne heurtera pas les puristes et qui pourra séduire les néophytes. Ces néophytes et puristes qui se retrouveront autour du groove suintant de « On Through the Night », et du final en bougie de « Mayflower » qui évoque à merveille les voyages vers un ailleurs sur ce bateau. Il était impensable que BACKWOOD SPIRIT ne nous propose pas un épilogue à la hauteur du reste de son histoire, et le Blues, inévitablement, clôt les débats avec pudeur et puissance.
Ces suédois…incroyables. Un si petit pays abritant autant de talents est une chose qui peut sembler difficilement concevable, mais il convient de se faire une raison. Depuis longtemps, la Suède est LE grand pays du Rock, et du reste aussi.
Titres de l’album:
01. Catch Your Fire
02. Rainbow (Full Circle)
03. Celebration
04. Sweet in the Evening (Lullaby)
05. Witchwood
06. Leavin'
07. On Through the Night
08. Something About You
09. Mayflower
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00