Garden of Stillborn Idols

Dyssebeia

17/11/2023

Transcending Obscurity

Pour commencer cette année 2024, j’avais le choix entre la douceur et la joie de vivre, et la violence et l’attente du pire. Evidemment, n’étant pas d’un caractère jovial et enjoué, j’ai opté pour la seconde option. Grand bien m’en a pris, puisque ce choix m’a permis de découvrir un jeune groupe suisse plus que méritant, et s’épanouissant dans un genre exigeant.

DYSSEBEIA n’accuse que trois ans d’existence, mais fait déjà preuve d’une incroyable maturité. Ce quatuor de Genève nous propose ainsi directement son premier longue-durée, immédiatement distribué par la référence Transcending Obscurity. De quoi intriguer ceux connaissant ce label et ses poulains, et aiguiller sur la piste de la qualité. Pas d’erreur possible, ou une marge très restreinte, et sans aucune surprise, Garden of Stillborn Idols s’avère être la première de cette nouvelle année, qui en révèlera sans doute beaucoup d’autres.

Alexandre Sotirov (chant), Merlin Bogado (guitare), Duran Bathija (basse) et Sam Jakubec (batterie) ont donc opté pour la complexité, en pratiquant un Death Metal progressif pointu et largement influencé par les scènes américaine et suédoise. Si le Bandcamp du groupe lâche quelques pistes en citant ETERNAL STORM, BE'LAKOR, MAJESTIES, AT THE GATES, DARK TRANQUILLITY, EUCHARIST, IN MOURNING (à raison pour certain), le quatuor dispose déjà de ses propres armes et développe sa propre vision. Une confrontation permanente entre la brutalité la plus froide, et les mélodies les plus apaisantes. Le principe est d’usage, mais porté ici à des niveaux assez hallucinants. C’est en tout cas ce que j’ai retenu du monstrueux « Sacrificed On The Threshold », qui se situe en convergence d’un Black norvégien intègre et d’un Death suédois alambiqué et généreusement dissonant.

Avec son lot de changements de rythme abrupts, Garden of Stillborn Idols brosse le tableau d’un jardin d’enfants mort-nés attachés à des cordes, qui font office de fruit défendu et d’avertissement pour la suite des évènements. Plus la terre se peuplera, plus elle dépérira, et si la solution est en chacun de nous, personne ne semble prendre la mesure de la catastrophe.

Le gros avantage de cet album à la lisière de l’expérimental, est la concision de ses morceaux. Pas de débordement inutile, pas de tergiversation stérile, et pas d’atermoiement sans fin. Les idées sont nombreuses et bien exploitées, et si le chant révèle vite ses limites dans un style MESHUGGAH modéré, l’instrumental se permet de sinuer entre Post-Rock, Black, Death, Heavy, Ambient, pour mieux tisser une toile épaisse retenant ses victimes à la force des blasts.

Surprenant, fascinant, homogène et pourtant aussi varié que la faune d’un mariage de trentenaire, Garden of Stillborn Idols évite soigneusement les acrobaties faciles et autre exercice équilibriste sans filet. La technique et l’imagination de ces musiciens est justement leur garde-fou, mais aussi l’audace qui leur permet de se distinguer de la masse des nouveautés frappées du sceau Death Metal. Si l’on ne peut s’empêcher parfois de penser sérieusement à des influences comme GOJIRA ou AT THE GATES, la structure globale décalée permet à ce premier album de taper dans le mille, et de déjà s’affirmer comme un concurrent sérieux dans le panorama extrême de cette année 2024 à peine née.

D’une production claire et nette, d’une approche viscérale mais intellectuelle, Garden of Stillborn Idols sort des sentiers (re)battus, et s’épanouit dans une diversité qui n’empêche guère la logique de s’imposer Une logique formalisée par des plans que l’on retrouve à intervalles réguliers, et qui agissent comme des gimmicks violents pour mieux nous happer dans leurs filets. Sans viser le haut du panier des groupes les plus avant-gardistes, DYSSEBEIA tient tout de même à s’attabler avec les idoles progressives de son temps, mais aussi les icones d’hier. Ainsi, quelques traces de SADUS, PESTILENCE peuvent être dénichées avec un nez exercé, bien que ce disque sente la modernité.

Mais une modernité de circonstance, et non une recherche forcée. Les suisses ne prennent pas le contrepied de la vague old-school pour l’amour du geste, mais bien parce que leur inspiration les ancre dans un présent ferme et définitif. Et lorsqu’on se concentre sur la guitare incroyablement versatile et bavarde de Merlin Bogado, on reconnaît là la patte des innovateurs et des maitres des gammes. Son jeu est si complet qu’on en vient à se demander ce que l’homme ne peut pas jouer, avant de comprendre qu’il peut justement tout se permettre. Ses soli, tout à tour jazzy, harmonieux ou Fusion subliment les titres et les sert à merveille sans tomber dans la démonstration.

Et Ô, surprise, la basse de Duran Bathija est elle aussi proéminente, dans un registre Steve DiGiorgio coulé et apaisé.

Avec tous ces éléments en main, vous avez largement de quoi anticiper sans même avoir écouté la moindre note. Dites-vous simplement que DYSSEBEIA se pave une voie royale, et qu’il deviendra à n’en point douter une sacrée référence de demain. De quoi entamer 2024 avec le sourire de ceux qui savent qu’on va leur jouer fourbe, mais qui ont de quoi encaisser.        

      

Titres de l’album:

01. Mors Tua, Vita Mea

02. Retribution

03. Moon Bearer

04. Sacrificed On The Threshold

05. Hatch

06. Black Swarm

07. Funeral Ink

08. Apophenia


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par mortne2001 le 07/03/2024 à 17:01
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