Get in Line

Electric Haze

28/05/2021

Idle North Records

Cinq ans après s’être poliment présentés via un EP en 2016, les suédois d’ELECTRIC HAZE reviennent aujourd’hui à l’international via leur premier album, aux ambitions simples : jouer un Hard-Rock high on energy, et contaminer la planète de leur bonne humeur. Trois ans de travail auront été nécessaires pour élaborer ce répertoire frais, et autant dire que le résultat sonne comme il le devrait : spontané, sans artifices, inspiré des glorieuses seventies et eighties, et aussi énergique qu’un Red Bull ingurgité à peine levé. Rock vodka light, Hard whiskey/coke bu cul sec, Get in Line est tout sauf un rang dans lequel on rentre pour marcher au pas, et sonne plutôt comme une ode à l’hédonisme californien en vogue à la fin des années 80, lorsque le Strip était envahi de créatures fardées venues là pour faire la fête, mais aussi faire admirer leur nouvelle tenue au milieu d’une foule bigarrée.

Anton Ekström (chant), Johan Andersson (batterie), Andre Ekström (basse) et Tommy Töyrä (guitare) nous proposent donc un cocktail chargé, qui enivre évidemment, mais ne laisse pas de gueule de bois. En choisissant l’optique des géants des charts d’il y a trente ans (SLAUGHTER, POISON, TYKETTO, etc…), et en adaptant le tout à la nostalgie actuelle en termes de production béton, les suédois se rapprochent donc des STRUTS anglais tout en gardant leurs origines scandinaves au moment de lâcher des refrains anthémiques à reprendre en cœur. Entre Rock simple stonien et Blues électrifié à la BLACK CROWES, Get in Line résonne parfois comme un cri poussé par l’AEROSMITH des seventies, au sommet de sa gloire, mais déjà au fait de son comeback plus commercial. Alors, de l’évidence, bien sûr, de la morgue adolescente, mais une sacrée collection de riffs, un parfum délicieux en oreilles, et une constatation qui ne prend pas de temps à être tirée : cet album replace l’authenticité au centre des débats, et ne cherche rien d’autre que fédérer un public avide de sensations vraies, de poils qui se dressent sur les bras, et de poings levés.

Un peu Glam sur les bords, mais dans la vision Bolan de la chose, un peu ZEP aussi lorsque le mid tempo ralentit pour se faire plus sexy (« Get In Line », tube imparable qui va exploser en live), aucune arrière-pensée carriériste, avec cette petite touche punky que les musiciens nordiques apprécient tant (« Succuba », que les BACKYARD BABIES auraient pu jouer en version plus rude), ce premier album est de ceux qui s‘imposent sans forcer, en lâchant tube sur tube, mais pas les tubes qu’on calibre pour les radios : ceux qui naissent naturellement dans le ventre des guitares, sans péridurale d’arrangements, et qui sonnent exportés d’une salle de répète au parfum de tabac froid.

Impeccablement produit, avec ses basses girondes et sa batterie tonitruante, ce premier album est aussi sincère qu’il n’est mature. Il est d’ailleurs étrange de constater que ses thèmes sont centrés sur la santé mentale, la dépression, l’isolement et ce sentiment de n’appartenir à aucune tribu, tant la musique se veut exubérante et joyeuse. Le paradoxe est donc plutôt intéressant, mais la musique en elle-même se passe de tout commentaire. Riffs aiguisés façon Page, cowbell festive pour hymne léger (« WOAH! »), l’ambiance est ensoleillée, le groove omniprésent, et les références aux grands aînés faciles à trouver. J’en prends pour exemple le déhanchement diabolique de « All I Ask For » qui évidemment fait les poches de Steven Tyler et Joe Perry, ou encore la délicatesse harmonique de « Cavern of Pain », le morceau le plus introspectif du lot, qui impose la sensibilité et la douleur intérieure au centre des débats.

Les mélodies sont séduisantes, et les performances individuelles notables. Chaque musicien, parfaitement conscient des impératifs sort sa partition la plus élaborée, et s’applique à ne laisse planer aucun détail douteux sur les bandes. Entre un batteur sobre mais percussif en diable qui n’hésite pas à laisser s’envoler le tempo lors d’un hymne Speed qui nous rappelle le Hard américain des mid eighties, mais aussi un VAN HALEN survolté (« Least We Forget »), un chanteur qui s’inspire des gloires d’antan pour s’envoler dans des aigus débordant de feeling, et un guitariste volubile qui synthétise le jeu de bien des maestros de la six-cordes, ELECTRIC HAZE se présente en costume d’époque, le cheveu dans le vent et la moue boudeuse, mais le talent débordant des poches. En mode lourd et sexy, le quatuor détache les chaînes et laisse les groupies pénétrer les backstage (« Clenched Fist »), et si évidemment, tout ceci d’inscrit dans un mouvement old-school très bankable depuis dix ans, il le fait avec une classe folle, et se permet même des mélanges totalement improbables en fin de parcours.

Ainsi, le final « Cryin’ » démarre comme un bourbier Grunge des nineties, avant de calmer le jeu d’une atmosphère confinée et intimiste. Loin d’être de simples faiseurs habiles, les suédois mettent en avant leurs qualités propres, et parviennent à recycler avec panache. On reconnait évidemment les astuces de métissage de LED ZEP, l’attitude plus souple d’AEROSMITH, mais ce sont les grandes lignes qui sont reproduites, et non les formulations les plus personnelles.

De fait, et peaufiné par Anton Ekström qui a endossé son costume de producteur habituel pour donner à son groupe le son dont il avait besoin, Get in Line s’éloigne de la file des plagiaires qui nous noient sous leurs hommages à peine déguisés. ELECTRIC HAZE a donc relevé avec brio le pari du premier album qui laisse des traces, et se pave une voie royale vers le succès critique et public. Bien joué, et un trip passéiste intelligent contrasté de thèmes d’importance, qui touchent tout le monde, et concernent une grosse partie de la population actuelle, subissant une époque sombre et plus que trouble.        

    

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Succuba

02. WOAH!

03. Get In Line

04. All I Ask For

05. Cavern of Pain

06. Lest We Forget

07. Too Close To The Truth

08. Clenched Fist

09. Cryin’


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par mortne2001 le 04/08/2021 à 18:16
85 %    1117
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Derniers commentaires
Arioch91

Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !

04/06/2025, 21:00

Moshimosher

Pas mal, pas mal...

04/06/2025, 20:31

Jus de cadavre

Bon dieu c'était pas encore assez gros ??   

04/06/2025, 14:38

JP

Merci pour cette belle chronique.Voici notre site.https://burningdead-official.com/fr/categories/

04/06/2025, 14:18

Humungus

Ah pis j'avais même pas vu (encore entendu) qu'il y avait une reprise de GOATLORD !!!Ceci confirmant donc cela.

04/06/2025, 07:35

Humungus

Tout ce que j'aime !!! !!! !!!En même temps, venant d'un groupe dont le batteur porte un t-shirt TRISTITIA, ce ne peut-être que bonnard...

04/06/2025, 07:34

Humungus

... ... ...

03/06/2025, 16:23

Nervald

Je n’ai jamais entendu parler de ce split vous savez ou l’écouter ou ce le procurer 

03/06/2025, 13:35

Gargan

Effectivement difficile de rester insensible à ce type de festival, à taille humaine, avec une ambiance conviviale sans tomber dans la cour des miracles et surtout avec une bell prog’. Très content d’avoir découvert Gravekvlt et pris la mandale attendue de (...)

02/06/2025, 23:00

Simony

Cool !J'adore l'ambiance de ce genre de festival.

01/06/2025, 21:07

NecroKosmos

Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.

01/06/2025, 19:36

Benstard

Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.

31/05/2025, 21:53

Simony

Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"

31/05/2025, 09:12

mortne2001

@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....

30/05/2025, 09:39

Salmigondis

C'est toi qui deicide, mec.   

30/05/2025, 06:15

Gargan

Tu presses lecture, retour immédiat 35 ans en arrière ! 

29/05/2025, 22:47

Gargan

Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.

29/05/2025, 22:28

Rodimus

Excellent !!

27/05/2025, 13:11

Ivan Grozny

Cool qu'ils aient signé chez Osmose !

27/05/2025, 12:19

Humungus

J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...

26/05/2025, 07:32