Le monde ne vous effraie plus, mais vous rend perpétuellement morose ? Vous en avez marre de votre boulot ou même de votre prochain ? Vous vous sentez moqué par les informations ? Les nations vous semblent toutes complètement dépassées et irresponsables ? Je crois que j’ai un remède pour vous.
J’ai personnellement découvert ALL OUT WAR en 2015 avec la sortie de l’EP Dying Gods. Imagerie biblique désenchantée, haine et dégoût omniprésent d’un monde qui court à sa propre chute, et surtout une musique lourde et nerveuse, qui vomi sa bile sur tout, tout le monde, tout le temps. En plus de ce background pour le moins sympathique, je constate aussi que le groupe joui d’un statut particulièrement culte dans le milieu Hardcore.
Faisant office de précurseur dans le domaine du Metalcore pur et dur, ALL OUT WAR c’est surtout deux albums cultes sorties coups sur coups en 1997 (Truth In The Age Of Lies) et 1998 (For Those Who Were Crucified) posant les bases d’un style particulièrement vilain, qui ne sera égalé qu’à de très rares occasions. Les cinq New-yorkais peuvent être comparés à HATEBREED, même si, paradoxalement, ces derniers sont plus le pendant NYHC du Metalcore, tandis que ALL OUT WAR fait plus dans le Hardcore négatifs aux mosh parts belliqueuses.
Pour conclure sur la présentation du groupe, sachez que le quintet revient d’assez loin. Séparation de 2004 à 2006, membres quittant le navire, légère baisse de réputation, les années 2000 n’auront pas été très clémentes, malgré une discographie à la qualité incontestablement constante. Pourtant, en 2015, l’espoir renaît pour les fans, qui peuvent se remettre à rêver d’un retour à une efficacité encore plus marquée.
C’est donc chose faite, sept ans après leur dernier LP, voilà que sort Give Us Extinction, cinquième albums des Coreux de New-York, avec en guise de cerise sur le gâteaux, le line-up de For Those Who Were Crucified. Le meilleur est attendu.
Bon, le meilleur n’est pas encore là (difficile d’égaler les chefs d’œuvres de fin 1990), mais en tout cas on s’en rapproche nettement. L’entame du LP se fait sur une piste éponyme en guise d’intro, lourde, lente et inquiétante, comme pour le précédent EP, où les premières paroles scandés avec l’aversion traditionnelle de la voix de Mike Score, ne sont autres que les trois mots du titre de l’album. Autant dire que la joie et la légèreté ne sont pas à l’ordre du jour, surtout quand on connaît la voix caractéristique du frontman.
Passée la première piste, le reste de l’album est un enchaînement de réquisitoires misanthropiques, dans la pure tradition du quintet. Les riffs Thrash très inspirés de SLAYER, et parfois Death à la OBITUARY, côtoient les breaks les plus sales du Hardcore qui ne sont inspirés par personne pour leur part, pattes personnelles de ALL OUT WAR, qui se fait un malin plaisir à les rendre carrément cinglant. Chaque piste contient son lot d’attaque binaire bas du front mais diablement efficace, comme la fin de "Choking On Indifference". Mais les New-Yorkais savent faire preuve d’un poil d’originalité dans le break comme l’avant dernier de "Burn These Enemies" qui crée une ambiance de guerre à chaque coup de grosse caisse. La majeure partie de ces breaks sont précédés de ponts faisant monter la température progressivement, et qui pour la plupart peuvent même se montrer effrayant ("Ingested Vile" à partir de 1'38).
Les musiciens sont tous excellents dans leur domaine, les guitares, saturés à souhait, savent variés leur propos pour desservir totalement l’ambiance pessimiste du groupe, que ce soit dans le riffing Thrash Metal des passages "tchouka tchouka", ou même dans les moments plus lents pour nous asséner de boucles de trois ou quatre notes rendant l’ambiance malsaine. La batterie se passent de mots, votre rythme cardiaque frisant la tachycardie dès l’entame de "Burn These Enemies" parlera de lui même. Véritable mitrailleuse, Jesse Sutherland ne vous laissera tranquille qu’à l’interlude "Carcass Rot". La prod du LP rend donc parfaitement hommage à tous les membres du groupes, si ce n’est la basse qui reste relativement absente tout le long de l’album. Une production un peu plus baveuse aurait peut être rendu les mosh parts encore plus impitoyables.
Mais ce petit défaut est bien vite rattrapé par ce frontman incroyable qu’est Mike Score. Ce dernier possède toujours cette voix haineuse et désabusée depuis 20 ans qui, pour quiconque connaît ALL OUT WAR, est une marque de fabrique, mais pour celui qui découvre le groupe aujourd’hui, risque de passer quelques nuits mouvementés dans les jours qui viennent. Plongé dans le champ lexical de la destruction et de la haine, le prof d’histoire (oui oui) ne souhaite pas faire de détours inutiles, il vomit son aversion du genre humain qui n’est rien d’autre qu’un mouton à ses yeux.
Le LP n’est pas exempt de tout reproche. On peut dire que la reprise du groupe Nausea, "Cybergod" est de loin le morceau le plus anecdotique, voir totalement dispensable. De plus, pour tous les hermétiques à la scène Hardcore, l’album semble n’être qu’un enchaînement de "tchouka tchouka", de breaks, de mosh parts, de ponts, comme cette chronique semble le suggérer. Mais ALL OUT WAR ne cherche pas à être original, il cherche à remuer votre nez dans vos propre déjections, et à asséner le plus de coups dévastateurs dans le même morceaux. Et ça marche ! Au bout de quelques écoutes, l’album laisse paraître une certaine cohérence au fil des morceaux, tâche compliquée pour un style si sauvage et basique.
De retour aux affaires, les Italos-Américains semblent parés à prendre la place de HATEBREED cité plus haut qui patine depuis quelques temps, si ce dernier loupe encore une marche. Give Us Extinction est donc un excellent album de Metal et de Hardcore, à conseiller aux fans des deux styles, mais aussi aux étudiants en histoire qui souhaiteraient prendre une leçon pas comme les autres…
PS : Pas de bandcamp, ni de vidéo officiel. Juste le Soundcloud dispo ci-dessous.
Tracklist :
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36